Sommaire

Pour accéder à la vidéo complète de la journée de Mini-conférences cliquer ici.

La formation à l'accessibilité numérique : une nécessité pour toutes les formations aux métiers du digital

Intervenante : Marion RANVIER (Contentsquare Foundation)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique à la Caisse des Dépôts

Intervenants : Yann GOUPIL (Caisse des Dépôts) et Éric VIGNY (Caisse des Dépôts)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique chez EDF

Intervenante : Caroline GUILLOT (EDF)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Diplôme Universitaire de Référent Accessibilité Numérique

Intervenants : Pierre REYNAUD (Université de la Réunion) et Endjy GUERCHET (Université de Bordeaux)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

À la rencontre des auditeurs d'accessibilité, au sein du Master UX Design de l'école des Gobelins

Intervenantes et Intervenant : Marie PAULON, Louise PRÉVOT, Sandrine FAMOSE et Josselin LE BIHAN

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique à la Mutuelle Générale

Intervenante : Claire DERIBREUX (Mutuelle Générale)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Baromètre de l’accessibilité numérique des bibliothèques de lecture publique : restitution de la 4e édition

Intervenantes : Karine BARDARY (Com'access) et Vanessa VAN ATTEN (Ministère de la Culture)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

L'enseignement de l'accessibilité en Bachelor Universitaire de Technologie Métiers du Multimédia et de l'Internet

Intervenante et Intervenant : Gaëlle CHARPENTIER (MMI Champs-sur-Marne) et Arnaud LEVY (MMI Bordeaux)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Access'lab mobility : un collectif engagé pour la mobilité urbaine inclusive

Intervenants : Charlie GALLE (N-Vibe) et Salim EJNAÏNI (Conférencier)

Démarrer la vidéo à partir de ce chapitre

Transcription des Mini-conférences

Transcription des Mini-conférences

A11Y Paris - 11 mai 2023

La formation à l'accessibilité numérique : une nécessité pour toutes les formations aux métiers du digital

Intervenante : Marion Ranvier (ContentSquare Foundation)

— Merci beaucoup et bonjour à tous. Je suis ravie d'être avec vous aujourd'hui. Je suis Marion Ranvier, directrice de la Contentsquare Foundation, qui a pour mission de promouvoir l'accessibilité numérique pour tous. 

C'est une fondation qui œuvre dans un but philanthropique, qui est porté par la société Contentsquare, leader de l'expérience utilisateur. 

J'ai rejoint les équipes de Contentsquare en 2020 suite à l'acquisition de la start-up, que j'avais créé en lien avec l'accessibilité numérique, mais pour aller plus loin sur ce sujet encore trop méconnu, Jonathan Chirki, notre CEO a décidé de créer cette fondation pour promouvoir ce sujet, et créer des programmes et des projets à destination des personnes en situation de handicap. 

Aujourd'hui je vais vous parler de la formation, sujet qui nous tient à cœur chez Contentsquare. Je vais quand même faire un petit laïus sur l'accessibilité, même si je pense que si vous êtes là aujourd'hui, c'est que vous êtes quand même susceptibles de le connaître. 

Mais il est quand même important de rappeler qu'aujourd'hui plus d'un milliard de personnes dans le monde sont en situation de handicap, 15 % de la population. 

Cette situation de handicap, ou ces différents handicaps qui peuvent être permanents ou situationnels, empêchent la capacité à lire le contenu en ligne. 

A contrario, paradoxalement, encore 70 % du Web n'est pas accessible aux personnes qui souffrent de déficience cognitive, visuelle ou physique. 

Pourquoi l'accessibilité chez Contentsquare ? Au global, plus qu'une notion de conformité, pour nous c'est vraiment un droit humain fondamental, qu'il faut remettre au cœur du discours sur l'accessibilité. 

Nous voulons vraiment imaginer un monde où chacun peut se connecter à toutes les device à tout moment, et avoir l'habilité à consommer le contenu en ligne. 

Notre mission, c'est de promouvoir ce sujet. Nos champs d'action aujourd'hui passent par 3 piliers. 

Il y a une notion d'innovation technique, on est une boîte tech donc nous voulons ramener cette notion au sein de la philanthropie. Nous apportons une solution qui s'appelait Readapt, je vous montrerai une vidéo. Des notions de sensibilisation et de formation. C'est le cœur de notre sujet. 

Et nous avons un axe de collaboration étroite avec la recherche, nous avons un partenariat avec l'institut de la vision. Ce qui est intéressant grâce à Contentsquare, nous collectons énormément de data sur le site de nos clients, et ce partenariat avec l'institut de la recherche a pour mission de mieux comprendre le comportement des utilisateurs qui naviguent avec un besoin d'accessibilité. 

Aujourd'hui, le sujet de l'accessibilité manque cruellement de donnée. j’ai cité 70 % du Web, ce sont des données qui datent peut-être de 2014. Il y a une mauvaise compréhension de d'utilisateurs ayant besoin d'accessibilité : qu'a-t-il fait ? et quels sont ses besoins en ligne ?

Grâce à ce partenariat, il y a besoin de mettre en exergue des patterns par exemple : qui highlights le texte ? pourquoi ? Une question de contraste ? un copier coller ? 

Nous travaillons sur ces questions. 

J'en parlerai ultérieurement, ce n'est pas aujourd'hui le sujet de cette mini conférence. 

C'est un partenariat de recherche très long terme sur 3 ans, qui a débuté il y a 6 mois. 

Notre focus aujourd'hui, c'est la formation. L'une des premières approches, de premiers constats que nous vous faisons, qui pourrait remédier à cette exclusion numérique, c'est la formation des générations futures. 

On s’est rendu compte, les experts accessibilités avec qui je discute, qu'il y avait une absence de formation ou de cours accessibilité dans les formations aux métiers du digital. 

Ce qui semble totalement contradictoire, quand on voit déjà les recommandations du conseil national, qui dit qu'il faut diffuser une culture de l'accessibilité numérique auprès des professionnels par des actions de communication et de sensibilisation. Là, ce sont des professionnels du secteur.

Et puis une notion d'amélioration de la formation initiale et continue des professionnels du numérique, et ensuite, structurer la filière des métiers à l'accessibilité numérique. 

Pourquoi c'est important ? Au final, aujourd'hui, les lois se durcissent aussi bien pour le secteur privé que le secteur public, donc les entreprises commencent enfin à amorcer leur transformation à l'accessibilité numérique. 

Pour cela il faut avoir des talents qui sont formés, et qui sont capables de les accompagner. 

C'est le premier point : pourquoi c'est important d'avoir des talents formés à la sortie de l'école ? 

2e point : en France, la France s'est fixée d'atteindre 40 000 experts du numérique d'ici 2023. 

C'est génial, magnifique opportunité pour ajouter la compétence de l'accessibilité, ce qui n'est aujourd'hui pas inclus dans la loi et dans le dispositif, en tout cas dans l'annonce du président qui a été fait lors du conseil du handicap le 26 avril dernier. 

Je pense qu'il y a une notion impérative de citoyenneté, cette notion de former les générations futures à l'accessibilité numérique. Cela leur permet de mieux comprendre les différents handicaps, et aussi de devenir des managers plutôt inclusifs, tournés vers l'autre, de connaître les lois à travers le monde, et potentiellement ce sont des gens qui auront demain des postes à responsabilité, ce qui peut leur permettre de prioriser l'accessibilité. 

Le sujet de l'accessibilité, il est souvent dépriorisé. Avoir de futurs managers ou leaders de demain permettraient de garder ce niveau de priorisation de l'accessibilité, avec des budgets associés. 

Ici, j'aimerais vous citer un retour de SNCF connect, client de Contentsquare avec qui nous avons eu des discussions sur le sujet de la formation. 

Chez la SNCF ils portent cette mission d'innover pour rendre les mobilités durables accessibles à tous, ils sont très engagés sur le sujet de l'accessibilité numérique depuis 2015, et c'est un engagement fort qu'ils mettent en œuvre, ils forment aussi en interne leurs salariés, via des systèmes de sensibilisation ou de formation, ils ont des testeurs qui les accompagnent, ils ont aujourd'hui un niveau de conformité de 70 %. 

Là où je veux en venir avec cette citation, c'est qu'ils sont convaincus, ils partagent notre conviction qu'il faut former et mieux former en amont les étudiants, au sujet de l'accessibilité numérique. 

Aujourd'hui il y a un réel turnover dans toutes les entreprises, et c'est une perte de temps, finalement, de - sensibiliser n'est jamais une perte de temps - mais reformer, cela prend du temps, à cette notion d'accessibilité. 

Donc si on arrivait à former en amont des experts, ou en tout cas de sensibiliser des talents on aurait quand même des gens qui arrivent en poste avec un niveau de connaissance suffisant pour travailler sur l'accessibilité et aussi pour maintenir le niveau d'accessibilité. 

Lors de mon échange avec Ingrid, SNCH Connect, elle me disait que maintenir le niveau des 70 %, c'est très dur, parce que le temps qu'ils forment de nouveaux collaborateurs, ils peuvent très bien perdre des points sur le niveau d'accessibilité. 

Il y a des engagements à tenir, de gagner toujours plus, mais il faut quand même avoir en tête que l'on peut perdre des points d'accessibilité si on ne peut pas maintenir ce niveau. 

C'est là où je veux en venir sur la question cruciale de former les générations futures à l’accessibilité numérique pour tous. 

C'est bien de prendre la parole sur ce sujet, à titre d'information, nous venons d’écrire une tribune avec Jonathan Cherki, pour sensibiliser aux enjeux, et notamment sensibiliser les institutions, ministère de l'éducation, de travail, de l'enseignement supérieur et du numérique, parce que finalement, il faut que cela vienne de toutes parts. 

Les organismes de formation sont enclins à ajouter des cours accessibilité numériques, mais il faut qu'ils soient aussi accompagnés, donc c'est important de sensibiliser des ministères à ce sujet. 

Pour ce faire nous avons co-écrit une tribune qui va être diffusée dans le Monde, prochainement, nous surfons aussi sur la Global Accessibility Awarda Day (GAAD). N'hésitez pas à relayer cette tribune, nous avons besoin de voix pour relayer ce message. 

Je voulais dire que c'est bien de prendre la parole, et de vouloir bouger les lignes, mais il faut aussi avoir des propositions derrière concrètes. 

Au sein de la Contentsquare Foundation, nous avons voulu créer un pack étudiant gratuit, pour tous les organismes de formation, et donc ce pack contient :

  • Une masterclass de 45 minutes, qui est soit animée par moi-même, experte accessibilité de chez Contentsquare, qui peut être fait dans les écoles en présentiel ou en distanciel, parce que c'est du contenu en ligne sur notre plate-forme e-learning
  • Un workshop plutôt dédié au design inclusif, plutôt pour les métiers du UX Designer.
  • Un cours qui reprend les bases, ça donne lieu à un training et à une certification, où l'on engage des étudiants à poster dans certains cas sur les réseaux sociaux, nous travaillons avec LinkedIn pour avoir un badge montrant que ce sont des compétences qui sont aussi recherchées par les entreprises. C'est important de valoriser cela.
  • Nous mettons à disposition notre outils Readapt, il y a des étudiants qui ont besoin d'accessibilité et d'adaptabilité.

Readapt, c'est un outil d'aide à la lecture qui permet de personnaliser le confort de lecture, et qui est disponible ensuite sur Chrome, et vous pouvez ensuite adapter tous les sites Internet en fonction de votre profil de lecture, il est aussi disponible sur Safari et Microsoft. 

Pour finir, dernier slide : pourquoi on devrait embarquer les organismes de formation avec nous ? Voir un petit peu les bénéfices. 

Déjà, il y a un bénéfice majeur, dans le cadre de notre mission philanthropique, cette formation et sensibilisation à l'accessibilité est gratuite. 

C'est un premier pas, il va bien sûr falloir travailler sur des formations beaucoup plus long terme et technique, c'est un premier pas sur la sensibilisation. 

Cela contribue à l'image de marque, surtout aujourd'hui, les étudiants, j'échange pas mal avec eux, ils sont très sensibles aux sujets à impact, que ce soit l'accessibilité et la soutenabilité, ce qui permet de créer un code d'éthique propre, et donc de plus en plus, ils s’autoforment. Ce serait bien que les organismes leur proposent des sujets pour se former. 

Cela permet aux écoles d'attirer de nouveaux talents. Cette formation est totalement gratuite, et encore une fois, c'est une sensibilisation, une première étape, pour des écoles typiquement techniques, et des écoles de dev derrière. 

Il faut travailler un cursus, des cours de formation beaucoup plus technique. Mais nous essayons d'apporter une première brique à cette notion d'accessibilité et de sensibilisation, et aussi de fédérer les acteurs aussi bien du secteur public, que du privé. 

Merci d'être là aujourd'hui, et d'être venu assister à ma conférence. 

Je voudrais juste vous montrer une vidéo de Readapt, pour que vous sachiez des produits technologiques que nous mettons en place ; Readapt, c'est un outil qui est gratuit et open source. Toujours dans le cadre de notre mission philanthropique. Nous souhaitons fédérer, créer une communauté autour de l'accessibilité. 

Ce que je vous propose, après cette courte vidéo, c'est de laisser un temps d'échange pour échanger tous ensemble sur les enjeux de la formation à l'accessibilité numérique. 

(Vidéo) 

— Merci. Et désolé pour la vidéo en anglais. Nous sommes un groupe international, nous n'avons pas la traduction. Donc je voulais vous présenter du coup notre produit innovant qui est Readapt. Je serais ravie de répondre à vos questions sur la notion de formation à l'accessibilité numérique. Je ne sais pas si… 

— Ce que je vous propose, c’est de lever la main lorsque vous souhaitez intervenir. Et d’attendre que le micro vous parvienne pour poser votre question. 

Questions de la salle

— Bonjour, Alexis charpentier je suis développeur et enseignant. Vous avez parlé de cette première formation qui est une première brique comme vous l’avez dit. Est-ce que Contentsquare à l'objectif de réaliser d'autres formations beaucoup plus techniques qui vont en profondeur sur comment rendre les sites accessibles pour les développeurs ? 

— C'est une bonne question. Oui, nous avons l'ambition d'élargir la gamme de services, aujourd'hui on s'est focalisé sur la sensibilisation. Ensuite on veut travailler avec des acteurs et des experts du numérique pour proposer par exemple, on a une sensibilisation à l'UX Design et travailler avec des formations plus techniques. On ne souhaite pas devenir organisme de formation. 

Ce n'est pas de se mettre à dos des acteurs qui travaillent sur ce sujet. C'est pour cela que nous avons pris parti juste avoir cette notion de sensibilisation cette notion de compréhension des lois qui évoluent aussi en permanence. La notion des différents handicaps et après on rentre dans le détail. 

On montre que l’accessibilité a beaucoup d'opportunités liées au business, et on l'oublie souvent. On essaie de couvrir tout ce champ-là. L'idée c'est d'alimenter et d'ajouter des briques mais encore une fois, on ne souhaite pas devenir un organisme de formation à part entière. Merci. 

— Bonjour, Je m'appelle Hélène P je suis chargé de mission handicap à l'université Paris-Saclay et en particulier sur les questions numériques. Et je suis prof d’informatique dans un IUT.

Je voulais… Je trouve ça bien, tout le monde s'empare de la question de la formation à l'accessibilité numérique, vous avez signalé qu'il n'y en avait pas assez. C'est vrai ! Je voudrais dire qu'il y en a quand même un peu. Et je pense que c'est important de le dire, notamment dans les formations but ancien IUT, Bachelor universitaire de technologie, ancien diplôme accessibilité, apparaît dans tous les programmes. Ce sont des programmes nationaux, que chaque IUT, il y a ce quand même 50 départements informatiques en France plus des départements qui s'appellent M M I, tous ces départements forment les jeunes au numérique inclusifs et y compris à la programmation. Donc il y en a qui sortent avec cela. 

— Je suis d'accord et merci pour votre retour typiquement c'est un très bon témoignage. L'idée est de dire… Il manque encore beaucoup de choses, il y a cette notion de formation mais pas que des équipes techniques. Finalement l'accessibilité numérique c'est un sujet transverse et qui doit être pris par tous les départements d'une entreprise. Il faut former les écoles de commerce, peut-être qu'on a des cadres, des managers. Pour qu’ils priorisent accessibilité numérique, il faut déjà qu’ils en aient entendu parler. Mais je suis d'accord avec vous il y a de très belles initiatives. 

— Bonjour Vincent François, formateur d'accessibilité depuis quelques années maintenant. Je n'ai pas très bien compris, comment vous vouliez prévoyez que les organismes qui font déjà des formations depuis longtemps, qui ont des formations sur différents métiers, de la chaîne de production de l'accessibilité au-delà de la sensibilisation qui est essentielle qui sont déjà sur le terrain avec des entreprises qui produisent des contenus et met à jour. Toute cette problématique est connue du marché. Avec toutes les faiblesses d'acquisition par l'ensemble des entreprises de toutes ces règles-là. Comment votre arrivée sur cette question s'articule avec ce qui existe déjà ? 

— Finalement que vous l'avez dit, votre mission aujourd'hui c'est beaucoup plus de former les entreprises à l'accessibilité numérique. Moi j'aimerais qu'on arrive à créer tout un écosystème de partenaires qui acceptent de former des étudiants. La prise de parole et sur les générations futures, des étudiants qui sont encore à l'école, et dont les formations que vous formez aujourd'hui, auront besoin de recruter des talents qui pourront mettre en place ce pourquoi en tout cas… Là où vous les avez formés. Je ne sais pas comment on peut encore créer cet écosystème parce qu’encore une fois je suis dans cette notion philanthropique, programme, gratuit, pour tous. J'aimerais arriver à créer un écosystème de partenaires qui œuvrent et qui font déjà très bien le travail. 

Ce n'est pas cette idée d'aller prendre le travail de quelqu'un d'autre et de devenir organisme de formation. C'est vraiment focus est centré sur les futures générations, former les nouveaux talents parce que on se rend compte qu'il y a une pénurie de nouveaux talents sur les marchés. Et les entreprises souhaitent amorcer l'accessibilité numérique. Vos clients sont dans cette démarche. Pour maintenir ce niveau ils ont vraiment besoin de talent. Il y a un manque c'est là où on a essayé de combler ce manque par cette notion de sensibilisation. Qui n’est encore qu’un premier palier à l'accessibilité numérique. 

— Merci. Je travaille avec Vincent. Ce n'est pas vraiment une question. C'est juste un constat. On fait des formations depuis 2014. C'est en train de progresser. Je rejoins un peu ce que Madame a dit tout à l'heure. C'est vraiment quelque chose que l'on fait au quotidien. Il y a de plus en plus de personnes qui cherchent à être formées. On a l'impression que l'accessibilité numérique c'est quelque chose qui s'adresse aux développeurs mais on se rend compte que non. Quand il est chef de projet ont besoin d'être formé on ne fait des formations pour cela, des formations pour les designers, pour les contributeurs, il faut partir de toute la chaîne. 

Moi particulièrement ce qui m'intéresse, c'est que vous parliez des futures générations, je pense qu'il n'y a pas qu'au niveau des universités. J'ai été professeur des écoles. Il y a un enseignement dédié à tout ce qui est numérique, et je pense que c'est aux enfants que l'on devrait les intéresser à l'accessibilité numérique. Dès qu'ils sont tous petits. C'est quand on est tout petit, qu'on intègre les bonnes pratiques. Par exemple piano on apprend mieux à le faire quand on est enfant. C'était une proposition. Mais je pense que ce serait intéressant de travailler avec différents niveaux de la société pas juste avec les adultes mais avec les enfants, avec tout le monde. 

— Je suis assez d'accord. Il y a un arbitrage était notion d'étape par étape aujourd'hui, on a une petite équipe au sein de la fondation. Et je trouve ça chouette de prendre la parole avec vous aujourd'hui cela fait connaître les actions et le message. Cette notion de construction de l'écosystème peut fonctionner que si on est plusieurs et tous ensemble pour aller dans la même voix. Je suis totalement d'accord de co-construire un futur accessible ensemble. 

— Il y a-t-il une autre question ? 

Non… 

— Je ne crois pas. 

— On a vraiment bien tenu le timing. Je vous remercie votre présentation étais clair et rapide aussi. Merci aussi pour les quelques questions intervention que vous avez eu. Ce que je vous propose effectivement, c'est de passer à la 2e mini conférence. Si vous souhaitez au cours de la journée, poser une question à Marion, elle est disponible, une partie de la journée. Vous pouvez la rencontrer sur le site. N'hésitez pas. Et je vous remercie encore. 

— Merci à tous. J'ai été ravie. Bonne journée. (Applaudissements). 

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique à la Caisse des Dépôts

Intervenants : Yann Goupil et Éric Vigny (Caisse des Dépôts)

— Merci bonjour à tous et à toutes. On est très content de participer à A11y Paris et notamment de voir qu'il y aura… Je peux parler plus fort oui (Rires). On est très heureux d'être là est très heureux de voir que on est plusieurs organisations à faire des retours d'expérience sur la mise en place de démarche accessibilité numérique pérenne. Il y aura EDF après nous en débuts d'après-midi, et en fin d'après-midi la Mutuelle Générale. On est très heureux de voir cela. 

On va vous présenter avec Éric nos activité ce que l'on fait à la Caisse des dépôts. La Caisse des dépôts en 2 mots je ne vais pas m'étendre trop sur le sujet il faudrait une bonne journée pour expliquer tout ce qu’on fait. Nos premiers pôles financiers au service des Français. Cela comprend un établissement public, dont fait partie avec Éric. Il y a 4 métiers principaux, 

  • la banque des territoires,
  • la direction des politiques sociales,
  • la gestion des participations stratégiques
  • et la gestion des actifs.

C'est notre terrain de jeu à nous. On fait partie de l'établissement public. Il y a plusieurs filiales. Les partenaires stratégiques comme le groupe La Poste, on est en tout 250 000 collaborateurs. Au niveau de l'établissement public en à peu près 7000 personnes. 

Donc que les missions du pôle, qui sommes-nous ? Je me présente je suis Yann Goupil, le référent accessibilité numérique de l'établissement public. Je suis rattaché au DSI adjoint. DSi de la Caisse des Dépôts. 

Avec moi, Éric Vigny qui est chargé de la collaboration je te laisserai tout à l'heure parler de ce que tu fais au sein du pôle. 

3e personne qui n'est pas là aujourd'hui, elle est en congé, qui s ‘appelle Délia Garbarini et qui est la référence accessibilité de notre filiale informatique Caisse des dépôts. Vous avez, en gros, les 3 personnes du pôle accessibilité donc les 3 personnes qui travaillent à plein temps sur le sujet au sein de la Caisse. 

Les missions du référent accessibilité, tel que nous l'avons défini, reposent sur 3 piliers essentiels. 

Le premier, c'est l'acculturation des équipes. On apporte un appui méthodologique et opérationnel pour prendre en compte l'accessibilité, les former, leur mettre des supports de formation et de sensibilisation mais également, des formations en tant que telles. Le but, c'est vraiment ancrer l'accessibilité dans les démarches de nos collaborateurs, notamment les personnes qui vont œuvrer au quotidien dans la création des services numériques. 

Le 2e pilier, c'est le respect du droit des personnes et de nos obligations légales, puisque nous avons des obligations légales en tant qu'établissement public, et nous pilotons toute la mise en conformité de nos sites vis-à-vis du RGAA. 

3e pilier très important, qui devrait même être le premier, mais je vais faire la transition avec Éric, qui a ses activités notamment, c'est le traitement des retours utilisateurs, que ce soient les clients, les utilisateurs de services qui sont fabriqués par la Caisse des Dépôts et utilisés à l'extérieur, et nos collaborateurs en interne, puisque nous travaillons beaucoup avec nos collaborateurs. 

Je vais laisser Éric décrire ses activités. 

— Merci Yann. Bonjour à toutes et tous, heureux de vous voir aussi nombreux. 

Je suis Eric Vigny, je travaille au pôle accessibilité numérique depuis peu, Yann depuis 2 ans a œuvré, moi je l'ai rattrapé, grâce à sa volonté de vouloir intégrer des personnes en situation de handicap, parce que je suis moi-même reconnu travailleur handicapé. 

Et il a voulu, et je le remercie, ainsi que la caisse des dépôts, il a voulu intégrer une personne handicapée pour mieux comprendre et faire expliquer toutes les situations qu'une personne en situation de handicap peut retrouver dans sa journée, son quotidien, dans son environnement de travail. 

C'est très très important. Moi, je suis en relation aussi bien avec la Mission Handicap, pour mieux guider et intégrer les personnes handicapées, ainsi que les personnes travaillant sur nos applicatifs, essayer de leur apporter des solutions, évidemment l'accessibilité n'est pas toujours au rendez-vous, comme vous le savez, nous sommes là pour œuvrer au quotidien à leur trouver des solutions, et même des système D quand il le faut, pour qu'ils puissent travailler dans les meilleures conditions possibles. 

— Nous ne sommes pas isolés au sein de la DSI. C'est important de le noter. Nous travaillons avec la Mission Handicap du groupe, qui a la casquette RH, et on se complète très bien. Parce que les personnes travaillant aux RH n'ont pas forcément les compétences en matière de numérique et d'accessibilité numérique. Donc, il y a vraiment une liaison avec la Mission Handicap, très bénéfique pour la prise en compte de l'accessibilité, et les utilisateurs finaux. 

C'est un premier point dans notre démarche, quand je suis arrivé, pour monter cette démarche, cela me paraissait important de rencontrer la Mission Handicap déjà pour se présenter, et de voir comment on pouvait avoir des adhérences et collaborer ensemble pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap. La Mission Handicap ne gère que les collaborateurs en interne. 

— Évidemment, tout cela se fait en toute confidentialité. Il faut également noter que nous avons une communauté, qui est accessible à tout le monde, tout agent de la Caisse des dépôts, qui peut s'inscrire et s'intéresser à ce que l'on fait. Nous donnons des bonnes pratiques, nous apportons énormément d'informations, qui peuvent aider aussi bien les développeurs MOA et MOE, et aussi bien une personne qui veut accueillir dans son fleuron des personnes en situation de handicap. Nous essayons d'aider des managers, de leur donner des réponses s'ils ont des questions, afin que toutes les personnes soient bien intégrées au sein de la Caisse des dépôts. 

— Voilà nos principales missions. Je vais revenir sur le contexte de la Caisse des dépôts, pourquoi l'on s'engage sur le sujet du handicap. Cela fait déjà parti de l'ADN de la Caisse des dépôts d'agir pour l'intérêt général, et donc pour l'intérêt particulier le respect des droits des personnes en situation de handicap. Il y a un département handicap au sein de la Caisse des dépôts, il y a des représentants dans la salle, qui a été créé en 2021, ce département handicap, il gère toutes les équipes qui travaillent sur Mon Parcours Handicap, dont je vais parler juste après. 

Elles gèrent aussi des équipes du FIPHFP, le fonds d'insertion pour les personnes en situation de handicap dans la fonction publique. C'est aussi à la Caisse des dépôts. Et donc, la nomination d'un référent qui a eu lieu à la fin 2020, pour mettre en place cette politique d'accessibilité numérique, et qu'elle soit pérenne dans le temps. 

Il faut savoir que le poste de référent, il est inscrit dans les textes de loi. Vous pourrez retrouver, notamment dans le corpus de documents autour du RGAA, ce point, qui concerne les référents, notamment dans les schémas pluriannuels, on doit indiquer la position fonctionnelle et les missions du référent accessibilité numérique de l'entité. 

Cela peut être soit une personne physique, soit un ensemble de personnes dans un service, mais il doit vraiment y avoir cette position fonctionnelle, cette fonction au sein de toute organisation, pour prendre le sujet de l'accessibilité à bras le corps. 

Là, c'est intéressant, c'était une fiche de poste du référent accessibilité numérique qui avait été édité par l'observatoire des métiers du numérique de l'ingénierie du conseil et de l'événement, qui retrace toutes les missions activités principales que l'on demande au référent accessibilité numérique. À savoir bien sûr, 

  • initier et déployer une démarche pérenne d'accessibilité,
  • monitorer l'accessibilité, pour manager l'accessibilité au quotidien,
  • contrôler l'accessibilité,
  • superviser l'atteinte des objectifs,
  • organiser la sensibilisation des équipes et l'outillage des équipes pour assurer leur montée en compétences.
  • faire de la veille pour adapter éventuellement la politique d'accessibilité, tout au long des mises à jour législatives ou des textes réglementaires.
  • activités complémentaires comme on peut le faire aujourd'hui, notamment en présentant d'autres entités, pour promouvoir les actions menées à l'extérieur.

C'est assez complet, comme fiche. Cela retrace bien les activités demandées à un référent. 

Au sein de la Caisse des dépôts, il y a eu un événement fondateur de la prise en compte de l'accessibilité numérique, c'est la création d'une plate-forme qui s'appelle « monparcours handicap.gouv.fr », qui est fabriqué en partenariat avec la caisse nationale de solidarité à l'autonomie, la Caisse des dépôts, qui sont opérateurs de cette plate-forme gouvernementale.

Il y a des représentants de cette plate-forme qui sont notamment au corner, il y a un espace des partenaires de cet événement aujourd'hui, vous pourrez éventuellement les rencontrer. J'ai des petites plaquettes. 

À savoir que la mise en place de cette plate-forme, qui est le site de l'information officielle des personnes en situation de handicap et de leurs aidants, est pleinement accessible. On est à 100 % de taux de conformité RGAA. En plus, comme cette plate-forme s'adresse au public lié au handicap, on a même été au-delà des obligations légales parce que nous avons pris en compte des critères dits « triples A », des normes internationales. 

Cela a été un événement fondateur, quelque chose qui a dynamisé les équipes à la Caisse des dépôts, et qui a vraiment œuvré pour la création de cette fonction de référent. C'est une plate-forme qui a pris en compte des besoins utilisateurs, les besoins des personnes en situation de handicap, qui ont été intégrés tout au long de la création de cette plate-forme. 

La plate-forme est sortie depuis 2 ans, elle vit, et cette mise à jour de contenu, et toutes les briques notamment informationnels qui viennent s'agréger à cette plate-forme, sont testées avec des utilisateurs, discutés avec eux, on voit que ces contenus qui sont vraiment développés pour cette plate-forme spécifiquement, répondent à leurs besoins. 

— C'est comme cela que j'ai connu Yann (Rires). 

— Donc, les premières actions du référent. Parce que ce n'est pas le tout d'ouvrir une fonction de référent, de nommer quelqu'un, il y a une phase d'état des lieux, parce que l'on partait d'une feuille blanche, comme dans beaucoup d'entités, où le sujet n'était pas adressé. 

En général, le sujet de l'accessibilité numérique n'est quasiment pas connu des équipes, que ce soit les équipes métiers, les équipes techniques, les maîtrises d'ouvrage. On sait qu'il y a des obligations qui existent, mais on ne sait pas vraiment lesquels, on ne sait pas vraiment quel est le périmètre de tout cela. 

On faisait quelques audits d'accessibilité sur nos plates-formes, en général cela venait plutôt de la technique, de notre filiale informatique qui en général en fin de projet, proposait un audit d'accessibilité, parce que certaines personnes avaient l’idée qu'il y avait des obligations, donc il fallait faire un audit. Les métiers, les donneurs d'ordres en face, acceptaient pas forcément, n'en voyaient pas forcément l'intérêt de voilà quand il y avait un audit, d'ailleurs, il n'y avait pas vraiment d'action. Donc cela ne servait pas à grand-chose. 

Ce qu’il est intéressant de noter, c'est qu'une fois que les personnes sont sensibilisées au sujet, qu'on leur explique les tenants et aboutissants, ils sont vraiment volontaires et comprennent bien, ils sont prêts à monter en compétence. Nous sommes un établissement public, soumis aux marchés publics, à mon arrivée, il n'y avait rien pour appuyer les commandes de prestations en matière d'accessibilité numérique. J'ai dû engager 2 marchés publics, l'un de formation, et un autre d'accompagnement, pour les audits, pour les recettes et la partie conseil. Cela a été fait au cours de l'année 2021. 

Je suis arrivé en fin d'année 2020, il y avait des échéances légales, parce que pour tous services numériques, on avait vraiment des devoirs et obligations d'affichage de déclaration, de taux de conformité, de mentions légales. Cela a été l'un de mes premiers chantiers pour mettre d'équerre tout cela au niveau de la Caisse des Dépôts, d'afficher toutes ces mentions, et de commencer à faire des audits, notamment sur les plates-formes qui n'avaient jamais été auditées. 

Ensuite, il y avait d'autres acteurs comme certaines personnes du service juridique de certaines directions, qui remontaient des défauts de conformité RGAA, qui avaient vu qu'il y avait des problèmes de conformité, qui n'étaient pas forcément, même pas du tout compétent en la matière pour aider les équipes au quotidien. Il y avait beaucoup à faire. 

Si un jour vous êtes nommés référent ou référente d'une organisation, il y a vraiment un périmètre, une étendue de travail à mener. On pourra en discuter après. Pour moi, c'est un travail à plein temps, cela ne veut pas se faire en dilettante parmi X activités, surtout dans des organisations pleines de directions et d'équipe projet, de projet numérique, c'est clairement un travail à plein temps. 

Dans notre démarche, ce que l'on signale, toutes les sensibilisations on les commence comme ça : on ne fait pas de la conformité pour faire de la conformité. Nous travaillons pour des personnes, pour nos collaborateurs, pour nos clients, nos usagers, notamment quand on travaille pour le compte de l'État, et l'on doit vraiment mettre les personnes handicapées au centre de la démarche. 

On rappelle une personne handicapée c'est une personne qui va être empêcher de participer pleinement à la vie en société. C'est pareil, les personnes qui ne sont pas sensibilisées, en tout cas n'ont pas forcément cette vision de la participation, pleine et entière à la vie en société, le fait de travailler, de se loger, de prendre les transports, 

— On oublie facilement que le handicap commence dès le réveil. 

— Cette définition du handicap tel qu'il est donné par la loi, on insiste vraiment dessus puisque, ce n'est pas la déficience qui va créer le handicap, c'est l'environnement qui n'est pas adapté et accessible dans lequel évolue cette personne, qui va lui mettre des barrières justement pour participer pleinement à sa vie en société. 

On insiste très lourdement là-dessus mais également le fait que c'est à la société de créer cet environnement accessible et adapté. Et donc nous au niveau de la Caisse des dépôts c'est à la Caisse des dépôts de créer cet environnement dans les services numériques qu'elle va développer ou mettre à disposition les personnes. 

C'est un droit fondamental ce n'est pas une question de bonus ou de sur-couche qui arrive comme ça en variable d'ajustement dans les projets, c'est quelque chose de fondamental qui doit être pris en considération dès le départ dans un sujet. 

Donc en 2021, quand je suis arrivé je vous ai dit que j'ai fait un petit état des lieux. Les premières actions c'est la rédaction du schéma pluriannuel du référent. Ça, c'est le livrable du référent dans une organisation. C'est un document c'est un livrable qui décrit toute la politique d'accessibilité tous les moyens et toutes les ressources et qui sont déclinés en plan d'action pluriannuelle comme ça. Si, vous avez sur un site il n'y a pas de schéma pluriannuel ou qu'il est souvent, un document assez générique où il n’y a pas grand-chose qui y est écrit, il y a de fortes chances qu'il n'y ait pas de référent qui est engagé dans l'organisation. 

Les premiers travaux, la mise en conformité de l'existant notamment avec l'affichage des déclarations systématiques. Des commandes d'audit. Les marchés d'accompagnement. L'accompagnement opérationnel de première équipe pilote. là, en première année, on avait la démarche d'aller voir des équipes un peu mettre de mettre les pieds dans la porte des équipes projet pour les sensibiliser pour commencer à travailler avec eux. Notamment sur des gros projets phares. 

On va voir après qu’aujourd'hui ce sont les équipes qui viennent à nous. Nous avons mis en place une procédure que ce sont plutôt les équipes qui viennent à nous que l'inverse. Et avec la mission handicap qui pour moi me semble essentielle dans ce type d'organisation. 

À partir de 2022, nous avons industrialisé effectivement cette démarche avec cette idée que vraiment, toutes les personnes qui manipulent du numérique chez nous qui travaillent dans le numérique, doivent se former, si elle construit des services numériques, elles doivent concevoir de manière accessible dès le départ, dès la conception de service. 

Les développeurs développent de manière accessible. On passe par des phases de recettes et de tests le plus souvent possible pour vérifier que les travaux développés soient bien accessibles. En général, ce n'est pas le tout de construire quelque chose accessible, de créer des coquilles accessibles, il y a toute la production de contenus, et là c'est très compliqué parcqu’il y a beaucoup d'intervenants, et c'est ça, c'est ça un gros challenge de la politique d'accessibilité : c'est de former tous les contributeurs. 

— Yann ce que tu pourrais nous dire pour les contributeurs externes, les outils externes que l'on peut utiliser. 

— Ça,… J'en parle tout à l'heure. Ce n'est pas forcément la partie contribution c'est la partie, le fait, d'acheter des services qui ne sont pas développés chez nous, on n'en parlera tout à l'heure sur la contractualisation. 

Les premières actions c'était de créer dans notre intranet ce que l'on appelle une communauté. Cela fonctionne beaucoup comme ça par des communautés sur différents sujets ou différents métiers. Donc nous avons créé cette communauté accessibilité numérique sur notre intranet. Cela permet de trouver un certain nombre de ressources, de sensibiliser les collaborateurs à l'utilisation du numérique. Tous les collaborateurs ont accès à cette communauté, ce n'est pas quelque chose qu'il faut faire sur inscription. On peut trouver plein de ressources pour rentrer dans l'accessibilité avant d'être formé. De lire un certain nombre de ressources qui sont facilement compréhensibles par tout un chacun. 

— On y trouve beaucoup de logiciels open source. 

— On trouve également des informations pour tester l'accessibilité, une fois que l'on a compris ce que l'on devait tester, ce que l'on voulait vérifier. Il y a vraiment des documents de base qui permette de se sensibiliser. Ensuite une des premières choses que l'on dit aux personnes, c'est de se former. J’en parlais tout à l'heure on a passé un marché de formation avec un organisme spécialisé accessibilité, avec Urbilog, il y a des membres dans la salle. 

Et donc c'est très bien, on a pu mettre dans notre catalogue de formation, 3 formations qui sont là tout le temps, et donc 3 modules. En premier, on va découper ces formations par grande typologie de métier. Une première formation pour les chefs de projet, des product owner, ceux qui pilotent le projet. 2e module pour tous ceux qui conçoivent les interfaces numériques, que ce soient des UI X ou des concepteurs type assistance à maîtrise d'ouvrage etc. Une 3e module pour la création et à la rédaction de contenus accessibles. Ces sont les fameuses personnes une fois que la coquille construite, vont insérer des contenus, diverses et variées dans la plate-forme.

Et nous avons une formation qui n'a jamais été déclenchée, pour vraiment monter en compétence de manière très significative sur le RGAA. Être capable d’auditer un service numérique avec le RGAA. 

Pour les 3 premiers modules, on fonctionne sous forme de cession. Chaque trimestre, il y a des sessions qui sont organisées, les collaborateurs peuvent s'inscrire très facilement à cessions. On n’attend pas d'avoir un pool qui s'inscrire pour déclencher ces formations on a déjà créé des créneaux de formation et pour les personnes c'est facile de s'inscrire à ces formations. 

Ensuite on crée une démarche pas à pas dans l'accessibilité. Tout le monde doit prendre en compte le sujet et ce quel que soit son niveau dans la chaîne de création. Et donc pour cela, nous avons comme je le disais tout à l'heure la première année nous avons été voir les personnes, on entre un petit peu par la fenêtre entre guillemets, pour attirer les personnes vers accessibilité. 

Tout projet informatique, aujourd'hui, qui se crée dans la Caisse des dépôts, doit répondre à un questionnaire en matière d'accessibilité. Pour savoir si leur projet va entrer en considération du RGAA notamment. Et donc du coup, ce questionnaire, les responsables de projet, doivent nous le renvoyer et les 2 référents, moi-même et la référente côté informatique de la Caisse des Dépôts ou des destinataires de ces questionnaires et on organise des réunions avec les responsables de projet, pour leur dire ou pas s'ils sont concernés par des obligations d'accessibilité. 

Quand c'est le cas on rentre vraiment dans une relation avec eux, ils vont devoir a minima avoir une sensibilisation… Toute l'équipe qui va graviter autour du projet va avoir une sensibilisation. On va inviter les personnes à se former. 

On va les accompagner opérationnellement, dans la prise en compte du sujet. On leur dit également de sanctuariser un budget pour l'audit. Je suis référent accessibilité mais je n'ai pas un budget accessibilité en production. C'est à chaque équipe projet de financer les prestations d'accessibilité qu’ils peuvent rencontrer. Typiquement l'audit de conformité quand il y a un nouveau projet qui va sortir, il sera financé sur la ligne budgétaire du projet. C'est exactement ce que je disais. 

Il y a des coûts obligatoires ce sont l’audit de conformité. Cela n’échappe pas. Et dans notre marché avec la 2e société Access 42 on a des prestations d'accompagnement de rédaction spécifique, de document de cadrage, ou de recettes. Et des prestations avec des tests utilisateurs des personnes en situation de handicap. 

Plus on attend en matière d'accessibilité, plus cela coûte cher. On est obligé de revenir en arrière. C'est vraiment un de nos messages principaux, c'est de ne pas créer de dettes en matière d'accessibilité. On voit que c'est très dur à réduire. Et on se dit qu’un produit qui n'est pas accessible, ce n'est pas un produit fonctionnel. Donc ce n'est pas un produit viable. Voilà. La slide sur la démarche sur Access 42 qui est aussi dans la salle, pour toutes nos prestations de conseil et d'audit. A۷ savoir que le pôle accessibilité, c'est-à-dire nous, on coordonne les commandes de toutes les prestations avec les équipes, on est vraiment au courant de tout ce qui se passe en matière d'accessibilité dans notre établissement. 

Ce que l'on a fait également dernièrement, je vous le disais tout à l'heure il y avait un espace de ressources, où les équipes pouvaient aller piocher des ressources, se documenter. Nous avons vu que ce n'était pas forcément très efficace parce que les personnes ne s'y sont pas forcément contraints, ils ne font pas d’eux même aller lire les documents, aller chercher les documents. À partir de cette année on est rentré dans quelque chose un peu plus cadré pour les équipes.  Puisqu’on avec ma collègue référente, on a rédigé documents de spécifications en matière de conception dont les équipes doivent s'emparer, pour embarquer l'accessibilité. 

Nous avons fait exprès de créer des spécifications avec une trentaine de règles basiques qu'on a choisies de déporter au sein des équipes et choisit de les responsabiliser, c'était une volonté de nos sponsors, de responsabiliser les équipes. Ces spécifications, une trentaine de règles embarquées dès le départ, elles sont assez compréhensibles. On a fait beaucoup de pédagogie dans ce document pour expliquer à quoi servait ces règles. 

(Arrêt de la vidéo)

Le document se veut un peu autoporteur, même si les personnes n'ont pas été en formation, on voit qu'il y a beaucoup de personnes dans notre organisation, si on attend que tout le monde soit formé, il va se passer clairement des années. 

Voilà un peu le schéma aujourd'hui que l'on cherche à créer. 

Un premier travail qui est fait en matière de conception justement sur la base de ces spécifications qui est faite au sein de l'équipe. 

(Reprise de la vidéo)

Notamment les l'UX Designer, qui crée les maquettes, les personnes qui s'occupent de la conception et les règles fonctionnelles. Ce que l'on appelle la matrice d'ouvrage. Parce que s'emparer de ces spécifications. Il vérifie qu'il n'ait rien oublié. Et nous les référents accessibilité on intervient en 2e lame pour faire ses revues et ses compléments de spécifications il n'y a pas toutes les règles d'accessibilité dans ces spécifications de base. Et on travaille dans un triangle vertueux, avec les développeurs, à la Caisse des Dépôts fonctionne dans le cadre agile il y a cette notion d'itération, de travail. Chaque itération, il y a des recettes d'accessibilité pour vérifier que toutes les itérations qui sont impliquées dans la construction du produit n'embarquent pas de dettes d'accessibilité. 

Cela prend aussi du temps. Ça prend du temps aussi de faire toutes ses revues, tout ce conseil en interne que l'on pratique au quotidien. 

On donne des objectifs chiffrés. Chez nous, on suis un peu ce que dit le gouvernement aussi, on travaille beaucoup pour le gouvernement que l'on a choisi d'avoir les mêmes objectifs chiffrés pour ne pas porter à confusion. Donc chez nous, tout nouveau service qui est mis en production, il y a en tout… Il reste 2 minutes OK je me dépêche. 

Tout nouveau service est mis en production, doit atteindre 75 % RGAA sans point de blocage avec un engagement assez rapide pour gravir les échelons, pour aller aux 100 %. 

Très important de donner un objectif chiffré, on ne dit pas : « on fait de l'accessibilité, on verra bien ce qui se passe... » 75 %, c'est très atteignable, surtout s'il y a une démarche d'accompagnement en amont, et en général, les projets qui ont eu toute cette démarche, tiennent les objectifs. 

Je vais passer rapidement, parce que nous n'avons pas le temps. On monitore le taux de conformité, on les édite de manière transparente, en interne et en externe, sur les services qui ont été audités chez nous. On voit qu'en gros, s’il n'y a pas eu de démarche d'accessibilité, les anciens sites, qui ont été créé avant de lancer la démarche, et pour lesquels c'est très très dur de remonter la date accessibilité, on est inférieur à 50 %. Par contre, pour les services vraiment accompagnés et qui prennent en compte la démarche dès le départ, on est sur des taux beaucoup plus élevés, et chez nous, on a des services atteignant les 100 % de conformité au RGAA. 

Je vais finir avec ce dont on parlait tout à l'heure, pour les services qui ne sont pas forcément fabriqués chez nous, dont on ne maîtrise pas forcément toute la chaîne de création. Nous avons fait des cahiers des charges d'exigences, méthodologie en matière de travail avec les éditeurs, dans le cahier des charges dans la contractualisation, nous mettons qu'il y a des exigences en matière d'accessibilité, et qu'on atteint pas forcément le 100 % d'accessibilité, parce que on sait très bien que l'écosystème n'est pas mature. On sait très bien qu'on ne pourra pas acheter un service SAS à 100 % accessibles. Par contre, on se met vraiment dans une démarche d'amélioration continue avec l'éditeur, c'est écrit noir sur blanc. Le service sera audité, et s'il y a des points bloquants relevés, on rentre dans une relation « gagnant-gagnant », c'est nous qui leur faisons les specs on leur donne les points de blocage, charge à eux de développer. Et on se charge de recettes ce que nous avons demandé comme correctif des points bloquants. 

De tout cela, c'est contractualisé. Sinon, il y a beaucoup d'éditeurs qui vont vous dire : ce n'était pas prévus dès le départ. On veut bien vous le faire, mais cela coûtera tant. Et il n'y a aucune raison que nous finançons un service qui peut servir à tout le monde. Donc on le contractualise dès le départ. 

En guise de conclusion, les points clés. 

Considérez le sujet comme un sujet vraiment politique, et pas que technique, ou uniquement de la conformité. 

Il faut vraiment créer un poste de référent ou de référente. Pour moi, c'est un job à temps plein. 

Il faut sensibiliser les dirigeants de vos comités exécutifs ou de direction, pour avoir vraiment un appui important. Nous, c'est le cas. La démarche a été présentée à plusieurs comex, notamment à la personne la plus importante que nous avons rencontrée, qui est la secrétaire générale du groupe, qui est au-dessus de la DSI. 

Donc nous avons vraiment cet appui pour embarquer tout le monde, et créer des choses accessibles by design. 

Ne pas avoir peur d'aller voir les équipes pour les sensibiliser, et bien sûr, aller vers les utilisateurs finaux, engager des démarches UX si ce n'est pas déjà fait. 

Se faire accompagner, et donner des objectifs chiffrés, et monitorer la démarche que nous sommes en train de donner dans l'organisation. 

— J'ajouterai évidemment : acculturer toute l'entreprise. Pas seulement ceux qui ont des personnes en situation de handicap dans leur service, mais tout le monde. Acculturer sur l'accessibilité numérique, aussi bien les managers et les personnes ayant un certain pouvoir sur les personnes qui travaillent avec eux au quotidien, mais aussi les personnes en situation de handicap. Les personnes en situation de handicap sont énormément en attente de cette accessibilité, et ils ont besoin de savoir où en est, et quelle est la politique de l'entreprise. Il faut absolument retourner vers eux régulièrement pour leur expliquer que les choses avancent, même si ils ne le voient pas directement dans les applications. 

Merci. 

(Applaudissements) 

Questions de la salle

(Fin de la vidéo)

— Il est très compliqué de demander de rentrer un vaste sujet aussi riche en une petite demi-heure. Il va être d'autant plus compliqué de vous demander de concentrer les questions et réponses, dans les 3 minutes qui suivent. 

Allez, 5 minutes. 

Donc question et présentation très courte. 

— Nous serons disponibles pour répondre après. 

— Bonjour. Hélène B, chargée de mission handicap pour l'université Paris Saclay sur des questions numériques. Je suis enseignante chercheuse, je suis seule à m'occuper de cela. J'ai été passionnée par votre exposé. C'est exactement ce que j'aurais envie de faire. J'ai plein de questions. Vous avez mis en place un certain nombre de documents ou de dé-marches qui pourraient être réutilisées par nous, par d'autres. Votre questionnaire sur les projets, les spécifications que vous mettez pour le cahier des charges, tout cela a est-ce que vous pouvez les partager avec nous ? Est-ce que vous seriez prêts à le faire ? 

Sur les budgets, vous avez dit qu'il n'y a pas de budget spécifique. Du coup, comment les projets arrivent à obtenir ce budget ? Sinon je ne vois pas trop mais je viendrai vous voir après, parce que j'ai vraiment envie de discuter. 

— Merci, c'est gentil. 

— Isabelle R, de l'INSEE. J'ai une question concernant l'implication de la haute hiérarchie. Comment avez-vous réussi à impliquer votre SG ? 

— Pour la question des ressources et documents. Au début, on s'est basé sur des ressources que tout un chacun peut trouver. Essentiellement des ressources comme les ressources qui sont liées au RGAA, j'imagine que tout le monde le connaît, ce sont des ressources qui avaient été éditées lors de la version 3 du RGAA, elles n'ont pas forcément été mises à jour, mais ce sont des documents quand même assez précieux pour rentrer dans les diffé-rents sujets. 

C'est super bien fait. 

Ils sont déclinés par type de métier etc. 

C'est une très bonne ressource. 

Les fiches accès Web, que l'on utilise dans le cadre de notre sensibilisation. 

Et puis dans ces spécifications, cela reprend un petit peu tout cela. On s'est inspiré de ces ressources pour vraiment cibler des critères d'accessibilité, ou des règles d'accessibilité, que nous, les référents, estimons que les concepteurs pouvaient prendre en compte très facilement. Ce sont vraiment les basiques de l'accessibilité, les navigations clavier, les niveaux de titre, les titres de page etc. 

Sur les budgets. 

En tant que pôle accessibilité nous n'avons pas de budget en propre. C'est à charge de chaque projet de trouver 5 K pour l'audit, dans le cadre de son projet. 

La caisse de dépôt, nous gérons quand même de gros projets, où il y a des budgets. 

Je n'ai plus les chiffres en tête, mais au niveau de la DSI, on dépasse aisément les 100(?) millions de budget. 

Pour le SG, comment dirais-je ? La secrétaire générale a vraiment été mise au courant des obligations d'accessibilité, je veux dire par la que la directrice des politiques sociales, qui est derrière mon Parcours Handicap 13, a écrit à la SG pour créer ce poste de référent, qui manquait. Donc la secrétaire générale a été embarquée sur la création de ce poste. 

Ce poste, il n'est pas dans une direction. Il est dans une DSI qui dépend du secrétariat général. 

Cela aide. Ce n'est pas une direction déportée je ne sais où, c'est vraiment dans une di-rection qui dépend du secrétariat général. 

(Raccord avec la vidéo)

— Bonjour. Nicolas F, développeur front end Crédit Agricole assurances. On a commencé à initier une démarche d'accessibilité. J'avais une question par rapport à l'exhaustivité des audits. Vous parlez de mention de conformité, d'audit de conformité, moi, j'ai vu que par rapport à un échantillon, qui peut aussi bien faire 10 pages que 20 pages. Quel est votre périmètre ? Qu'est-ce que vous avez pris comme périmètre pour les audits ? 

— C'est en fonction de chaque projet. Il y a un échantillon qui est constitué. Un échantillon de conformité au RGAA, il y a des pages obligatoires. La page d'accueil, page contact, formulaire de recherche, la page de recherche, la page d'accessibilité, la page connexion s'il y a un espace connecté... et puis c'est en fonction de chaque projet que l'on identifie les gabarits clés ou les pages clés, les pages représentatives d'un échantillon. Si par exemple vous avez une plate-forme éditoriale, où il y a 1000 pages d'articles, 1000 articles, on ne va pas auditer les 1000 articles. On va prendre un échantillon représentatif de ces gabarits et de ses contenus, pour faire l'audit. 

Quand il y a un audit de conformité, on n'a pas audité tous les contenus et toutes les pages d'un site. Et pour les applications Web, quand on arrive dans des modes connectés où il y a des processus de gestion, nous auditons tout le processus pour vérifier qu'il n'y a pas de point bloquant sur tout le processus de l'application. 

— Bonjour, je suis développeur Fullstack à la Société Générale. Je vois que vous avez 37 applications auditées. Si c'est le référent qui s'occupe de tous ses audits au fur et à mesure de chaque sprint, est-ce que ça ne fait pas une grosse charge de travail ? est-ce que l'on eut pas déléguer ? Ça ne fait pas une surcharge ? 

— Clairement, on arrive en surcharge. Nous sommes 2. Après, cela va assez vite. Ce sont des itérations ; on ne recette pas de dizaines et des dizaines de pages. On arrive à prendre quelques heures d’audit pour répondre aux besoins de vérification de l'accessibilité. Cela pourrait être un débat, notamment avec les référents qui vont intervenir aujourd'hui : est-ce que c'est le boulot du référent d'aller mettre sa casquette d'expert accessibilité, pour faire des recettes ? Ce sera le débat. 

Ce que je peux dire aujourd'hui, si on ne faisait pas ce travail, on n'aurait pas les résultats que l'on a. On doit mettre les mains dans le cambouis. Je fais cela depuis un certain nombre d'années. Nous avons pris l'habitude, on commence à connaître les équipes, et on voit tout de suite les choses qui posent problème, les points clés à recetter. 

Après, on n'arrive pas forcément à lever tous les points d'accessibilité, et on arrive pas à 100 % d'accessibilité vis-à-vis de l'audit quand on se fait auditer. En général, on a quand même de tout à fait honorable, il faut rester humble, mais quand même assez honorable, permettant d'atteindre les 100 % assez rapidement. 

— Bonjour, je suis curieux de savoir au niveau des référents, parce qu'on pose la question... 

OK. Donc on pose une question… Voudrait mettre référent chez nous.… On parle du numérique. Les personnes sont intéressées sur l'accès emploi etc. est-ce que le référent intervient là-dessus ? Ou est-ce qu'il faut des référents spécifiques. Plusieurs référents. Quelles sont les relations avec le CSE ? 

— En tout cas, chez nous, il y a un référent accessibilité pour le bâti, des référents accessibilité pour le RH, pour aider à l'insertion dans l'emploi et aux adaptations des postes de travail au quotidien pour nos collaborateurs. 

Il y a nous, référent accessibilité.… On a chacun notre périmètre d'action, le périmètre d'activité. Aujourd'hui on travaille beaucoup avec la mission handicap. On n'a pas eu l'occasion de vraiment travailler avec le référent bâtiment. Pour l'instant. 

Sur le CSE, on n'a pas de contact en propre. Mais notre activité est clairement inscrite pour les accords groupe handicap c'est plutôt la mission handicap qui en rapport avec le CSE. Il est en lien avec le CSE. Mais notre activité est vraiment tracée, identifiée et écrite noir sur blanc dans les accords handicap de la Caisse des dépôts. 

— Bonjour merci pour votre présentation à vous 2. J'ai une question, est plus généraliste. Quelles ont été vos plus gros points bloquants dans la mise en accessibilité de toute la démarche accessibilité sur la Caisse des dépôts ? Par exemple, dans l’intégration des personnes en situation de handicap s’ils sont invisibles, pas spécifique en tant que RQTH. Quelles ont été vos enjeux, et des difficultés pour mettre en place des démarches. 

— Vous parlez de la démarche emploi, des personnes ? 

— Accessibilité en général. Ça englobe les clauses du groupe et les applications du groupe. 

— Nous avons eu plusieurs petits points bloquants surtout au début. Le fait de se faire entendre et surtout se faire comprendre par les équipes. Même les équipes informatiques en interne. Leur expliquer qu'il y a des accessibilités disponibles sur le marché. Il est temps de les mettre en application. Par exemple si on prend l'iPhone qui n'était pas autorisé pour les personnes en situation de handicap avant notre venue. Il a fallu par exemple discuter avec les services informatiques, leur prouver que de sécurité existait, ils ont fait donc attribuer des personnes pour faire un audit de cet iPhone. Et valider par la suite un accès total à iPhone pour les personnes en situation de handicap. 

Pour les personnes non-voyantes et malvoyantes, mais également auditive… Voilà c'était un premier point bloquant qu'on a eu à faire comprendre aux équipes. L'utilité déjà des produits existants. Après pour les produits innovants, on est toujours à l'affût et on leur fait des remontées régulières à tous les services. 

Juste pour préciser, sur l'accès aux outils des personnes en situation de handicap, je suis en charge avec Yann et la mission handicap de continuer à surveiller l'évolution des programmes, l'évolution des applications, et surtout l'harmonisation entre les personnes en situation de handicap pour que, les upgrade se fassent le plus facilement possible au sein de l'établissement. 

— C'est toujours sur le volet effectivement tout ce qui est aide technique et compensation. Outils tête et de compensation. Après les points bloquants, sur l'accessibilité numérique, et bien c'est c'est que les gens ne sont pas formés : c'est le premier point bloquant. Pas formés, pas sensibilisés. Autres points bloquants, c'est notamment sur les Framework qui sont utilisés de développement, ou les développeurs de remettent pas trop en cause les Framework ils utilisent. 

Donc qui prennent ce qui est dans le Framework, comme argent comptant, je l'ai pris comme ça, donc tout le monde utilise… Mais bon. Il y a des problèmes d'accessibilité, très importants qui peuvent intervenir, sur ces Framework, les développeurs n'ont pas forcément de recul sur leurs utilisations. 

— Je suis désolé… J'ai le mauvais rôle. Je vais interrompre votre intervention riche je vous en remercie. Je remercie également les personnes qui sont en charge du sous-titrage et de la langue des signes parce que là aussi nous avons un peu débordé sur le temps qui était imparti à cette conférence. Merci pour votre attention, vos questions. Cette après-midi nous reprendrons effectivement les mini conférence, il y en a 7. Je ne vais pas vous décider. Si vous voulez participer l'atelier B c'est dans la salle qui est derrière celle-ci. Je vous souhaite une bonne pause pour ceux qui la prendront et à cet après-midi. 

(Fin de la vidéo)

— Je voudrais juste ajouter des flyers : mon parcours handicap si voulaient rencontrer les personnes qui gèrent cela, elles sont disponibles dans le corner des partenaires. 

— Merci aux 3 intervenants de ce matin. 

(Applaudissements). 

— Un petit rappel, les mini conférences sont enregistrées, elles seront disponibles sur le site de A11y. 

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique chez EDF

Intervenante : Caroline GUILLOT (EDF)

Bonjour à tous, je vais d’abord me présenter. Je suis Caroline Guillot, je suis Product manager du site EDF particulier depuis près d’un an et demi. Auparavant j’étais responsable de la communication digitale chez Daltia ( ?) je ne suis pas revenue dessus dans cette présentation mais j’ai entre autre travaillé sur le lancement du site de Daltia qui est accessible à 95% et eco-conçu. Donc c’était une première sur les sites dans votre domaine. Je suis à la direction marketing et expérience client.

Je vais reprendre quelques éléments du groupe sur la politique d’accessibilité numérique. Je n’ai pas forcément tous les éléments et je vais également présenter notre démarche en cours sur EDF particulier (site et mobile). Quelques chiffres pour EDF : 

  • 143 millions € CA
  • 171 000 collaborateurs
  • 40 millions de clients dans le monde

Pour vous montrer l’impact d’Edf en termes de mission de service public.

Sur la politique accessibilité numérique, on a une charte du numérique responsable du groupe EDF dans lequel il y a un axe dédié à l’inclusion. On a un document d’enregistrement universel d’EDF dans lequel on a tous les sujets qui sont liés à l’inclusion et on a une nouvelle architecture RSE dans lequel il y a toute une partie dédiée au numérique responsable. Tout ça pour vous dire que le sujet autour de l’accessibilité est une partie intégrante de l’architecture RSE du groupe.

Nos engagements sont sur la partir RSE avec une transformation numérique inclusive, bien sûr réglementaire, par rapport à la loi, aux salariés. Il y a un accord Handicap qui vient d'être renouvelé dans lequel on retrouve l'accessibilité des applications métier. Que ce soit pour l'interne pour l'externe. C'est un sujet porté par une direction du numérique responsable, et qui est du coup déversé sur chacune des branches. Je suis dans la branche commerce, pour EDF, mais il y a d'autres branches qui elle-même ont des actions, sur ce sujet, dans le groupe. 

Nos exigences, sont, à la fois sur les services externes, la conformité RGAA, et à la fois sur l'adaptation des postes, les applications internes avec intranet et toutes nos communications qui sont faites également : les mails externes, internes, le support PowerPoint... je ne dis pas que celle-ci soit complètement accessible d'ailleurs (Rires). L'idée, c'est que l'ensemble du groupe et des pôles ont ce sujet-là qui fait partie intégrante de leurs actions. 

Au niveau du pôle commerce, une démarche un plan d'action qui a été mise en œuvre sur une mise à niveau réglementaire, à la fois Web et applications. Sur l'élaboration d'un plan d'accessibilité pluriannuelle par site et appli mobile. Mais aussi une phase de sensibilisation et de formation des équipes métiers et SI sur l'accessibilité. C’est la démarche globale sur le pôle commerce. 

Pour la partie EDF particulier, quand je suis arrivé, le sujet de l'accessibilité n'était pas réellement beaucoup porté. C'est un sujet qui me tient à cœur que j'ai remis en haut de la pile. La première action qu’on a lancée, c’est une formation et sensibilisation des équipes, sur la partie accessibilité. Nous travaillons à la fois des équipes internes et externes, nous avons remis tout le monde à niveau, avec des actions de sensibilisation, et il y a eu des formations qui ont été dédiées par équipe. 

J'ai demandé une formation pour les équipes UX une formation dédiée pour les équipes dev. Nous avons séparé les formations, parce qu'on ne racontait pas tout à fait la même histoire et nous rentrions dans des détails tout à fait spécifiques aux équipes. 

Il s'agissait de rentrer dans les sujets liés à chaque équipe. Nous avons resensibilisé tout le monde. Je suis product manager mais j'ai aussi des responsables d'expériences digitaux qui chacun à un parcours digital sur le site Internet, et nous avons également formé ces équipes, ils sont 6 ou 7, et toutes ces équipes ont été remises à niveau sur ce sujet de l'accessibilité. 

Il est difficile d'impliquer les gens s'ils ne savent pas de quoi il parle. Si j'arrive et que je leur impose des sujets de RGAA en leur disant : « il faut que tu fasses ceci ou cela », si ils savent pas ce que je raconte, et de quoi ça parle, c'est difficile de les impliquer. 

Il y a eu un travail de sensibilisation et de formation qui a été faite en amont. 

Une fois que nous avons passé cela, nous avons travaillé avec Tanaguru sur la partie audit. Et donc, nous avons réaudité l'ensemble des plates-formes du site EDF particulier, et l'application mobile sont IOS et Android. Les audits ont été assez longs. Le site particulier n'est pas simplement un site avec un CMS. Ce serait trop facile. C'est un site avec plusieurs outils qui sont greffés, avec beaucoup d'équipes. Il faut impliquer tout le monde. 

Par exemple il y a des équipes pour le parcours de souscription, les équipes pour le parcours dédié à l'espace client et la partie authentification, des équipes qui vont être dédiées pour le site, et des mini sites parallèles... il faut gérer toutes ces équipes. 

Le travail a été d'abord de faire un état des lieux. Sut tous les sites qui se greffent autour du site EDF particulier et l’application mobile et faire un point zéro avant de pouvoir travailler sur le reste.

Il y a eu un audit du design system. L'avantage, c'est que nous avions lancé un design system sur la partie part, qui nous permet de travailler sur tous nos composants. On a refait un audit sur le design system, également sur ce sujet, et le travail, en court maintenant, c'est la mise en conformité. 

Sur la sensibilisation et la formation, ce sont des formations qui durent environ 2h30, nous avons formé plus d'une trentaine de personnes. Tous les prestataires avec lesquels nous travaillons sont dans les contrats, il y a le sujet d'accessibilité est intégrée dans le contrat. Ils ont aussi des obligations, à être informé sur la partie accessibilité. 

Nous avons fait plusieurs sessions. Ce sont des groupes de 10 personnes. Au-delà, cela semble compliqué parce que cela génère beaucoup de questions. Les gens sont assez rapidement sensibilisés sur ce sujet, donc ils essayent de comprendre pourquoi et comment ça fonctionne… ce sont des sessions assez longues, mais hyper importantes. Nous avons préféré faire des groupes de 10 maximums. Au-delà, c'est difficilement gérable. 

Sur la partie des audits, il y a l'ensemble des sites EDF particuliers, 106 critères sur le RGAA ont été audités. Nous avons eu des préconisations de corrections qui sont sorties, un fichier Excel avec la liste de tous les éléments correctifs sur la liste des pages stratégiques que nous avions définies initialement. 

À partir de là, nous avons fait des réunions de restitution. L'ensemble des collaborateurs a été présent à cette réunion de restitution, nous leur y avons expliquer l'ensemble des corrections à apporter, dans le détail, nous avons expliqué ce qui posait problème. 

C'est soumis à beaucoup de questions, pourquoi cela ne fonctionne pas ? nous les avons pas mal testés : par exemple voir ce que ça fait de naviguer par le clavier… d'essayer de comprendre l'impact que cela avait pour les personnes avec un handicap. 

Parce que ce n'est pas toujours les gens... autant les gens comprennent, mais après, l'empathie c'est autre chose. Mais en tout cas, ils ont essayé de comprendre l'impact que cela avait. Les temps d'échange sont très importants. Les temps d'échange sont très importants, pour pouvoir les impliquer après dans les actions. 

Et puis, il y a un travail qui a été fait par l'agence sur les déclarations d'accessibilités qui ont été refaites entièrement, à partir de cet audit. 

Sur la partie du design system, nous avons audité 9 composants. Le principe, c'était d’auditer 3 composants qui étaient un peu validés en interne, nous étions sûrs que c'était accessible. Cela permettait de tamponner le fait que ce que nous faisions jusqu'à maintenant était réellement accessible. 3 composants sur lesquels équipes sont assez confiants mais à vérifier. Et 3 composants sur lesquels les équipes ne sont pas confiants. À partir de là, on a également produit des recommandations détaillées pour la mise en conformité des composants. 

Le travail, avant de rentrer dans le détail sur la mise en conformité, c'est vrai que ce travail audit est très important pour faire le point d'étape. Et embarquer les équipes dès le début. 

Une fois que l'on a fait cela, pour la mise en conformité, il y avait la mise à niveau réglementaire avec les mentions, la déclaration etc. qu'il fallait faire. Mais il y a aussi tout le travail de mise en œuvre. En fait, j'ai voulu leur donner des objectifs. 

Les objectifs, cela a pour but de les embarquer. Le problème des équipes, c'est qu'elles ont toutes des back log chacun dans son côté, et que rapidement : « j'ai déjà une charge de travail assez lourde ! » 

Donc, c'est toute la difficulté. Que ce soit tamponnée par la direction. Il a fallu que j'intervienne au comité de direction pour expliquer l'intérêt, pour des raisons réglementaires mais aussi pour les sensibiliser sur ces sujets. Ce n'est pas forcément le cas, parce qu'ils ont quand même assez rapidement des réflexes business. Ils vont dire : pas de problème d'accessibilité. Etc. À partir du moment où cela ne détériore pas l'expérience utilisateur. Je leur ai expliqué que c'était tout l'inverse ! Que l'objectif de répondre à une expérience utilisateur pour l'ensemble du service public. 

Il a fallu expliquer cela aux équipes, que c'était bien tamponné par la direction. Il a fallu définir un pilote par équipe. En fonction des plates-formes, une personne à une mission de suivre l'ensemble des actions correctives pour chacune de ces plates-formes. 

Pouvoir prioriser les actions par équipe, nous leur avons fourni un fichier à tous, un travail a été fait avec l'agence dans laquelle nous avons priorisé les actions les plus faciles à mettre en œuvre, en termes de rapidité et sur lesquels on a une facilité de pouvoir modifier rapidement. On a identifié les actions, ce qui permettait de rendre plus rapidement accessible le site. 

Nous avons identifié des actions un peu prioritaires, avec l'objectif de se dire : il faut au moins un taux d'accessibilités de 50 % à court moyens terme etc. 

Je dis cela pour le site EDF particulier, mais il y a d'autres pages du site Groupe EDF sur lequel le taux d'accessibilités est déjà à 95 % et même plus je crois, 98%. Donc le site EDF, sur le site Internet, il est vraiment scindé par pôle. L'état d'avancement n'est pas le même partout. Sur la partie particulier, concrètement, cela n'avait pas été mis en œuvre jusqu'à maintenant. 

Il a fallu mobiliser les équipes design, le dev, les équipes métier, redéfinir les plans d'action de chacun, reprioriser les sujets. Il y a 2 phases : le quotidien, le run au quotidien. Toutes les maquettes qui sortent du site EDF sont tamponné aussi par l'agence, avec Frédéric, pour s'assurer que tout ce qui sort est accessible. 

Et puis il y a le correctif : ce qui n'est pas censé bouger, en tout cas pas tout de suite, et l'on corrige au fil de l'eau. Tout ce travail de run quotidien sur l'accessibilité prend du temps. Il faut prioriser cela parmi d'autres sujets très lourds avec de gros chantiers. 

C'est assez complexe. Ce que je leur ai demandé, c'est qu'il y ait au moins 10 ou 20 % qui soient dédiés à l'accessibilité, à chaque sprint de lancement et de modification pour le site. 

C'est une règle que nous nous sommes fixés. J'ai des réunions tous les 15 jours en moyenne, dédiés à des questions-réponses avec l'agence. Et un point d'étape tous les 2 mois, pour voir l'état d'avancement de la priorisation. Cela demande un investissement personnel, et auprès des équipes, mais je pense que tout le monde a l'envie que cela réponde aux besoins. 

Je pense qu’il faut tenir dans le temps. Parce que, autant dès le début, quand ils sont formés et sensibilisés juste après la formation, tout le monde est très motivé. Et puis le quotidien revient par-dessus, et d'autres chantiers aussi. 

Donc après, c'est à moi de trancher les priorités. Il faut essayer de tenir de façon régulière, un suivi avec les équipes. Je pense que j'ai tout dit. J'ai été assez rapide. 

(Rires). 

Je n'ai pas plus à dire. J'écoute vos questions. 

— Merci. On a du temps, de la fluidité. 

Questions de la salle

— Bonjour, Nicolas F, développeur front au Crédit agricole. J'ai une question par rapport aux audits. Parce que normalement, c'est basé par page. C'est un échantillon de page. Là, vous parlez d'audit de composants. 

— Pour le design system oui. 

— Comment avez-vous défini les critères ? 

— En fait, il y a une vingtaine ou une trentaine de composants intégrés dans le design system. Parmi cette vingtaine, nous en avons sélectionné... il fallait au moins en sélectionner 3 dont nous étions sûrs, 3 composants pour lesquels équipes étaient plutôt assez confiantes, mais à vérifier, et celle dont on n'était pas confiant. 

On a décliné sur les autres composants. On en a présélectionné 9 mais y en d’autres Ce qui veut dire que tous les nouveaux composants qui vont arriver son tamponné par l'agence. Les autres, on les a corrigés aussi en parallèle. Nous avons priorisé les composants les plus utilisés dans le site. 

— 2e question : en termes de périmètre, vous avez effectué des audits sur chaque ... vous avez plusieurs sites. C'est un audit par site ? 

— Un audit par site. Par outil. Par exemple le parcours de souscription, on utilise une plate-forme à part, imbriquée dans le site, mais c'est une autre équipe. L'idée que nous avions, comme ce ne sont pas les mêmes équipes, le plus simple est de faire des audits dédiés à chaque équipe, pour que chacun puisse prioriser en fonction de ce qu’il peut. On ne peut pas aligner tout le monde si les équipes n'ont pas le même back log, ni le même niveau de priorité. 

L'idée était d'auditer par site, pour que chacun puisse avoir la maîtrise de ses propres priorités. 

Le parcours de souscription est une autre plate-forme. C'est géré par une autre équipe, on a audité leur site ils ont leurs priorités pour leur site. La partie authentification espace client, c'est une autre équipe qui gère la partie authentification. Les corrections qui sont faites c'est cette équipe qui gère ça. Il gère ça parmi les priorités. Chaque équipe a ses propres propriétés. Et ensuite, on essaie d'aligner tout le monde avec l'objectif : atteindre un pourcentage. L'idée, fin juin, je vais demander un état des lieux pour savoir où ils en sont dans leur priorité s'ils ont pu avancer ou pas. 

— Merci. Une question… 

— Merci, le taux de conformité ça change en fonction du parcours client.

—Exactement et donc on doit donc faire une déclaration d’accessibilité par parcour.s

— Les parcours s'affichent dans un portail ? Dans une partie en commun ? Sinon recharge toute la page ? 

— Ça fait partie du site en commun sauf que quand on arrive sur la page d'authentification pour pouvoir accéder à l'espace client d'EDF, en bas, il y aura la déclaration d’accessibilité sur cette partie-là. Quand vous allez sur la page publique dans le footer vous aurez la déclaration d’accessibilité de la page publique. Quand vous allez arriver sur le parcours de souscription, dans les Frame il y a la déclaration d'accessibilité, les éléments se retrouvent avec leur propre déclaration d'accessibilité.

— Bonjour. J'avais une question sur les tests utilisateurs (loin du micro). 

— Alors, non on ne teste pas avec les utilisateurs après, ce que l'on a, ce sont des enquêtes de satisfactions qui se font sur le site et on a des remontées clients. Et régulièrement, il y en a, voilà, cela arrive assez régulièrement. On a des petits messages disant : « ça serait bien que cette partie soit plus accessible », on a des remarques que l'on reprend et que l'on intègre. Ce n'est pas des tests sur un mode restreint. Il y a des enquêtes de satisfaction. On suit un baromètre digital tous les mois. 

— Patricia de Orange, le parcours, c'est sur le site public ?

— La partie publique et la partie privée aussi. 

— Vous faites aussi des enquêtes de satisfaction. Sur la

— Il y a des systèmes qui s’affichent automatiquement

— Ha ! D'accord 

— Exactement ! Il y a des gens qui peuvent remplir un… les… ils peuvent donner leurs avis. Tous les mois, on suit les avis le travail était fait sur le site et sur l'application. Sous Android et OS là, c'est plus complexe. 

— Bonjour je suis auditeur accessibilité numérique SNCF. Ma question c'est : est-ce que vous avez, est-ce que vous passez par des cabinets externes pour faire les audits ou est-ce que ce sont des recommandations ? 

— Des cabinets externes. On a des contrats cadre avec plusieurs entreprises. C'est pour ça qu'on a travaillé avec Océane consulting. C'est pour ça qu'on a travaillé avec d'autres agences. On travaille avec ses agences là, aujourd'hui. On n'a pas vraiment une personne dédiée sur ces sujets accessibilité numérique. 

— Bonjour, est-ce que la stratégie d'accessibilité est la même… internes et externes du public. 

— Oui, on a quand même, il y a une architecture RSE. Une charte numérique pour tous. C'est pour les sites internes et externes. L'idée est de mettre service externe. Il y a aussi des applications interne nos outils doivent passer par cette règle-là. On fait très attention à ça.

— Société Idéance est-ce que les impacts utilisateurs ont été considérés pour prioriser les corrections ?

— C'est-à-dire ? 

— Si… si sur des non-conformités, il y a des impacts forts… est-ce que vous avez priorisé cet élément plutôt qu'un autre qui serait moins impactant pour l'accessibilité ? 

— Alors oui… quand je dis… on a priorisé les actions, les actions qui ont plus d'impact en termes d'accessibilité et celles qui sont plus faciles à mettre en œuvre et sur lesquels on a plus la main. Il y en a qui sont plus complexes qui arriveront dans un second temps. L'idée est de travailler sur les pages stratégiques, les pages les plus consultées, oui, la priorité se fait là-dessus également. 

— Justin V… je voulais savoir si vous exploitez les tests automatiques pour détecter les erreurs accessibilité. 

— Les équipes de dév' aussi… je ne suis pas sûr qu'ils utilisent tout le même outil, il y a, à la direction du numérique responsable, il y a d'autres outils qui ont été proposés. Mais, on a également fait un test avec un outil qui s'appelle Frugger et qui remonte les problèmes d’accessibilité, d’eco-conception. 

Est donc, là, on a fait des analyses sur ces pages là, ce qui permet de remonter les corrections. Comme on est dans une phase de priorisation des actions. On n'est pas encore rentré dans ce détail de tout ce qui remonte par l'outil. C'est un travail assez lourd. Il faut tout reprendre dans le détail, c'est bien l'objectif d'avoir des outils qui nous accompagnent. 

— Je reprends la parole… je suis curieuse quand vous faites les déclarations par parcours. Qu'est-ce qui a motivé cela ? 

— Ce n'est pas les mêmes équipes. Les mêmes outils… Il n'y a pas les mêmes développeurs, ce n'est pas piloté par les mêmes personnes. Il ne peut pas y avoir forcément un alignement du timing c'est-à-dire qui… enfin… concrètement les équipes, on ne peut pas les faire au même moment. Il faut que chacun puisse faire finalement, à son rythme, en fonction de ce qu'ils peuvent faire et d'absorber. 

Il y a des équipes qui, soyons clairs, sont complètement full et quand tu viens avec le sujet… « il faut te mettre à la réglementation ! » Ils nous disent : « super, Caroline, je ne sais pas comment je vais rajouter cela dans ma liste ». Il a fallu convaincre. Et expliquer. Et puis dire : il faut vous proposer. Ça arrive à chaque sprint il faut du temps à chaque étape sur le RGAA. Il faut avoir entre 10 et 20 pour cent… ça dépend des sprints. Des fois je dois déprioriser certains sujets. (Rires) il faut arriver à jongler entre les 2. Tout ce qui sera maintenant, aujourd'hui, c'est vraiment une règle, les maquettes qui sortent, les nouvelles pages sont accessibles. Voilà. Il y a le correctif, il y a le quotidien, et tout ce qui doit sortir doit être accessible. C'est la règle que nous nous sommes fixés. 

— Y a-t-il une autre question ? 

— Si jamais il y a d'autres questions je suis disponible ! Pas de souci… (Rires) 

— Bonjour je travaille la mutuelle générale, vous disiez que tous ceux qui sortaient maintenant étaient accessibles. Quel est le process que vous… vous faites un audit sur chaque page avant sa mise en production ? 

— Alors, il y a 2 phases, en amont, lorsque les maquettes sont terminées et validées par les équipes, 

(Arrêt de la vidéo)

On passe par l'agence qui tamponne pour vérifier que tout ce qui a été fait et bien fait. Ensuite, une fois qu'elle passe en intégration sur le site il y a une phase de recette faite a posteriori. 

— OK. Merci. Pour compléter : pour les designers, vous avez mis en place une check-list ? Quelque chose internes ? Qui permet, dès le départ de désigner de façon accessible ? 

— Ils sont formés pour ça. Ils sont formés et sensibilisés. On passe par des prestataires externes toutes nos pages sont faites par une équipe. Les équipes ont la sensibilisation. Tout ce qui sort doit être accessible. 

Une fois qu'ils ont terminée, c'est à renvoyer à l'agence qui passe un tampon par-dessus. Au début, on avait pas mal de corrections. si l'on écoute les équipes tout le monde sait faire de l'accessibilité, mais il y a encore beaucoup de montée en compétence. C'est pour ça qu'on a formé tout le monde, on a sensibilisé tout le monde. Voilà. 

— Bonjour. Temesis. J'avais une question sur votre vie passée notamment chez Dalkia, notamment concernant votre score de 95 %, vous avez souligné la démarche d'éco-conception. Est-ce que cette démarche vous avait admis obtenir ce score ? 

— Non, cela est devenu parallèle. La simplicité c'est que lorsqu'on a travaillé, j'ai travaillé sur Dalkia, on partait de 0, on fondait l'ensemble du site. C'était aussi quelque chose de plus facile que de partir sur un site existant où il n'y a pas de refonte complète. Sur EDF particulier, je ne peux pas faire ça. On n'a pas prévu de refaire le site en intégralité. 

(Reprise de la vidéo)

Ça coûterait une fortune. L'idée est : qu'est-ce l'on peut corriger sur les parcours existants qui ne sont pas censés bouger tout de suite ? Et s'assurer que tout ce qui sort maintenant soit bien accessible ? Sur Dalkia, je repartais de 0, on est parti sur un site éco conçu et que le sujet RGAA se mettait sur la table, et je pensais que, à l'époque, il y a 3 ou 4 ans… quand on a travaillé sur le sujet… même le service juridique n'était pas au courant du sujet RGAA. C'est moi qui les ai prévenus. Ils étaient tellement orientés sur le RGPD que le sujet RGAA était totalement passé à côté. Je leur ait dit : il y a un sujet RGAA ça concerne l'interne externe, qu'est-ce que je fais sur l'intranet ? et pour Dalkia, écoutez, il y a une refonte complète, je propose que tout soit écoconçu et accessible. On a travaillé avec les équipes pour pouvoir sortir des pages entièrement accessibles et écho conçu. 

— Vous avez parlé de l'outil avec frugger vous voyez quelque chose de positif dans ce sens cela ? 

— La seule chose, c'est que… c'est un outil super sauf que… ils nous alimentent tellement que si… on ne va pas mettre les mains dedans naturellement et qu'on va pas aller regarder ce qui remonte, c'est voilà. Ça demande une charge de travail supplémentaire. 

Je pense que ça sera intéressant pour la partie EDF quand j'aurai avancé sur les améliorations déjà prioritaires et quand on sera sur une partie plus souple ça sera plus facile. Là, c'est un peu tôt, c'est très intéressant parce que cela remonte beaucoup d'actions de corrections. Ça n’empêche pas un audit ! Ça permet le suivi, pas contre. Ça peut vous aider pour travailler sur le sujet. Voilà. 

— J'interviens pour clore cette première mini conférence. Je vous remercie 

(Applaudissements) 

Diplôme Universitaire de Référent Accessibilité Numérique

Intervenants :

Pierre REYNAUD (Université de la Réunion)

Endjy GUERCHET (Université de Bordeaux)

— Bonjour à toutes et à tous. Juste vous signaler que l'on va faire une conférence à l'ancienne. On ne va rien projeter, toute l'attention sera reportée sur la voix grave suave de Pierre, et la mienne. 

Effectivement, nous allons démarrer cette présentation avec, je pense qu'on va refaire un petit historique juste très rapide, je vous rassure. On passe pour des doyens, c'est une conférence du 3e âge. Il faudra nous déposer à la maison de retraite à la fin de la conférence, puisque Pierre est un des doyens en accessibilité numérique. 

— Vétérans s'il te plaît. 

— Ah, pardon. Vétérans donc, effectivement, il mène cette aventure depuis un petit moment. Je suis moi-même référent accessibilité numérique de l'université de Bordeaux. Pour le coup je suis aussi un vétéran, pour l'accessibilité numérique dans les universités françaises. Voilà, donc Pierre si tu veux bien. 

— Alors, merci, bonjour à toutes et à tous. Pierre Reynaud, je suis référent accessibilité numérique à l'Université de La Réunion depuis septembre 2019. Comme vient de le dire Endjy dans l'accessibilité numérique depuis 1999. Très heureux d'être parmi vous parce que il y a quelques années on était loin de rassembler autant de monde sur un sujet comme l'accessibilité numérique. Il y a 10 ans j'ai annulé 3 années de suite une formation que je proposais à la Réunion, à la fonction publique territoriale, sur deux jours, sur l'accessibilité numérique. A chque fois on annulait parce qu’il n'y avait pas assez de stagiaires. 

Voilà, nous sommes heureux aujourd'hui d'être 400 à 500 autour de ce sujet-là. Surtout, ça commence à bouger. On va vous parler de formation, très vite de formation. Le contexte qui a été un peu abordé ce matin, mais, c'est que aujourd'hui, depuis un vilain jour de mars 2020, le 17, on s'est tous retrouvés chez soi avec comme seul lien le numérique. 

En fait, c'est certainement grâce à ça qui fait aujourd'hui que l’accessibilité numérique est un véritable sujet de société. L'accès au numérique. L'accès au numérique, pourquoi est-il devenu un sujet de société ? Ce qu'il a dépassé largement les personnes en situation de handicap. Si on faisait un sondage dans cette salle, vous êtes certainement tous ou toutes à avoir arrêté une démarche numérique parce qu'elle était mal faite. 

En fait, on vous fait croire que c'est vous qui êtes nuls sur les ordinateurs. Mais quand vous n'arrivez pas à faire la démarche la première question c'est : est-ce qu'elle est bien faite ? La réponse est souvent la même : non. (Rires). Elle n'est pas de qualité, pas ergonomique, pas accessible. Le contexte était ça. Aujourd'hui, on rencontre de plus en plus la phrase : il faut que ce soit accessible ! Je veux que ce soit accessible ! la réponse est : qui est capable aujourd'hui de concevoir et de faire accessible ? 

C'est là que la réponse est dramatique. Personne ou pas grande, trop peu de monde. Aujourd'hui, en formation, les sociétés qui sont là aujourd'hui, qui font de l'excellent travail, mais ils vont former quelques centaines de personnes par an. Quelques milliers, soyons généreux. Là où il faudrait former quelques dizaines et centaines de milliers de futurs acteurs du numérique. Le contexte, c'est ça. L'urgence aujourd'hui, c'est des moyens pour faire accessible. Entre moyens humains, les moyens compétents, donc des personnes formées. Des personnes formées à l'accessibilité numérique. C'est une urgence absolue. C'est la formation. 

Dans ce contexte-là, fin 2021, on s'est retrouvé à 3 sur une table virtuelle, que vous connaissez tous, qui s'appelle zoom. A parler de formation en accessibilité numérique, pourquoi pas dans les universités ? Monter une formation en accessibilité numérique. Ces 3 personnes, il y en a 2 devant vous, puisque c'est Endjy Guerchet de l'université de Bordeaux, mois de l'Université de La Réunion et une personne qui n'est pas là aujourd'hui, le responsable scientifique du diplôme universitaire de référent accessibilité numérique Monsieur Olivier Sébastien qui est vice-président d'usage au développement du numérique à l'Université de La Réunion.  Lui-même, Maître de conférences en informatique.

L'idée était de partir sur une formation, généraliste. Nous n'allons pas former des développeurs, des auditeurs, mais des généralistes de l'accessibilité numérique. Très rapidement, ça a glissé de généraliste, qui est le généraliste de l’accessibilité aujourd'hui ? Vous en avez beaucoup entendu parler que ce soit à la Caisse des Dépôts ou EDF. Le généraliste de l’accessibilité numérique, aujourd'hui, c'est le référent en accessibilité numérique, c'est lui le non-spécialiste, généraliste qui va un petit peu tout faire, ou tout faire faire, ou tout piloter au niveau de l'accessibilité numérique dans l'organisation. On est parti sur un diplôme universitaire de Référent Accessibilité Numérique. Peut-être avant d'aller plus loin, très rapidement, c'est quoi référent accessibilité numérique ? 

C'est un peu un analogue à un RSI comme un responsable de sécurité de l'information. C'est un peu le même rôle et même positionnement. C'est un peu le même rôle et positionnement que le DPD, tout ce qui est protection des données RGPD, c'est-à-dire que c'est un monsieur, ou une dame, ou une équipe pourquoi pas ? Dans une grande organisation, ça a du sens. Plusieurs personnes qui grosso modo ont 3 missions : un positionnement visible déjà, pas obligatoirement avec du pouvoir mais bien visible niveau de l'organisation. Qui a une transversalité, puisque c'est pas un technicien, c’est pas un stratège. C'est pas un communicant, c'est tout ça à la fois. Le référent accessibilité numérique, il acculture, il forme, il informe la communauté, l'organisation, pour dynamiser une démarche collective en accessibilité numérique. 

Le référent accessibilité numérique, ou la référente, pilote la mise en conformité. Il fait l'état des lieux, il pilote la conformité, l'accessibilité. Il ne va pas obligatoirement faire des audits, parce que les journées ne font que 7h30 ou 8 heures. Il peut éventuellement travailler en externe avec des auditeurs. Par contre, il va piloter ces audits. Le dernier gros morceau, la dernière transmission, qui est fondamental, c'est ce fameux SPAN, Schéma Pluriannuel d’Accessibilité Numérique. Point d'accessibilité numérique, si vous n'avez pas de stratégie. 

Si c'est le cas, vous vous épuisez ou vous vous dispersez, vous perdez de la motivation. Un SPAN, pour qu’il fonctionne, il faut qu'il soit appuyé par ce qu'on appelle la gouvernance dans les universités, mais on peut dire la direction, le secrétaire général. Si vous êtes référent accessibilité numérique mais inaudible dans votre organisation, ça sera évidemment difficile de mettre en place une stratégie. 

Voilà ! Les 3 mots aujourd'hui en tant que référent accessibilité numérique qui guident nos missions aujourd'hui pour moi c'est : réseau, stratégie, formation. 

La formation, puisque vous êtes venus pour ça, qu'est-ce que c'est que ce diplôme universitaire de référent accessibilité numérique ? 

Donc, c'est une formation qui est mise en place aujourd'hui par l'Université de La Réunion. Par la direction de la formation tout au long de la vie de l'Université de La Réunion. Par la direction de la formation tout au long de la vie de l’université. C'est une formation qui est calquée au métier de référent accessibilité numérique puisque la volonté au final est de former des futurs référents en accessibilité numérique, qu'il soit dans le privé ou dans le public. C'est une formation qui bénéficie du soutien du FIPHFP, soutien financier, ce qui implique une priorisation mais pas exclusive des fonctionnaires, agents de la fonction publique, aux fonctionnaires, pour la première session en tout cas. Ce n'est pas exclusif. Je le précise car beaucoup me disent : c'est que pour les fonctionnaires ?

Non parce que...

— Pierre, il vous reste 3 minutes ? 

— Ohlala, c’est Endjy qui ne va pas être content. Le DU, les candidatures sont ouvertes depuis la semaine dernière. Il est 100 % en distanciel et accessible, pour moi ce serait inconcevable qu'il ne soit pas au maximum accessible. 

Sans prérequis géographique, pour la petite histoire ça se jouera sur la plate-forme qui s'appelle Moodle, CMS beaucoup utilisé dans les universités. Le niveau d'entrée, c'est un bac+3 ou équivalent, le mot équivalent est souligné en rouge. 

J'ai envie de dire que la motivation sera vraiment une des choses qui sera examiné par le jury de sélection en fin d'année. 

La fin des candidatures, c'est le 16 juin. Le début des enseignements est en septembre 2023. Et fin des enseignements au mois de mars. 

20 stagiaires, l'équivalent de 126 heures, asynchrones et synchrones. Écoutez, pour le reste les informations sont aujourd'hui en ligne sur le site de l'Université de La Réunion : univ-reunion.fr.

Je laisse juste la parole à Endjy pour qu'il parle des unités d'enseignement pour vous faire découvrir par des détails le programme de ce diplôme universitaire qui est ouvert pour 20 stagiaires à partir du mois de septembre. 

— Merci Pierre, je vais profiter de mes 2 minutes. Du coup, effectivement, Pierre l'a indiqué, c'est 126 heures qui sont réparties sur 5 unités d'enseignement. Puisque là, on est sur un vocabulaire universitaire. 

La première unité d'enseignement c'est : comprendre l'accessibilité numérique, les risques le contexte légal. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans, dans le menu, il se trouve que chronologiquement parlant, cette unité d'enseignement sera la première à être jouée dès le mois de septembre. 

C'est vraiment poser l'environnement nous somme dans l'introduction : comprendre ce qu'est le handicap, quel est le modèle social, du handiucap ? quelles sont les conséquences de l'inaccessibilité du numérique ? Les récupérations aussi bien dans la vie courante que dans les situations d'apprentissage, ou les situations professionnelles, au regard de cela, la dimension légale. 

C'est-à-dire : qu'est-ce que nous sommes censés devoir faire ? Quels sont les textes de loi ? 

Nous sommes vraiment sur la première : la brique de base. C’est une formation généraliste, vous l'avez bien compris. C'est vraiment le socle commun. 

Ensuite, 2e unité d'enseignement : stratégie et pilotage de la démarche accessibilité numérique au sein de l'organisation. 

Là, on est vraiment dans le cœur de métier. On passe d'une brique de base à vraiment ce qui est notre cœur de métier. Qu'est-ce que le schéma pluriannuel de mise en accessibilité ? Comment je le pilote ? Comment est-ce que je rassemble les différents acteurs ? Je les fais travailler ? Comment je décline un plan d'action ? Concrètement comment ça se fait ? 

Là, c'est une unité d'enseignement qui va vraiment aller sur du très concret et qui a un volume horaire très important au regard des autres unités d'enseignement parce que c'est notre cœur de métier tout simplement. 

Ensuite : Cadrage et gestion de projet d’un point de vue organisationnel et juridique. 

Pourquoi ? Si on regarde bien, dans les organisations, le point faible le plus courant, c'est la brique de base, tout le monde parle de gestion de projet, et au final, on ne fait peut-être pas tous très très bien. 

L'idée, c'est de remettre en perspective avec certaines notions qui sont fondamentales, parce que sans ça... La mise en accessibilité numérique, c'est de la gestion de projet avant tout.  Donc nous revenons sur les fondamentaux, pour être vraiment en capacité ensuite de gérer. La gestion, c'est toujours plus les équipes sont nombreuses, grandes, et plus c'est compliqué. 

Il faut vraiment retravailler cela. C'est comme cela que nous l'avons conçu. 

J'ai un peu débordé, Patrick, je m’en excuse. Je me dépêche.

UE 4, impulser une culture de l'accessibilité numérique. Travail d’équipe inclusive conception et production de ressources accessibles.

C'est le moment où l'on met les mains dans le cambouis. C'est bien joli l’accessibilité, les sites Web, mais comment ça marche ? C'est quoi les critères ? Comment ça marche, une application ? Un site Web ? Les CSS ? JavaScript ? 

Il ne faut pas avoir peur de tous ces mots. Cela se maîtrise. On ne va pas former des développeurs, mais on va vous donner les éléments vous permettant de discuter avec eux, de comprendre que quand vous faites une demande développeur, il ne faut pas lui dire : il me faut ça pour dans deux heures parce que sinon il va vous regarder avec des yeux comme ça et vous passerez tout en bas de la pile.

Donc on met les mains dans le cambouis, comme à l'auto-école. L'obligation, c'est de savoir le minimum : la batterie, le lave-vitre etc. Pas des choses extrêmement compliquées mais des choses utiles au quotidien. Ce sont tous les aspects utiles et pratiques pour bien comprendre ce que c'est que l'accessibilité numérique, et comment ça marche. 

Dernière unité d'enseignement : elle porte sur la conformité, accessibilisation et priorisation des actions. 

Une fois qu'on a dit que l'on comprenait comment ça marche, quels sont les normes en vigueur ? que faut-t-il appliquer ? Est-ce que je suis capable, moi, d'interpréter un résultat d'audit ? Et est-ce que je suis capable partir de ce résultat, de donner des préconisations des développements et de les prioriser à mes équipes de développeurs ? 

Donc là on est vraiment sur vraiment comprendre comment ça marche. On peut parfois être amené travailler quasiment seul. Nous ne formons pas des auditeurs. Mais nous devons être capable de faire un diagnostic rapide.

Là, j'ai un piège au clavier... on ne va pas y être. Avant même d'aller plus loin, on est déjà en capacité... on peut déjà diagnostiquer. 

Tout cela en distanciel, cela peut paraître complexe, mais cela se fait, parce que nous avons prévu dispositif de tutorat qui sera très important. Parce que ce dispositif de tutorat fera 120 heures. 

J'ai à peu près... je ne vais pas dire tenu les délais, mais nous sommes à peu près dans les temps. 

On va peut-être continuer sur les questions. Avez-vous des questions ? Ce serait bien de continuer la présentation en vous expliquant certains éléments qui attirent votre attention. 

Questions de la salle

— Gaëlle, de l'IUT de Marne-la-Vallée où j'enseigne aussi. Je voulais savoir à quelles étaient les personnes qui ont élaboré le support ? Avez-vous travaillé avec des professionnels, ou uniquement des universitaires ?

— Pour l'instant nous somment très heureux parce que nous avons 3 parties et 3 types d'intervenants. Nous sommes très contents de cette diversité, on va commencer la partie généraliste, gestion de projet et communication, la partie handicap, connaissance de l'environnement numérique et handicap, en début de cursus, ça va être assuré en grande partie par des universitaires, des professeurs d'université spécialistes en communication ou en gestion de projet, des enseignants qui vont faire tout ce qui est historique du handicap. Voilà pour la première partie. 

2e partie : la partie technique. On va travailler a priori avec les sociétés spécialisées en accessibilité numérique, que ce soit pour la conception de la production le développement et l'évaluation, l'audit de premier niveau, avec des sociétés d'accessibilité numérique. 

Dans la partie, au niveau de la stratégie : on va travailler a priori avec des professionnels du domaine, c'est-à-dire des référents accessibilité, déjà en poste, pour qu'ils soient en capacité d'expliquer aux futurs professionnels le SPAN, et la co-construction et le pilotage du SPAN.

— Est-ce qu'il y a d'autres questions ? 

— Bonjour, Bertrand. Parfois, l'accessibilité, rentre en concurrence avec d'autres disciplines comme le SEO, la WEB performance, la sécurité, etc... y a-t-il quelque chose de prévu pour ouvrir un petit peu le secteur de l'accessibilité éventuellement des gens qui seraient confrontés à ce genre de pratique, pour savoir que cela existe et que cela peut être des Metrix ? Ils ont beaucoup de données et ils effacent un peu l’existence de l’accessibilité. Ce matin, on a vu 2 référents qui a priori n'ont pas ce genre de concurrence, qui peut rentrer dans le cadre de cette formation et qui pourrait être utile. 

— Sur l'UE 4, il y aura un point spécifique sur qui travaille sur l'accessibilité. Première chose à savoir : effectivement, selon l'organisation, au sein de l'université c'est un peu particulier, on a plusieurs acteurs, c'est un sujet très transverse, il y a la DSI, les enseignantes et les enseignants chercheurs, tout le monde participe plus ou moins. 

Premier point : identifier qui fait quoi ? qui est en concurrence ? au contraire, un allié. Identifier ce que l'on va appeler le sponsoring, qui porte, qui est capable de porter ? Qui doit porter l'accessibilité ? Qui va venir nuire ? parce qu'il y a une concurrence, entre des sujets. C’est plutôt la partie UE stratégie. C'est tyiquement ce qu'il faut identifier, comprendre la mécanique, comment ça marche dans l'organisation, qui est un allié ? et qui va venir en concurrence éventuellement empêcher de réaliser des choses. Entre l’UE 4 et 3, c'est plutôt la partie stratégie oui. 

Quand on travaille avec une dircom, une DSI, il y a des jeux d'acteurs, des enjeux de pouvoir, qui vont nous aider ou pas. Oui, cela fait pleinement parti de la stratégie. Je ne sais pas si... 

— Je n'ai rien à ajouter. 

— Bonjour. Séverine, je fais partie du consortium Greta CFA. Nous utilisons des plates-formes Moodle. Nous voulons monter en professionnalisation sur l'accessibilité numérique. Vous avez parlé de créer des ressources accessibles. Est-ce que ce sera aussi en lien par exemple avec des ressources de formation à distance, ou digital e-learning ou seulement PDF, Word, site Web accessible ? 

— On ne pourra pas tout faire, mais évidemment, on abordera l'aspect formation et l'aspect auto-formation. Je renvoie au contexte que j'ai donné en introduction. 

Si nous devons former des dizaines de milliers d'acteurs du numérique, sachant qu'à la limite, nous le sommes tous aujourd'hui avec les réseaux sociaux, nous sommes tous producteurs de numérique, donc il faut acculturer l'ensemble de la société à l'accessibilité numérique. C’est ambitieux.  Il est évident que la formation présentielle ne suffira pas. En présentiel, on peut former quelques dizaines ou centaines ou milliers de gens par ans. 

L'accessibilité du e-learning, pour moi, il doit être d'emblée accessible. Parce que le public le plus intéressé par le e-learning, c'est en priorité les gens qui ont des problèmes de mobilité, à mobilité réduite. 

C'est un sujet que l'on va aborder, c'est sûr. Par contre on restera à niveau généraliste. 

Ce qui est sûr, c'est que le challenge qui est de faire une formation entièrement à distance, accessible sur Moodle, rien que la phrase que je viens de dire nous occupe énormément de temps, parce que l'on sait que la plate-forme Moodle + elle avance + elle est accessible. Mais je peux vous garantir qu'il subsiste des pièges, par exemple la gestion du focus n'est pas optimale, nous sommes en train de tester cette plate-forme pour avoir expérience utilisateur optimale en termes d'accessibilité. 

C'est une chose sur lequel on souhaitera communiquer dans les mois qui viennent, pour que ça soit reproductible par d'autres organismes de formation et université. C'est un sujet récurrent. 

— Bonjour. Je suis experte en exigibilité numérique chez Ipedis. Je suis arrivé en retard : dans un avenir plus ou moins proche, serait-il possible d'obtenir son diplôme à travers une validation par les acquis de l'expérience ? 

— Je ne vais pas appeler un ami parce que je n'en ai pas, mais sortir un joker. C'est la première fois qu'un diplôme universitaire sur l'accessibilité, qu'une formation est mise en place dans une université française sur l'accessibilité numérique. 

Dans les 2 ans qui viennent, nous avons l'idée de la faire certifier au RS, répertoire spécifique France compétences, mais pour l'instant, je ne peux pas vous répondre. Mais si vous m'envoyez votre question par mail, je pourrai vous trouver une réponse. 

— D'autres questions ? 

— La digestion, c'est terrible ! 

— Nous allons laisser la parole à Pierre pour la conclusion. 

— J'ai oublié différentes petites choses. 

— J’ai dit : la conclusion ! (Rires). 

— Malheureusement, ce n'est pas éligible au CPF. C'est une question qui revient souvent, pour des raisons de certification. Le prix, c'est aussi une question qui revient : si vous êtes dans le cadre d'une convention employeur, ce sera 3 000 €. À titre individuel : 1 500 €. 

Une conclusion : c'est un début, ce diplôme, qui a pour vocation d'être pérennisé, pourquoi pas de donner des idées à d'autres diversités ou écoles. Nous allons former 20 stagiaires, donc on ne va pas répondre aux problèmes de formation tous seuls. 

La vocation, c'est de créer un réseau autour de référents accessibilité numérique, et pourquoi ne pas arriver à poser une fiche de poste, une reconnaissance officielle de ce métier qui n'existe pas. 

Et l'idée d'aller vers une certification. D'essayer de faire une démarche collective autour de l'accessibilité numérique, et de ce diplôme, avec vous, les futurs apprenants, et vous, les futurs intervenants au sein de ce diplôme universitaire. 

C'est vraiment une démarche dynamique collective pour essayer de faire bouger les lignes de l'accessibilité numérique. 

Pour toute question, nous sommes sur les réseaux sociaux, et je peux vous donner mon mail. N'hésitez pas à nous joindre pour toute question. Les candidatures, c'est en ce moment et jusqu'au 16 juin. 

— Pas d'autres questions, après cette conclusion ? 

— Surtout pas ! 

— Merci Endjy. Merci Pierre. 

(Applaudissements) 

À la rencontre des auditeurs d'accessibilité, au sein du Master UX Design de l'école des Gobelins

Intervenantes et intervenant :

Marie PAULON

Louise PRÉVOT

Sandrine FAMOSE

Josselin LE BIHAN

— On est ravis d'être avec vous cet après-midi pour vous présenter notre recherche d’UX design sur les auditeurs d'accessibilité numérique. 

— C'est une recherche que nous avons mené à 4. On va se présenter rapidement. Marie Paulon qui est UI designer et intégratrice. Je suis Louise Prévot, je suis UX writer et suis consultante chez EXalt. Et dans notre équipe nous avons aussi Sandrine Famose qui est développeuse et Josselin qui est ingénieur. Nous avons mené à 4 cette recherche dans le cadre de notre mémoire que nous avons fait pour notre formation en UX design à l'école des Gobelins. Peut-être que certains ne savent pas ce que c'est l’UX design, on va vous le présenter rapidement. 

Il y a 2 termes UX qui veut dire user experience qui se traduit par expérience utilisateur et puis le mot design qui veut dire conception. 

Ça veut dire que c'est le fait de concevoir des expériences pour des utilisateurs. Ces expériences peuvent être faites pour des services, des produits. On peut faire en sorte qu'elle soit une expérience physique ou une expérience numérique. 

Pour vous donner un exemple, on est tous là à A11y Paris, et pour être là aujourd'hui, on a dû s'inscrire. Pour cela, on est allé sur le site d’A11Y Paris on a donné nos coordonnées et on a reçu un mail de confirmation confirmant la bonne prise en compte de notre inscription. Tout cela, cela fait partie d'une expérience que vous avez vécue en tant qu'utilisateur. Nous, en tant qu’UX designer, on cherche à analyser les expériences, identifier les points bloquants et faire en sorte de les améliorer pour qu'elles soient pour vous plus intuitives, plus agréables et plus efficaces. 

— Et dans le cadre de notre formation aux Gobelins, il fallait que nous appliquions cette méthode UX à un sujet en particulier. Nous avons décidé de le faire sur les auditeurs d'accessibilité. 

Pourquoi est-ce qu’on a fait ce choix ? Parce que nous étions tous les 4 intéressés par l'accessibilité. Et on voulait en apprendre plus sur le sujet parce qu’on le trouvait vraiment important. 

On est partis à la découverte du sujet de façon plus large. Et au fur et à mesure de mes recherches on a découvert les audits et à quel point c'était compliqué comme travail et que ça allait être encore plus difficile avec la directive européenne qui va arriver en 2025 et qui va engendrer une augmentation du nombre d'audits. 

Ainsi, on a souhaité se centrer là-dessus et analyser et étudier l'expérience des auditeurs lorsqu'ils font des audits. 

Et, pour réaliser cette étude, on a appliqué la méthode UX. 

Qu’est-ce que ça consiste à faire ? Et bien tout simplement, on part d'un problème.  Il n'y a pas de solution sans problème. Donc on va rechercher et approfondir le sujet pour mieux le comprendre et mieux le traiter par la suite.  Suite à cela, on pourra définir le problème si besoin. Et au moins le peaufiner. À partir de là, on pourra commencer à réfléchir à des idées, trouver des solutions, et on va pouvoir trouver une réponse pertinente à notre problématique ! 

Une fois la chose faite, on pourra imaginer la solution et proposer des prototypes, on les fera tester à des utilisateurs, et lorsque tout est validé, on pourra développer la solution. 

Et, du coup, on est là avec vous aujourd'hui surtout pour vous présenter la phase de recherche sur les utilisateurs. 

— Il faut savoir que notre mémoire a duré 6 mois et que sur ces 6 mois la recherche nous a pris la moitié de ce temps. Durant 3 mois, on a d'abord, on s'est d'abord documenté sur le sujet que l'on connaissait pas du tout et donc, l'idée était de l'approfondir de rentrer dedans, tout simplement. On a suivi des cours de sensibilisation au design et au développement accessible en plus des cours que l'on avait à l'école des Gobelins. On a fait des entretiens avec les entreprises spécialisées en accessibilité. Et on a fait des observations. Une observation de la réalisation d'un audit, avec un auditeur, et puis on a fait une observation d'une restitution d'un audit à un client. 

Surtout, on a fait des entretiens avec les auditeurs et avec des clients et on a fait aussi un questionnaire. Tout cela, a été analysé. C'est ce que l'on va vous montrer, après, on va vous présenter les données issues de cette recherche liée à ces entretiens et à ce questionnaire. 

Pour ces entretiens, et ce questionnaire, on a essayé de cibler certains profils d'utilisateurs. Notamment 4, on a cherché à être en contact avec des auditeurs dits " junior ", des seniors, des clients qui commandent des audits et puis des clients qui exploitent un audit. Ce sont nos définitions à nous. 

Mais pour nous, un auditeur junior c'est quelqu'un qui va débuter tout juste dans l'accessibilité, dans la réalisation d'audits il a pu faire un ou 2 audits et pas plus. C'est quelqu'un qui manque de réflexe et de connaissances de maîtrise sur les référentiels et l'application des critères. Contrairement aux seniors qui ont plus d'expérience, ils ont l'habitude de faire des audits, ils en font de façon régulière, depuis plusieurs années. 

Pour le côté client, on a identifié les clients qui commandent des audits, ce sont les personnes, dans une entreprise qui vont demander la réalisation d’audits d'accessibilité pour leurs produits et les services qui appartiennent à cette entreprise. Et puis, il y a aussi les clients qui exploitent un audit. Ce qu’on entend par là, ce sont les personnes qui, dans une entreprise, vont utiliser et exploiter les audits et les résultats pour améliorer les produits et les services de leurs entreprises. 

— Pour mettre les choses en place, il fallait d'abord fixer des objectifs de recherche. On voulait se concentrer sur les auditeurs et les clients. Et l'on voulait comprendre leurs habitudes de travail, les outils qu'ils utilisent, leur environnement de travail et aussi les besoins, les frustrations, les problèmes qu'ils peuvent rencontrer, et puis aussi, les points positifs qu'il y a dans leur travail. D'un autre côté, on voulait mieux comprendre les audits. Pourquoi c'était aussi compliqué ? Qu'est-ce que l'on pourrait faire pour essayer de les améliorer pour éviter que cela soit aussi fastidieux ? Savoir à quel moment les clients intervenaient au cours de l’audit et pourquoi ? 

On a tout d'abord commencé par nos entretiens. Ils étaient individuels avec une durée d’une heure chacun. Et ça se faisait en vision. On a rencontré 17 personnes parmi elles, il y a eu 9 auditeurs seniors, 4 auditeurs juniors dont 2 malvoyants, 2 clients qui commandaient des audites et 2 qui exploitait des audites. Notre phase de recrutement était compliquée parce que nous voulions vraiment avoir un équilibre entre les différents profils que nous cherchions à étudier. 

Mais, pour les clients qui exploitaient ce qui commandent, on a eu du mal à en trouver et il y avait des niveaux différents de maturité. La partie client sera moins poussée dans notre recherche que chez les auditeurs. 

— Grâce à ces entretiens, on a pu récolter plus de 1500 Verbatim alors, qu'est-ce que c'est ? 

C'est une citation d'une personne telle qu'elle. C'est une parole vraiment pure à l'état brut. Evidemment on a tout anonymisé. Globalement, on voulait vous présenter les principaux Verbatim, les plus majeurs. Par rapport aux principaux freins et frustrations que l'on a pu observer et analyser pendant notre recherche. 

— On a vu que les personnes trouvaient que les outils étaient limités et pas adaptés aux travailleurs. 

— Il y a ce Verbatim : “je n'en peux plus, d’Excel”. “Si j'avais une baguette magique, j'aimerais une grille d'audit plus simple avoir quelque chose de plus ludique !”

— Et, on a eu aussi des Verbatim sur l'absence de correction de la part des clients. 

— Quelqu'un disait : “la plus grande frustration c'est lorsque l'entreprise ne fait rien après un audits”. 

— Les auditeurs ont des doutes lorsqu'ils réalisent des audits.”

— quelqu'un me disait : “il va y avoir des moments où j’ai de vrais doutes.”

— Les auditeurs trouvent que le travail est redondant et fastidieux. 

— Là, on nous disait “ne pas mourir d'ennui”. “C'est gaspillé tous ces critères”. On a “parfois j'en ai marre, j'ai envie d'arrêter, de faire autre chose,” ou encore : “je rencontre à chaque fois, les mêmes problèmes !”

— Dans les frustrations rencontrées, il y a le fait qu'il y a un manque de formation auprès des acteurs du Web. 

— Quelqu'un disait que “l'accessibilité est encore quelque chose incompris qui n'est pas appris aux développeurs.” 

— On avait aussi : “on constate que c'est à côté de la plaque. On soupire… on se dit que c'est quand même simple !”

— C'est pas évident de trouver des solutions à tous les problèmes rencontrés. 

— Il y a ce Verbatim : “c'est dur, c’est très compliqué. On s'arrache les cheveux pour comprendre et trouver des solutions.”

— Et enfin, les référentiels sont complexes et difficiles à maîtriser. 

— Par exemple : “le RGAA et compliqué à comprendre.”

— C'est grâce à ces entretiens et tous les Verbatim que nous avons récoltés que nous avons pu faire ressentir 39 observations, elles ont abouti à 13 apprentissages majeurs. 

Je vais vous les lire. (Rires) Je ne les connais pas par cœur. Nous avons le fait que l'auditeur a besoin d'une grille plus simple et plus facile à utiliser. L’audit est long à cause d’actions répétitives et fastidieuses. L'auditeur aimerait gagner du temps grâce à l'automatisation de certaines actions ou fonctionnalités. L'outil doit s'adapter aux méthodes de travail de l'auditeur. 

La rédaction du rapport devrait être facilitée. L'auditeur peut avoir besoin d'aide lorsqu’il réalise un audit mais aussi quand il analyse le code erroné. L'auditeur aimerait aussi plus de ressources, qu'elle soit plus simple à comprendre et qu'elles l'aident à faire l'audit en entier. 

En plus de cela, l'auditeur a besoin d'outils accessibles. Il aimerait intervenir tout au long de la fabrication d'un projet ou d'un produit pour améliorer la prise en compte de l'accessibilité dès le début. 

Et côté client, il y a le fait que le client a besoin aussi d'être accompagné après l'audit. Et que le client ou les autres acteurs du Web doivent être sensibilisés à l'accessibilité. Enfin, d'une manière plus générale, il faudrait que la communication avec le client soit facilitée. 

— En parallèle de ces entretiens nous avons aussi réalisé notre questionnaire. Là, l'enjeu était d'interroger un maximum de personnes et de recueillir un maximum de données, notamment sur les freins et les frustrations, et les besoins que pourrait avoir les clients et les auditeurs. 

Pour cela, nous avons diffusé ce questionnaire via un lien sur les réseaux sociaux, notamment LinkedIn, et puis aussi à l'intérieur de différentes entreprises. Grâce à cela, on a pu avoir 69 répondants avec nos différents profils utilisateurs ciblés. 

Ça nous a permis d'appuyer toutes nos observations, finalement et nos apprentissages issus des entretiens. Mais ce questionnaire a quand même ses limites. Parce que par exemple, c'était un lien. Donc, on l’a partagé sur les réseaux. Tout le monde pouvait répondre. 

Ce qui fait qu'on a dû pas mal requalifier les participants. Pour s'assurer que l'on avait bien les bons répondants. C'était bien des clients d'audit, c'était bien des auditeurs. 

Au-delà de ça, dans le questionnaire on a posé beaucoup de questions ouvertes. On ne voulait pas de questions fermées pour ne pas limiter les réponses est vraiment faire en sorte que ce soient vraiment les auditeurs qui nous disent, concrètement, quel était les problèmes spécifiques. Leurs besoins, etc. En posant des questions fermées, c'est nous qui proposons des réponses, elles étaient peut-être pas très bien adaptées. 

Avec des questions ouvertes, ça nous a imposé un gros gros travail de tri des réponses. Globalement, le questionnaire n'a pas été simple à analyser, mais nous y sommes arrivés. Nous avons notamment 3 enseignements majeurs qu'on voulez-vous partager. 

Notamment, le premier sur les frustrations. Nous avons posé la question aux participants : quelle est leur plus grande frustration lorsqu'ils interviennent sur un audit ? 

La majorité a souligné 4 frustrations. Notamment l'absence de correction des erreurs après un audit. Le manque d'implication des clients. Les doutes que l'on peut avoir notamment, lorsque l'on intervient dans la réalisation d'un audit. Et puis le manque de formation des acteurs du Web. 

Ces 4 frustrations représentent plus de 60 % de nos réponses, environ 67 % pour être plus précise. 

— Ensuite, nous avions demandé aux participants ce qui les freinait le plus dans leur travail ? Et les freins qui ont été le plus cité, était le fait qu'il fallait toujours être vigilant et ne pas faire d'erreur quand on réalisait un audit, que le travail était redondant et fastidieux, il y avait beaucoup d'anomalies, et les outils étaient limités et non adaptés. Cela représentent 70 % des réponses obtenues. 

Ensuite, on a demandé aux participants d'essayer de se projeter dans un monde idéal. On propose un outil qui faciliterait la réalisation d'audits. On leur a demandé à quels besoins il devait répondre ? 

Ils nous ont répondu en grande majorité qu'il souhaitait que l'outil automatise les fonctionnalités et actions et qu'en plus de ça, il accompagne aide tout au long de l'audit. Les 2 besoins représentent 65 % environ des réponses obtenues. 

— Finalement, grâce à toutes ces données récoltées via le questionnaire et via les entretiens, on a pu construire nos persona, en UX design, un persona c'est un personnage fictif à partir de données réelles, l'idée est qu'il représente une population utilisateurs ciblée. L'idée c'est que quand on conçoit la solution, d'avoir en tête c'est personas pour que la solution proposée soit vraiment pertinente et tout simplement juste. 

Pour le coup, on a décidé de se concentrer sur les auditeurs.

Pour eux on a construit 3 personas, celui de l'auditeur confirmé, du néo-auditeur et la néo-auditrice malvoyante. En gros, quand on fait un persona, on construit avec une sorte de carte d'identité, et une empathy map. 

Dans ce cas d'identité, on aura la biographie, ses qualités, ses défauts, ses besoins, ses objectifs, ses frustrations. À côté, on a l'empathy map, une représentation visuelle de ce qu'il peut penser, ressentir, ce qui peut faire, dire, ce qu'il entend, et ce qu'il voit. 

Ça permet vraiment, on arrive à imaginer facilement quelqu'un en face de nous. C'est beaucoup plus simple après pour imaginer une solution à un problème, et que cette solution soit pertinente. 

— Pour vous présenter rapidement nos 3 personas je vais commencer par l'auditeur confirmé, il travaille dans le Web déjà depuis quelques années. Il a fait une vingtaine d'audits depuis qu'il travaille dans l'accessibilité. 

Grâce à son expérience, il a une bonne méthodologie. En plus, il a de très bons réflexes. Malgré l'expérience, il peut avoir des doutes lorsqu'il rencontre certains types de critères. 

Ensuite, nous avons le néo auditeur. Lui, vient tout juste d'arriver dans l'accessibilité suite à une reconversion professionnelle. Il n'a fait qu'un seul audit pour l'instant. Il a encore peur de faire des erreurs, d'oublier des choses lorsqu'il réalise son audit. C'est pour cela qu'il est très appliqué dans ce qu'il fait. Il est très content d'apprendre de nouvelles choses grâce à l’accessibilité. Pour le coup, avec son expérience, il doute beaucoup lorsqu'il réalise ses Audit. 

— Enfin, nous avons la néo-auditrice malvoyante qui a un parcours un peu similaire, dans le sens où elle a commencé l'accessibilité et les audit il y a pas longtemps. La différence avec le neo-auditeur est que, elle est née malvoyante, est habitué, à vivre avec son handicap depuis qu'elle est toute petite. Du coup, quand elle fait des audits, elle doit se débrouiller comme elle peut pour les réaliser parce qu'il faut savoir que les outils qu’utilisent les auditeurs pour auditer des sites ne sont pas accessibles eux-mêmes. Du coup elle doit faire avec ça, ce qui fait que dans ses usages, dans sa manière de faire, ça sera différent de la manière de faire du néo auditeur. D'où le fait d'avoir construit des personas différents pour les auditeurs débutants. 

Pour résumer un petit peu, nous avons fait notre recherche avec des entretiens, avec un questionnaire. Ça nous a permis de construire des personas pour chacun, on a pu construire leur carte d'identité, et leur carte d'empathy. On a aussi rajouté une expérience map. C'est une cartographie d'expérience qui permet en fait de découper l'expérience d'un utilisateur en différentes grandes étapes dans laquelle on va pouvoir plus facilement identifier les points bloquants qu'il peut y avoir, et les pistes, les opportunités face aux problèmes qui peuvent être rencontrés à chaque étape ou chaque phase. 

Du coup, on a cartographié l'expérience des auditeurs lorsqu'il réalise un audit, et on peut voir en fait, qu'ils ne font en 5 grandes étapes. D'abord, ils vont préparer le travail, notamment, récupérer tous les accès, identifier les pages stratégiques, ils vont ensuite observer et partir en exploration. Découvrir le site qu'ils doivent auditer. Après, il va y avoir une phase assez importante qui est celle d'analyse des pages et les remplissages des critères sur la grille. Et puis, il va y avoir la préparation des documents en vue de la restitution, notamment le rapport que l'on va remettre au client. Après, il y a cette dernière étape, qui est le moment de la restitution. 

— Globalement, ce qu'on a remarqué grâce à cette experience map c'est qu'il y avait un moment particulièrement difficile pour nos personas, qui était la phase d'analyse des critères et du remplissage de la grille audits.

On a en plus constaté que à ces étapes là que les auditeurs pouvaient se sentir frustrés, préoccupés, et même parfois complètement découragés face à ce qu'ils ont devant eux. En effet, on a constaté que cette étape était vraiment difficile parce que c'est à ce moment-là qu'on a eu le plus de points bloquants. Il était assez important, ce qui nous ont été remontés. 

Par exemple, le fait que c'était difficile de comprendre et de maîtriser les critères. Que les référentiels, RGAA ou WCAG, étaient complexes. De remplir les 106 critères pour chaque page en plus avec des outils pas adaptés, c'était vraiment frustrant. Les auditeurs perdaient du temps avec des tâches répétitives et rébarbatives, en plus de prendre du temps cela demande beaucoup de concentration pour les personnes handicapées. 

On a vu le cas avec des personnes malvoyantes qui ont passé leur temps constamment à devoir zoomer et dézoomer à travers les différentes pages pour essayer de se repérer, ce qui demande beaucoup d'efforts. En plus de cela, il est aussi difficile de trouver les bonnes recommandations pour les critères non validés. 

En plus, c'est compliqué aussi que les recommandations soient pertinentes et compréhensibles par le client. Parce que le client n'est pas toujours sensibilisé à l’accessibilité. Il n'a pas forcément tous les bagages derrière. 

— Du coup, grâce à ses points, nous avons pu formuler le problème qui serait en fait pour nous résoudre. On a formulé de la manière suivante : comment permettre aux auditeurs de réaliser efficacement leurs audits et qu'ils soient exploitables par les clients ? De notre côté, quand on a travaillé sur le sujet, on s’est vraiment concentrer sur les auditeurs, à notre sens pour attaquer le problème, il faut le prendre par cette phase d'analyse et de remplissage des critères. C'est vraiment là où on a vu qu'il y avait le plus de points bloquants. Justement, quand on a des points bloquants, il y a des opportunités, des possibilités d'amélioration. Il y a des idées à aller creuser. Notamment, dans notre recherche, nous avons pu identifier 8 opportunités principales. L'idée serait de faire gagner du temps aux auditeurs, de leur proposer une grille qui soit plus simple, plus facile à utiliser. 

Typiquement, par exemple pouvoir leur permettre par exemple de remplir en une seule fois plusieurs critères qui sont présents sur différentes pages. L'idée serait aussi de leur proposer une grille qui soit flexible qui s'adapte aux besoins des auditeurs, et non pas l'inverse. 

Avoir aussi des outils qui soient accessibles parce qu'aujourd'hui ils ne travaillent pas avec des outils accessibles alors qu'il travaille sur le sujet de l'accessibilité. L'idée serait aussi de proposer de l'aide, de l'accompagnement quand ils en ont besoins. 

Notamment, en leur présentant et en leur proposant des exemples pour les critères. Aussi des recommandations parce qu'il y a un enjeu à faciliter la rédaction de recommandations. 

— Et c'est ici que notre phase de recherche se termine. Mais, c'est quoi la suite ? Après une recherche utilisateur comme on l'a dit un peu plus tôt, en expliquant la méthode UX, pour notre projet, ce qui reste, ce n'est le plus simple justement, c'est d'imaginer et de développer cette solution qui répondrait à tous les points bloquants et aux opportunités, et donc aux besoins des auditeurs en accessibilité. 

Tout au long de notre étude, on s'est souvent demandé : comment les auditeurs tiennent le coup ? Comment ils font pour faire un travail aussi dur ?  Ce qu'on a observé, c'est que malgré le fait que le travail était dur, c'était des personnes passionnées par l'accessibilité. Ils pensent vraiment à l'impact de leur travail aura sur les personnes en situation de handicap. 

En plus de cela, on s'est vraiment rendu compte qu'il y avait une vraie communauté dans l'accessibilité. Elle était vraiment très investie. La preuve, elle s'est beaucoup impliquée pour nous aider dans notre projet d'études. On doit vous dire que toutes les personnes que nous avons rencontrées nous ont vraiment beaucoup touchées. Ça a été fort de découvrir le monde de l'accessibilité et tous ces acteurs. Nous nous sommes rendus compte que l'accessibilité était vraiment importante et que c'était un vrai enjeu. Et que ça nous a donné envie de nous investir. Justement, en tant que UX designer, on a vraiment notre rôle à jouer. 

— Voilà, merci beaucoup à tous pour votre écoute et votre attention. On voulait en profiter justement pour remercier les personnes qui ont pu participer à notre projet de près ou de loin. Et on voulait avoir un spécial remerciement pour les Gobelins, Tanaguru, Ideance, le Certam, l’AVH, A11y Paris bien sûr. Merci à tous, nous sommes là si vous avez des questions. Nous sommes dans les parages aussi. Merci. 

(Applaudissements) 

Questions de la salle

-Merci à vous 2, merci aux deux qui ne sont pas intervenus de venir au centre. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. 

— Lucas de l'entreprise Maéva. Vous avez beaucoup parlé d’audit et d’excel mais il y a la DINUM a sorti un outil qui s'appelle ARA. Est-ce que vous avez pu l'auditer ? 

— Oui, il est sorti juste avant le rendu du projet. Lors des interviews, nous en avons beaucoup parlé avec les utilisateurs, les auditeurs que nous avons interviewés. Ils trouvent que c'était du mieux, mais il manquait encore des fonctionnalités, notamment, il n'y avait pas de capture d'écran possibles, mais on ne s’est pas focalisés beaucoup sur ARA, parce que ce n'était pas notre objectif de recherche. 

— Bonjour, connaissez-vous un outil qui s'appelle Frago ? Il fait à peu près tout ce que vous présentez, peut-être que vous pouvez construire votre solution sur cet outil, puisqu'il manque de briques d'édition.

— Nous avions analysé cette solution, nous nous sommes entretenus avec la personne qui gère, mais cela ne répondait pas à toutes les problématiques. Pour certaines personnes, l'outil était adapté à leurs méthodes de travail. Mais il manquait encore cette subtilité de pouvoir façonner un peu son outil à sa manière de travailler. 

Nous avons parlé des points bloquants à une certaine étape, mais il y a beaucoup de problèmes avant et après l'audit. On se disait qu'il y avait d'autres opportunités pour penser un outil plus large qui ne fait pas juste grille d'audit, mais qui permet peut-être de gérer. 

— Parce qu'il manque cette brique. L'outil n'est pas terminé. Il n'a pas eu le temps de la faire. 

— Du coup, nos données sont accessibles. Elles seront publiées sur le site des Gobelins. Si cette personne est intéressée, elle pourra récupérer aussi ça. 

— D'autres questions ? 

— Et bien je vous remercie. Merci à vous 4. 

(Applaudissements) 

Retour d’expérience sur la mise en place d’une démarche d’accessibilité numérique à la Mutuelle Générale

Intervenante : Claire DERIBREUX (Mutuelle Générale)

— Et depuis 2 ans je travaille au sein de la Mutuelle Générale en tant que responsable design et référente accessibilité numérique. 

Pour ceux qui ne connaissent pas la Mutuelle Générale, comme son nom l’indique, c'est une mutuelle. Nous sommes une société d'assurance santé à but non lucratif. Notre excédent d'exploitation, on ne le reverse pas à des actionnaires. Une partie va servir à notre autofinancement, et une autre va être reversée à nos adhérents, et va aussi servir des actions de solidarité. 

Au sens de la Mutuelle Générale la solidarité et notre valeur première. Elle fait partie de notre ADN, et qui est particulièrement intéressante. Sommes solidaires vis-à-vis de nos adhérents, et de nos employés. Mais bizarrement avant 2022 on ne faisait pas l'accessibilité numérique. Nous étions solidaires de beaucoup de gens, mais pas devant leur écran. 

Quand je suis arrivé en 2021. Comme mon secteur d'activité et le digital, on m'a rapidement proposé de devenir référente accessibilité numérique. Pour la petite histoire, quand on m'a proposé cela je n'avais aucune compétence en accessibilité numérique, je n'en avais jamais fait. Cela aurait pu me faire peur : comment je vais pouvoir piloter un tel chantier, d’une telle envergure alors que je n'y connais rien ? 

Avec du recul je me suis dit : c'est peut-être une bonne opportunité. J'ai en face de moi une entreprise qui débute, moi-même je débute, peut-être que j'aurais le bon rythme, la bonne sémantique pour acculturer l'entreprise. Chaque fois que je vais apprendre quelque chose, je vais le transférer à l'entreprise. Avec cela en tête, j'ai fait quelque chose qui a bien fonctionné : je n'ai pas cherché un prestataire pour qu'il fasse à notre place. Mais je cherchais un prestataire pour qu'il m’aide à être auto autonome.

Cela fait un an et demi que nous travaillons avec Ideance, notre partenaire. Nous avons fait des choses chouettes. En 2022, nous avons travaillé sur différents sujets. Bien sûrs nous avons commencé par des sessions de sensibilisation de l'ensemble des collaborateurs, et puis de formation des différents profils, moi en premier. 

Au fil de ces cessions de sensibilisation et de formation, on a commencé à être assez à l'aise avec mon équipe, pour commencer à rédiger des fiches de bonnes pratiques. J'ai mis des exemples. PRemière fiche de bonnes pratiques qu’on a créée. On s’est dit : qu'est-ce qui pourrait intéresser des collaborateurs ? Qu'est-ce qui fait partie de leur quotidien ? Comment les accompagner à créer du contenu accessible ? Nous avons rédigé les premières fiches pour la création de PowerPoint accessible. 

Et puis toujours en continuant à être formée, j'étais de plus en plus à l'aise je me suis mis à la rédaction de stratégie d'entreprise, j'ai rédigé le schéma pluriannuel d’accessibilité numérique 2022-2024. Accompagné du premier plan d’actions 2022 et du deuxième plan d’actions 2023. J'ai vraiment eu à cœur de le faire moi-même. J'ai un partenaire qui me conseille, qui m'aide à avancer, mais je cherche à faire par moi-même. 

Par ailleurs, en novembre dernier, nous avons eu le mois du handicap, que l'on a animé pendant un mois entier au sein de l'entreprise. On a repris ces premières bonnes pratiques que nous avions initiées au sein de l'entreprise, et nous les avons diffusées tout au long du mois du handicap, en faisant des publications Yammer plusieurs fois par semaine, en expliquant les bonnes pratiques du quotidien : ne pas faire passer une information uniquement par la couleur... ce genre de bonnes pratiques 

A côté de ça on a créé et produit des vidéos, que nous avons également communiquées en interne. Que nous avons diffusées sur YouTube. Vous pouvez aller sur notre chaîne YouTube pour voir ces différentes bonnes pratiques. 

Et nous avons commencé à faire un premier référentiel de bonnes pratiques, mais qui sont plus formatées, avec un vrai logo “mois du handicap”, une vraie mise en page, pour pouvoir l'imprime, et le distribuer en interne. Toujours pendant ce mois du handicap, lors d’un quizz accessibilité numérique qu’on a diffusé en interne.

De mon côté j'ai commencé à être plus à l'aise, à faire des prises de parole en interne et en externe, comme aujourd'hui. Par exemple là, on commence à travailler sur des chantiers un peu plus complexes, on est en train de faire nos propres fiches persona, nous sommes très inspirés par ce qu’a pu faire Orange, et mais nous avons décidé de faire nos propres fiches, avec des interviews, et pas mal de recherche pour avoir des fiches persona. 

Ce qui a bien fonctionné, c'est que pendant que mon équipe avançait sur ces sujets qui sont devenus à notre mesure, pendant ce temps notre partenaire accessibilité numérique en parallèle a commencé à s'attaquer à des sujets plus complexes. J’entends par là, la formation des collaborateurs internes, la conduite d'audits de conformité et suivi des correctifs. Le premier apprentissage c'est que cela nous a permis d'aller beaucoup plus vite. Faire les choses par soi-même, cela permet d'avancer en parallèle. 

J'ai mis le bilan de la première année, 2022. Il est plutôt positif. Il y a des choses que nous avons un peu réussies, d'autres moins. Nous avons travaillé sur deux piliers : la mise en conformité de certaines de nos interfaces numériques et l'acculturation des collaborateurs. 

Quelque chose qui a bien fonctionné en termes d’acculturation : j'ai pu former 100 % des designers UX/UI, j'ai formé 100 % des designers au cours de cette première année. On a eu des designers qui commençaient à être autonomes. À avoir de bons réflexes, penser accessibilité numérique quand il composait des composants, des interfaces. Cela a bien fonctionné. 

Il y a des choses qui ont au moins fonctionné, dans la mise en conformité, on a audité des pages de notre espace adhérent qui est l'espace personnel de l'adhérent. C'est dans cet espace que l'on communique avec lui. Cet espace n’est qu’à 37 % des critères d'accessibilité respectée. C'est très faible. Ça sera un focus pour nous cette année ou l'année prochaine. Il y a des efforts qui devront être mis sur cette interface. 

Quoiqu’il en soit le bilan est plutôt positif. J'étais assez contente surtout pour une entreprise débutante. Au bout d'un moment, quelque chose a commencé à nous rattraper. Je ne sais pas si cela vous concerne aussi. J'étais dans une bonne dynamique. Et au bout d'un an cette dynamique s'essouffle. C'est un peu comme si le soufflet était en train de tomber. Je comprends pas bien. Je suis à fond, j'ai une bonne équipe. Je sentais un engouement au début mais il y a quelque chose que je ne comprends pas et qui se passe. Les gens sont là et ça avance moins vite, c'est plus compliqué. 

Je ne sais pas si cela vous concerne, si c'est commun ? Pour vous montrer un peu les étapes par lesquelles je suis passées, je vous ai mis les échanges que j’ai pu avoir. Au début de la démarche, j'ai des gens qui me parlent de sujets priorisés, et donne des dates des mises en production etc. 

Je me dis : super… ensuite, on me dit : en fin de compte, on n'a pas autant de temps que ça. On peut se parler mais ce sera plutôt en fin de semaine de 17h30 à 18h00. Et enfin, dernier message que j'ai envoyé il y a 2 semaines : je demande à une personne de faire des retours sur des correctifs. La personne j'attends encore sa réponse. Elle n'a pas fait les correctifs n'a pas eu le temps. Et elle n’a pas très envie de me le dire. 

Quand je vois ça, je me dis : je comprends pas. 

J'ai une belle dynamique, on est à fond, je sens qu'il y a quelque chose qui manque. Alors, je ne peux pas mettre le doigt sur ce qui dysfonctionne. Comment vais-je m'en sortir ? 

Je vais avoir une approche de designers. Je commence par schématiser l'organisation de l'accessibilité numérique dans l'entreprise. Je vous ai mis une vue d'ensemble. Ce n'est pas pour que vous voyez le détail : c'est pour montrer que j'avais besoin de cette vue d'ensemble pour me dire : OK, aujourd'hui, qu'est-ce que l'on fait ? Comment on avance ? Je me suis fait un premier flux avec l'ensemble des acteurs. Je me suis dit : OK, avec qui je travaille ? Qui sont les interlocuteurs ? Des fois je travaille avec des designers, j'ai un flux de design, avec les développeurs, j'ai un flux de développeur. Ensuite je fais la totale, j’ai un audit, donc j'ai un flux audite. Ensuite je réfléchis : dans quel ordre on fait les choses. Je fais étape par étape dans tous les flux. Comment j'avance sur l'accessibilité numérique avec tous ses acteurs. 

Ensuite j'ai fait deux choses : je cherche à trouver où il y avait des problèmes. Là, c’est mes petits pouces rouges vers le bas qui sont les endroits où, dans ces process, ça dysfonctionne. En dehors de cela, il y a des pouces jaunes vers le haut qui sont ou des solutions que j'ai déjà implémentées qui fonctionne bien ou des idées de solutions que j'aimerais bien tester. 

Et quand j'ai posé ça, déjà ça m’a rassuré parce que j’avais quelque chose devant les yeux et je commençais à comprendre des choses. Et ça c’était déjà pas mal. Et quand j’ai eu le recul, je me suis dit : mais en fait c'est ça la clé ! 

Depuis un an, je me focalise sur les résultats, je cherche le pourcentage d'accessibilité. Mais ce n'est pas ça qu'il faut, ma priorité c'est l'organisation et les process. Une fois que j’aurais mis en place une organisation solide, alors j'aurais été résultat. Mais les résultats ne m’apporteront pas une organisation solide. C'est pour cela que maintenant, je sais que ma priorité cette année, va être de solidifier cette organisation. 

De loin, quand je regardais cela, le flux de design, c'est plutôt bien. C'est mon expertise. Je maîtrise le design, c'est facile pour moi de piloter cette partie. Les développeurs ont été formés. Ils ont de bonnes habitudes. Et puis d'un point de vue géographie dans l'entreprise je suis à côté du designer. C'est l'open-space d’à-côté. En cas de questions on se voit on peut se voir au déjeuner. 

Quand je regarde le flux de développement, ça, c'est plus complexe parce que ce n'est pas mon expertise. Souvent dans les réunions, je comprends pas leur jargon. Les acteurs sont éloignés de moi. On travaille avec des développeurs externes dans différentes entreprises. Je suis en face d'une boîte noire. Ces gens, je ne les ai jamais vus. Je me dis : il faut que je fasse ce que je faisais au début je vais y aller. Jusque là il m'est arrivé de pas aller dans certaine restitution parce que je vais rien comprendre donc j'y vais pas. Non, maintenant, je prends les choses à l'inverse. Je suis partout parce que j'ai un rôle de facilitatrice à jouer. Je vais aller dans ces restitutions, les réunions de travail avec le développer. 

Donc aujourd’hui, j'ai trouvé 3 problèmes que j’ai identifiés. Et pour lesquels j’ai commencé à trouver des solutions et on pourra en parler après coup. Dans mon flux audit, par audit j'entends le fait d'auditer l'intégralité d'un site dans le but d'avoir un ensemble de correctifs et de faire un pourcentage d'accessibilité et de faire une déclaration d'accessibilité. J'espère que vous voyez bien. 

Dans ce flux, j'avais remarqué que souvent mon partenaire, Idéance, restituait un audit mais pendant la restitution je n'avais pas de discussions en séance. Ok, j'avais 2, 3 questions mais je ne sentais pas l'échange. Et en sortant des restitutions je me disais, ah... il y a quelque chose qui a manqué. Et ça je me l'expliquais par différents facteurs.  Le fait que les développeurs ont rarement du temps dédié à l'accessibilité numérique. Donc en amont de la restitution ils ne vont pas analyser l'audit et de fait ils vont arriver à la restitution ils vont être un peu submergés par toutes ces informations. A la volée, ils n’arrivent pas à trouver leurs questions, à analyser tous les impacts que ça peut avoir. Ils sont dans une position assez passive où ils récupèrent l’ensemble de ces informations. Et il n’y a pas vraiment des discussions. 

La façon… pardon j’en oublie (Rires) 

Les développeurs ils commencent vraiment à se poser les bonnes questions et à comprendre les implications quand ils auront les mains dans le cambouis. A ce moment-là ce sera trop tard parce que le partenaire ne sera plus dans la pièce. Ça sera difficile de poser des questions. Il faudra poser des questions, mais comme je vous le disais, chez nous il y a plein d'intermédiaire en interne et après c'est compliqué. La plupart du temps, le développeur se dit : bon ben ça, j'ai pas réussi. Je pose le crayon et puis on verra bien. 

On arrive à des moments où on fait faire des audits et on nous donne 100 % des correctifs mais on travaille que sur 50 % parce qu'il y a des choses, dont aurait dû parler. C'est compliqué. Et moi j’ai des développeurs qui posent le crayon et puis ça s'arrête-là. 

J'ai décidé d'implémenter, je vais l'implémenter. Le product owner, PO en interne, vont prévoir des tickets ou des sprint dédiés à l'étude de l’audit en amont de la restitution. C'est un temps où les développeurs vont avoir 3, 4 heures si c’est un ticket, beaucoup plus de temps si c’est un sprint dédié. C'est un temps dédié d'analyse audit. Ils ont commencé à avoir 2 ou 3 audits il y a des choses qui peuvent être identifiées comme : OK, tout ça je sais. J'ai pas vraiment de questions à poser. Par contre, ici, j’ai telle et telle questions et sur ces 3 correctifs demandés, je vois toutes les applications chez nous. C'est peut-être facile mais chez nous ça sera compliqué parce qu'on utilise le même socle technique sur différents sites. Et donc, ça sera plus compliqué. Ils ont vraiment ce temps d'analyse. Et ensuite, l'idée c’est de renverser la vapeur. On est plus dans une réunion de restitution du partenaire d'accessibilité numérique vers nous, on est dans un atelier collaboratif animé par nous, sur des thématiques que l'on a identifiés. 

Et, du coup, bien sûr je dois être bien plus présente ! (Rires) Je l'ai été, mais il faut que je joue ce rôle de facilitatrice. Même si ce n'est pas encore mon langage. C'est clé. Et normalement si on a des discussions et que les échanges sont clairs, on a une capacité de rédiger les tickets en séances. 

J’ai un autre problème assez lié à celui-ci. Toujours dans mon flux d’audit et même un peu mon flux de développement.  Je remarque que quand Ideance, notre prestataire, audite un site existant, on a un résultat qui est décevant. Il y a des gens qui bossent ils font les correctifs mais c'est décevant. Je l'analyse de différentes façons. 

Déjà, on vient de se mettre à l’accessibilité numérique, on commence d’assez loin et donc on n'a pas forcément des taux incroyables. Par ailleurs, par exemple on a décidé de faire l'audit du site de la Mutuelle Générale. Ce site a été fait il y a 3 ans. On demande aux développeurs de travailler sur un site. Si ça se trouve c’est pas eux qui ont travaillé dessus c'étaient quelqu'un d'autre. Ils l’auraient codé différemment, donc ça leur parle pas trop. Et par ailleurs, si c'est eux, ils l'ont fait il y a 3 ans. Ils vont se remettre dans le bain. Et les développeurs à nouveau vont avoir cet ensemble de correctifs sur quelque chose qu'ils n'ont plus en tête. Ça sera compliqué. Et ils vont poser le crayon et c'est la même chose. On va arriver à des taux qui ne sont pas aussi bons qu'espérés. C'est quelque chose que l'on a implémenté, c'est notre partenaire Idéance qui nous l'a recommandé et qui marche bien. 

On a décidé de poser le crayon, de mettre une pause aux audits. On s’est dit les audits, c'est pas grave, on va les faire dans 6 mois. En attendant, qu’est-ce qu’on fait. On a décidé d'intégrer des revues d'accessibilité dans le flux de développement des composants. C'est-à-dire que les développeurs lorsqu'ils vont développer un composant, ils vont tout de suite demander à Idéance de faire une revue d'accessibilité. 

C'est déjà arrivé : il faut se dire qu'à 17 heures le développeur, il a fini son composant. Il l’envoie à Ideance. Il ferme son ordinateur. Il va chercher son gamin. Et Ideance se dit, si c'est le vendredi, allez : 17-18h ? Il fait l'audit vite fait. Et le lendemain matin la personne qui a conçu ce composant, c’est très frais dans son esprit, reçoit les recommandations et il se dit :9 heures/10 heures, allez je tente. Et il y va. On a vraiment ce cercle vertueux parce que on a des petites boucles itératives qui font qu'il y a un vrai bel échange. Et puis aussi ça permet aux développeurs d'avoir un vrai plan de qualité. Quand on travaille sur un composant, on peut y dédier 2 heures. On peut réaliser des choses. Ils se forment, ils se forment. Tout cela est frais. On leur donne la clé tout de suite pour le rendre 100% accessible. On commence à avoir des choses qui nous arrivent et qui sont à auditer et qui sont pas mal quand on pense à ce qui était livré au début. 

Je ne sais pas l'heure qu'il est. 

Je vais finir sur un tout dernier exemple je vais traiter un élément que l'on connaît tous, le planning. 

Dans notre flux de développement, les PO vont partager un planning de sprints à moyen terme. Dans 3 ou 4 mois il va se passer ceci et cela. Ils vont jusque à dire qu'il y aura de revues d'accessibilité le 25 juillet. Ok on le note sur nos tablettes, on fait le staffing etc... Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais il faut savoir que nous, en interne les plannings glissent beaucoup. L'accessibilité numérique n'est pas priorisée. Il y a des choses qui nous passent devant. On avait prévu le 25 et 26 et le prestataire est prêt nous ne sommes pas prêts. Du coup, on décale. Mais quand on est prêt, c’est le prestataire qui est sur autre chose...

Il y avait un vrai problème de pouvoir travailler et respecter nos plannings. Ce que l'on est en train d'implémenter c'est de garder cette road map à 3 ou 4 mois. Celle-là nous intéresse, ok elle glisse mais elle donne les grandes orientations. Elle nous dit il y aura la page d'accueil, ensuite il y aura les pages institutionnelles. Cela donne une direction. Par ailleurs, en début de chaque sprint. Chez nous les sprints ils font 2 semaines. Les PO va faire une revue de staffing de 30 minutes avec, bien sûr, moi et l’équipe d’Ideance, il va synthétiser les éléments du sprint à venir et va nous dire si, oui ou non, il faut prévoir du temps à la fin du sprint pour une revue d'accessibilité. Ça fonctionne extrêmement bien. On a la chance d'avoir un partenaire qui agit. Et qui deux semaines à l’avance sait s'il pourra trouver du temps pour faire la revue d'accessibilité. Ces petites boucles iteratives marchent très bien. 

Lorsqu'on a mis cela en place, ces rituels, ils sont fondamentaux... de trouver les bons rituels pour avancer sur la démarche. 

J'ai parlé des revues de staffing. Autre chose que l'on va implémenter bientôt, ce sont des retrospectives dans une démarche agile. A la fin de chaque étape, concrètement de savoir : qu’est-ce qui s’est bien passé ? qu'est-ce qu’on garde ? Qu’est-ce qui ne marche pas et ou on arrête de le faire ou alors on l’améliore ? Et qu'est-ce qui est de l'ordre de la bonne idée et que l'on pourrait essayer ? Une fois qu'on a fait la rétrospective on peut avoir une liste d'actions pour améliorer les choses. On est vraiment dans une démarche d’amélioration continue.

S'il y avait une seule chose à retenir, c'est mon apprentissage que je partage en tout cas aujourd'hui. J'espère qu'il pourra vous sera utile. C'est ce que je disais tout à l'heure, personnellement, je vais mettre en place une organisation et des process solides avant de me focaliser sur des résultats. Je pense que c'est absolument clé. 

Je vous remercie pour votre écoute. J'espère que vous avez des questions. 

(Applaudissements) 

— Si vous avez des questions, n'hésitez pas. 

Questions de la salle

— Bonjour. Simon Bonaventure, j'ai une question, je suis désolé je suis arrivé en cours de présentation. Une question sur la présentation que vous avez faite, du travail avec votre partenaire, où il intervient de manière itérative sur des temps très court. D'un point de vue contractuel, avec votre prestataire pour le coup, vous avez trouvé un mode d'organisation suffisamment fluide ? 

— Oui. La solution trouvée, c'est que l'on fait, je ne connais pas le mot français un retainer… on a… je ne sais pas comment le dire.  On a un nombre de jours que l'on peut consommer, après, on a une fiche de suivi. À chaque fois qu'il y a une boucle itérative, la personne travaille, saisie son temps. On fait des tranches de 20 jours. Voilà, après ça laisse assez de temps pour dire : là, on est en train de baisser, je reprends 10, 20 jours ou 30 jours. Voilà. 

— Bonjour, Nathan de Sonarvision vous avez parlé de votre partenaire qui fait des audits, des développeurs et des prestataires potentiellement ailleurs. Est-ce que vous êtes en contact avec les clients de la Mutuelle Générale qui sont directement impactés par ces améliorations de l’accessibilité, les personnes en situation de handicap ? 

— Maintenant, nous avons bien sûr fait notre déclaration d'accessibilité sur le site de la Mutuelle Générale. On y stipule le contact de la référente. Déjà ça nous permet d'avoir des premières prises de contact de personnes qui nous remontent certains problèmes rencontrés. C'est déjà quelque chose de nouveau pour nous. Par ailleurs, je ne cache pas tant dans l'équipe design, on avait mis les tests utilisateurs, les études ethnographiques dans le premier plan d'action. (Rires). On sait que c'est comme ça que ça marche que ça fonctionne. On n'a pas eu voix au chapitre, dans le sens où ce n'était pas la priorité des priorités. Pour nous, c'est fondamental de pouvoir tester nos interfaces avec des personnes en situation de handicap. 

Et de pouvoir a minima, avoir des enquêtes de satisfaction en fin de parcours permettant à certaines personnes de nous stipuler quand ils ont eu des soucis. Mais, c'est clairement une priorité pour le département design, ce n'est toujours pas dans le plan d'action 2023, mais ça sera pour 2024. 

— D'autres questions ? 

— Bonjour, Justin, développeur front. Je voulais savoir ce qui vous a fait choisir de passer par une agence, plutôt qu'un recrutement en interne pour vous audits d'accessibilité ? 

— L'idée, c'était : on est parti de 0. On ne savait pas trop. Un recrutement, c'est quand même un acte assez conséquent au tout début. N'ayant pas de compétences, l'idée était de se faire former. C'est ce qui nous a paru le plus judicieux. C'est vrai qu'on aurait pu avoir quelqu'un directement en interne. Je pense que ça viendra plus tard. 

(Arrêt de la vidéo)

Parce que justement, maintenant, on a facilité la prise de contact avec la référente accessibilité numérique. Je pense qu'à terme, ça va devenir… 

(Reprise de la vidéo)

Là, ça me prend je dirais… la moitié de mon temps. Je pense qu'à terme, il faudra une personne qui soit full time. Et je l'espère. 

— Bonjour, on a eu une super conférence de la Caisse des dépôts et consignations ce matin, c'était vraiment extraordinaire. Il y avait d'autres référents accessibilité, on a posé la question de savoir s'ils allaient mettre en ligne des documents, des processus que vous auriez mis en place. Vous n'avez peut-être pas mis en place ? Est-ce que vous échangez des manières de travailler entre référents ? Vous êtes pas nombreux en France, ça vous permettrait d'avancer. 

— C'est vrai que je ne l'ai pas prévu car je n'ai pas eu les détails de comment faire. Mais je suis très ouverte à partager tout ce que j'ai pu faire et à échanger avec toutes les personnes qui ont envie d'échanger. 

Bien évidemment je mettrai tout cela à disposition par des bonnes résolutions lisibles. Par ailleurs, étant nouvellement référente j'avoue ne pas connaître les autres référents. (Rires). Je serais ravi de pouvoir échanger, je pense qu'on peut se nourrir les uns les autres. 

— Une autre question ? 

— Bonjour, Nicolas F. développeur front au crédit agricole. Je voulais vous demander pour tout ce qui est analyse d'audit. C'était la partie un peu difficile. Que la conformité était difficile à atteindre sur les anciens écrans. Vous parlez d'audit de composants, de nouveaux composants qui sont créés. Vous en êtes-vous sur les anciens ? Est-ce que vous avez réussi à obtenir un niveau de conformité à 100 % ? 

— Comme nous débutons, on commence à faire différents sites. Pour l'instant, on n'a pas réussi à auditer tous les sites. Par ailleurs, on est peut-être allé vers la simplicité mais vers les sites qui sont amenés à être refondus. La Mutuelle Générale, justement, nous sommes en train de faire la refonte. Nous sommes plutôt à présenter les nouveaux… comment dire ? À auditer des nouveaux composants plus que des anciens. 

Alors, les anciens, nous sommes en train d'y travailler. L'idée serait plutôt, c'est plutôt ce vers quoi je vais. En tout cas je l'ai inscrit au plan d'action. Je préférerais auditer… on a un Design System qui est naissant. Tout est un peu naissant chez nous. Le focus sera d'auditer les composants dans notre Design System, après de toute façon ils infusent nos différents sites. On a un socle technique que l'on partage entre nos sites avec des composants qu'on réutilise dans différents sites. C'est vers cela que nous allons aller pour aller atteindre les composants existants. 

— En tout cas, vous laissez tomber complètement les anciens composants ? Vous n'allez pas les corriger ? Vous attendez d'avoir les nouveaux pour les intégrer ? 

— C'est là que ce n'est pas facile. Il en aura les anciens que nous allons garder. Une grande partie seront des nouveaux composants. C’est un peu la complexité d'avoir le Design System et l'accessibilité ou l'opportunité, d'avoir ça en même temps. On va essayer de faire cohabiter 2 générations de composants. 

— Merci. 

— Y a-t-il une autre question ? 

— Merci à tous. 

(Applaudissements) 

— À bientôt. 

(Applaudissements) 

Baromètre de l’accessibilité numérique des bibliothèques de lecture publique : restitution de la 4e édition

Intervenantes :

Karine BARDARY (Com'access)

Vanessa VAN ATTEN (ministère de la Culture)

En 2014. Donc c'est une initiative conjointe entre l'association BrailleNet qui a malheureusement fermé depuis et la société de consultants Tosca qui est spécialisée dans les bibliothèques, qui a réalisé une première édition du baromètre qui portait uniquement sur les sites et portails de bibliothèques. 

Ensuite, il y a une édition en 2016, qui a élargi le périmètre de cette étude, avec un premier volet sur les sites et portails de bibliothèques comme en 2014 mais également avec un volet sur ce que l'on appelle « des SIGB », système intégré de gestion de bibliothèques, avec leur versant publique que sont les catalogues en ligne, et un 3e volet portant sur l’accessibilité des plates-formes des ressources numériques. Il y a eu une autre édition en 2019.

Et nous allons vous présenter avec Karine, la dernière édition, dont les résultats ont été publiés hier sur le site du ministère de la culture, en 2023. 

Nous avons travaillé déjà pour la précédente édition avec Karine pour la société Com'access, et également avec Frédéric Halna que tout le monde connaît je crois dans la salle. Ils ont été les 2 sociétés chargées de réaliser cette étude. Et nous avons bien sûr un comité de pilotage, derrière, avec l'association des bibliothécaires de France, avec une association professionnelle qui suit les questions relatives aux logiciels des bibliothèques, une autre qui suit les questions relatives aux ressources numériques en bibliothèques, avec l'association Valentin Haüy, la Bibliothèque nationale de France, la bibliothèque publique d'information, et c'est bon, je n'ai oublié personne je pense. 

Ces questions-là bien sûr sont très importantes pour nous, au service du livre et de la lecture, parce que cela touche vraiment à nos missions d'accès à l'information, à la culture, aux loisirs etc... C'est inscrit dans notre ADN. C’était normal pour nous que l'on s'intéresse à ces questions-là d'accessibilité numérique, pour que tous nos concitoyens puissent accéder aux informations dont ils ont besoin. 

Il y a aussi des questions qui sont liées à l'accessibilité du livre numérique, cela a été évoqué ce matin et cet après-midi, avec les directives européennes, etc... Je précise toutefois que les différentes éditions de ce baromètre n'ont pas analysé les contenus numériques eux-mêmes, leur accessibilité ne fait pas partie du périmètre de cette étude. On s'arrête vraiment aux plates-formes, aux portails des sites. Et jusqu'à la façon d'accéder à la ressource elle-même, mais nous n'avons pas évalué l'accessibilité des ressources elles-mêmes. 

Voilà. Je vais peut-être arrêter là. Et je répondrai aux questions avec Karine, en fin de présentation. 

— Karine Bardary, bonjour. Le baromètre, cette année, était composé de 3 volets. 

Un premier volet qui consiste à l'analyse des sites Web et des portails de bibliothèques. Avec une analyse quantitative sur 132 sites de bibliothèques, et qualitatives, sur 7 sites de bibliothèques. 

Il y avait un 2e volet qui concernait le baromètre de l'accessibilité des OPAC : Online publics Access catalog, dont Vanessa a parlé tout à l'heure. Nous avons testé 8 OPAC. 

Et le volet numéro 3 consiste dans le baromètre de l'accessibilité des sites de ressources numériques. Nous avons analysé 9 sites de ressources numériques. 

Pour entrer un petit plus dans les détails, au niveau de l'analyse quantitative du volet 1, nous avons analysé 132 bibliothèques, qui ont été choisies pour être représentatives des bibliothèques en France, donc on avait 120 bibliothèques municipales et intercommunales, 10 départementales et 2 bibliothèques nationales

L’analyse qualitative a porté sur 7 bibliothèques que je vais vous citer : qui sont les médiathèques de Mauguio-Carnon, les bibliothèques de Juaye-Mondaye, les médiathèques de Plaine Limagne, les bibliothèques médiathèques des Portes du Hainaut, les médiathèques de Perpignan Méditerranée Métropole, les médiathèques de Rennes Métropole, et la bibliothèque numérique de la Ville de Paris. 

Nous reviendrons plus tard sur les résultats. 

Pour le volet 2, nous avons analysé 8 OPAC, qui ont été sélectionnées par la Fulbi, qui avait accepté de participer à l’étude :  sont BGM (éditeur GMInvent), Syracuse (éditeur Archimed) Orphée média (éditeur C3rb Informatique), OPAC 3D (éditeur Decalog), Iguana (éditeur Infor/ Axiell/ Iguana), InMedia (éditeur Port Folio/ InMedia/ Bibliomondo), PMB (éditeur PMB services/ SIGB.net), Take Advantage (éditeur Progilone). 

Je vais faire un petit a parte. On avait 8 OPAC au départ, l'idée était d'analyser dans les sites de démonstration, et dans les sites de production. Nous avons demandé des accès et 1 OPAC a été éliminé, entre guillemets, parce que nous n'avons pas reçu les informations à temps. Nous avons dû le supprimer des analyses. Si vous consultez le rapport sur le site du ministère de la culture, vous verrez que seulement 7 OPAC ont été analysés. 

Dans le volet 3, on a analysé 9 sites de ressources numériques qui sont : Tout apprendre, Skileos, Cafeyn, VoD Madiathèque Numériqe (Arte), Music Me, Philarmonie, Story Play’r, Whisperies et Bibliovox (Cyberlibris).

Les objectifs du volet 1 étaient de vérifier la conformité du site, c'est-à-dire : est-ce que les 132 sites analysés avaient, sur leur page d'accueil, une mention d'accessibilité, qui est requise par la loi ? Est-ce qu'ils ont publié une déclaration de conformité aux RGAA, qui est également requis ? Et nous avons aussi contrôlé la validité de la déclaration de conformité. Nous avons également vérifié que la validité de l'accessibilité des moyens de contact, parce qu'un utilisateur qui ne peut pas accéder à un site Web, doit pouvoir le signaler, il doit avoir une voie de recours, et signaler qu'il ne peut pas accéder correctement. 

Dans cette analyse quantitative du volet 1 nous avons également étudié la présence de solutions d'aide à la navigation. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été mises en place pour faciliter la navigation des utilisateurs ? On dépasse un peu le cadre du RGAA, le fameux référentiel général d'amélioration de l'accessibilité, mais ce sont quand même des choses importantes pour les utilisateurs. 

Ensuite, nous avons fait une analyse automatique du niveau d'accessibilité des pages d'accueil de chaque site, avec l'outil Tanaguru, qui est un outil d'analyse automatique, qui analyse environ, cela vous a été dit, 30 % des critères du RGAA, qui sont analysés automatiquement. Ça donne donc un premier niveau d'accès des informations. 

Ça va peut-être être un peu petit ! Si vous avez de bons yeux, ça va aller (Rires). Sinon, mettez vos lunettes. Je vais lire ce sera plus simple. 

En ce qui concerne la conformité du site et la présence de la mention d'accessibilité en page d'accueil, on a seulement 2 sites sur 132 qui avaient une mention d'accessibilité en page d'accueil. Je vous laisse calculer le pourcentage ! 

On peut quand même noter qu'il y a 37 sites 132 qui affichent une page “politique d'accessibilité”. OK, ils commencent à se poser la question de l'accessibilité, d'avoir une politique d'accessibilité. En 2019 il y en avait 22. On est en progrès. Il faut voir le côté positif. 

En termes de publication de la déclaration de conformité aux RGAA, on a 10 sites sur 132 qui affichent une déclaration de conformité. Il y en avait 1 en 2019. On a progressé. 

Si on regarde la validité de la déclaration de conformité, il n'y en a plus que 2. Les autres ont des RGAA qui datent un petit peu ou des petites choses qui ne sont pas correctes. 

Concernant l'accessibilité des moyens de contact, on est bien meilleurs : on a 120 sites proposent un moyen de contact partiellement ou totalement accessible. Un utilisateur qui aura des problèmes d'accès pourra le dire, c'est déjà ça ! 

On a également vérifié la présence de solutions d'aide à la navigation. Cela ne permet pas d'avoir un site accessible, évidemment, mais ça peut quand même faciliter la vie.  Quand je parle d'aide à la navigation, ça va être la possibilité de modifier l'apparence du site, d'avoir des contrastes plus marqués pour les personnes malvoyantes, d'avoir des polices plus grosses, des choses qui vont vous faciliter la vie, et vous permettre de naviguer. On a 52 sites de l'échantillon, qui ont mis en place des solutions d'aide à la navigation. Cela peut être également la lecture audio, la possibilité de lire en audio les pages. 

Maintenant, si on passe à l'analyse automatique du niveau d'accessibilité, avec Tanaguru, nous avons analysé la page d'accueil, et sur la page d'accueil, on a un score moyen de 39 % de conformité. Il a baissé par rapport à 2019, parce qu'on avait 52 %. En revanche, il faut quand même mettre un bémol : l'outil Tanaguru a beaucoup progressé entre-temps. Les échantillons ont évolué entre 2019 et 2022. On n'a pas évalué les mêmes sites. Il y a sans doute un biais qui a été intégré. En revanche on a quand même 39 % de conformité. 

Informations importantes également : nous avons compté le nombre d'anomalies qu'il pouvait y avoir sur les pages d'accueil. Il y a une majeure partie des 132 sites qui ont plus de 100 anomalies, rien que sur une page. Et seulement 27 sites au moins de 40 anomalies. 40 anomalies, c'est déjà beaucoup pour une seule page ! 100 anomalies, je vous laisse juger. Voilà pour les résultats de l'analyse quantitative. 

Maintenant, analyse qualitative. Comment on a fait notre analyse qualitative ? On a essayé d'imaginer un scénario, d'un utilisateur qui viendrait sur le site d'une bibliothèque. Ça va marcher aussi pour les volets 2 et 3, les OPAC et les ressources numériques. Un utilisateur qu’est-ce qu’il va vouloir faire ? Il vient sur le site d'une bibliothèque, en général, pour réserver un livre ou une ressource numérique, ou quelque chose. Il a quand même une idée quand il vient sur un site. 

Il pourra se connecter à son compte. On va imaginer ensuite qu'il va consulter la page d'accueil du site. Il va lancer une recherche par ce qu’il cherche un livre en particulier. Il va lancer une recherche. Il va visualiser et consulter les résultats de la recherche. Il va pouvoir sélectionner le titre, l'ouvrage qui correspond à sa recherche. Il va pouvoir afficher les informations relatives au roman. Il pourra réserver son roman et consulter la ressource. Toutes ces actions sont des actions qu'un utilisateur a envie de faire, qu'il voudrait faire quand il arrive sur un site de biliothèque.

Notre but dans le baromètre c'est de vérifier s'il pouvait le faire et comment il pouvait le faire. On a fait des tests manuels. C'est une analyse manuelle qui prend en compte plusieurs critères d'accessibilité. La navigation, la pertinence de l'information, la restitution par les lecteurs d’écran et également la simplicité pour trouver des informations. Vous pouvez avoir des informations accessibles, si elles sont très compliquées à trouver vous aurez perdu les utilisateurs avant qu'ils réussissent à trouver l’information.

C’est pour cela qu’on a intégré une notation sur la simplicité des interfaces et la cohérence de la structuration de l'information. Également, il y a un critère qui permet de noter la capacité d'un utilisateur à rejouer un scénario de parcours. 

Je m’explique. Imaginez un utilisateur aveugle qui arrive sur un site de bibliothèque. Ça va plutôt bien, ça se passe plutôt bien. Manque de pot : le bouton “valider” est mal étiqueté. À la place de “valider”, le lecteur va restituer quelque chose que la personne avaugle ne comprendra pas. 

En revanche, on se dit que la personne aveugle, une fois qu'elle aura compris que ce bouton qui s'appelle Tartampion au lieu de " valider ". Quand on aura compris qu’il est à cet endroit-là et qu'il s'appelle Tartampion, elle va pouvoir revenir sur le site. C'est ce que l'on appelle la reproductibilité. La personne, soit avec une aide extérieure, soit en apprenant elle-même, elle va pouvoir quand même accéder aux informations. Ça sera pas complètement impossible pour elle. Ça va lui demander de l'adaptation et un peu de travail. Mais elle y arrivera. C'est l'une des notes que l'on attribue sur le baromètre. 

On a classé les tests manuels en 3 rubriques : la conformité des éléments interface. Ça va être : est-ce que la page à un titre ? Est-ce que la page à des liens d’évitement ? Est-ce que les rubriques sont suffisamment contrastées ? Est-ce que l'agrandissement est possible ? Est-ce que l'ordre de tabulation est correct ? Est-ce que j'ai les informations dans le bon ordre ? Est-ce que le focus est visible ? Est-ce que la page est structurée ? Les intitulés de liens et de boutons et de formulaires... 

Deuxième point : on a noté également la présence et la pertinence de certaines fonctionnalités. Certaines fonctionnalités, c’est par exemple, une fonction de recherche. Le moteur de recherche : est-ce qu'il existe ? Est-ce qu'il est pertinent ? Est-ce que les résultats qui sortent de ce moteur de recherche sont correctement restitués ? Est-ce que il y a un phénomène d’auto-complétions dans le moteur de recherche ? c’est-à-dire que je n'ai pas à saisir le titre en entier de mon ouvrage. Est-ce que le moteur de recherche va me proposer automatiquement une liste d'informations ? Est-ce que je vais pouvoir y accéder ? Tout ça, ce sont des choses qui seront importantes. Et puis, également, est-ce que je peux afficher le format d'ouvrage ? Est-ce que je sais le format ? est-ce que je vais pouvoir réserver ? est-ce qu'il y a un bouton pour préserver ? Est-ce que je peux me connecter ? Est-ce que je peux avoir un message de confirmation de ma réservation ? On a noté tous ces critères. 

On a aussi une 3e rubrique : la rubrique accessibilité et utilisabilité. Est-ce qu'on peut accéder avec un lecteur d'écran ? On a testé tous les sites avec des lecteurs d'écran. Est-ce que l'utilisateur de clavier uniquement va pouvoir naviguer sur le site ? Est-ce qu'il ne va pas rester coincé quelque part parce que la navigation ne sera pas possible ? est-ce que les sites mobiles sont responsives et sont affichés correctement sur les mobiles ? Là, on quitte le domaine du handicap. Simplement : est-ce que si je consulte sur un mobile je vais pouvoir accéder aux informations comme tout un chacun ?

Pour chaque critère on a attribué des notes. Je vous passe le détail de cela, c'est assez ardu. Je dirais… 

Les critères ont été pondérés également en fonction de leur impact sur l'utilisateur. Autrement dit, l'accessibilité pour l'utilisateur au lecteur d'écran : ce critère est pondéré assez fortement parce que, si l'utilisateur aveugle de ne pas utiliser son lecteur d'écran clairement, il n'aura pas de livres à la fin. C'est un critère super important. 

Pareil pour l'utilisateur de clavier. Si on ne peut pas naviguer au clavier, ce n'est pas la peine d'avoir des titres ou des contrastes etc. ça sert à rien ! 

(Arrêt de la vidéo)

Je vous montre un tableau plein de couleurs. Ce sont les tableaux sur lesquels on arrive à la fin des analyses. 

Si l'on arrive, on passe les résultats sur les 3 volets. On a constaté qu'on n'avait pas vraiment de progrès en termes de conformité des éléments entre 2019 et 2022. 

On note que certains qui sont faciles à mettre en œuvre ne le sont pas. Notamment beaucoup de sites n'ont pas de lien d'évitement alors que c'est quelque chose qui est facile à mettre en œuvre. Les contrastes sont trop souvent insuffisants. 

Pareil, c'est quelque chose qui est facile à mettre en œuvre. Souvent on est pris par la charte graphique. On peut toujours la contourner en donnant une version avec un fort contraste. 

Il y a toujours une possibilité ! 

Les étiquettes de champs de formulaire et de boutons. C'est facile à mettre en œuvre. Et c'est pas toujours fait. 

La mise en place d'un plan du site ça facilite la recherche des personnes. Parfois ça manque.

En termes de fonctionnalités, on a noté pour les 3 volets des résultats identiques partout. 

Il y a une vraie progression sur la présence et la pertinence des fonctionnalités. On a des moteurs de recherche sur presque tous les sites. 

Les résultats de recherche sont correctement structurés. C'est-à-dire qu'une personne qui va naviguer avec son lecteur d'écran pourra facilement naviguer sur une page de résultats de recherche. 

La tolérance à l'erreur, est-ce que le moteur de recherche tolère les fautes et l'auto-complétions ? sont moins bien prises en compte mais ça commence à le devenir. Et ça se fait bien. C'est quelque chose de positif. 

Enfin, l'accessibilité et utilisabilité, on voit que l'accessibilité au clavier reste souvent impossible et même si elle est possible on voit que c'est un parcours du combattant parce qu'il y a des dizaines et des dizaines de tabulations à faire avant d'accéder à des informations simples. Là, ce n'est plus de l'accessibilité c'est de l'utilisabilité quand il faut tabuler trop longtemps on perd l'utilisateur.

La consultation par lecteur d'écran est souvent impossible ou compliquée. En prenant des chemins détournés, on arrive à s'en sortir. Ce n'est pas le but. Le but est de pouvoir y arriver facilement, que la personne aveugle ne perde pas 3 heures à chercher les informations alors qu’une personne voyante y passera 10 minutes. On voit qu'il y a de nouveaux problèmes qui sont apparus. Notamment par l'utilisation de normes de développement aria… des objets aria… je ne sais pas comment le dire bref ! Aria, ça peut permettre, ça prend en compte l'accessibilité quand c'est bien utilisé sinon ça génère des catastrophes. Notamment l'inaccessibilité des informations. Cela peut-être des choses qui restent impossibles. 

En termes de version mobile, là, on voit que la plupart du temps les versions sont tout à fait accessibles et opérationnelles. 

J'essaye d'aller vite pour garder du temps pour les questions.

Les enseignements : la prise en compte est encore trop peu effective. La prise en compte de l'accessibilité. Il sera nécessaire de former les équipes. Les former à l'accessibilité et il est déconseillé d'utiliser aria comme je disais juste avant si l'accessibilité, la méthode d'accessibilité n'est pas maîtrisée on peut facilement arriver à des catastrophes. 

(Reprise de la vidéo)

Il est important de faire des tests dédiés, un seul problème d'accessibilité va pouvoir bloquer toute une chaîne d'exécution. Le bouton de connexion. Si le bouton n'est pas accessible, tout le reste n'est pas possible. C'est ce qui est arrivé pour une des plate-forme. Il y avait un très bon score jusqu'au moment où on a testé la connexion qui ne passait pas. 

Il faut tester son site. Il faut tester et tester avec des lecteurs d'écran, avec des claviers uniquement, faire tester par des vrais utilisateurs. Avec leurs outils. Ça permet de voir aussi, en termes d'utilisabilité si reste cohérent ou pas. Voilà pour moi… c'était les 2 et 3 en même temps. Hmm... voilà ! Les 3 volets étaient dans le même ordre d'idées. J'en ai terminé pour la présentation. 

On peut passer aux questions s'il y en a… 

Questions de la salle

— Bonjour vous avez cité 2 sites accessibles ma question est simple : quels sont-ils ? 

— Alors, c'est le site de la ville de Rennes et le site de la BNF. Ils ne sont pas pleinement accessibles ils sont conformes aux règles d'accessibilité. Il y a une nuance ça veut dire qu'ils affichent une déclaration d'accessibilité. Ils ont, sur leur page d'accueil de la mention : totalement accessible, partiellement ou non-conforme, ça veut pas forcément dire qu'ils sont pleinement accessibles. Il y a une nuance entre ce que demande la législation et l'accessibilité… 

— Là, on a des constats d'année en année, quelles sont les exemples d'actions entrepris par le ministère pour accompagner les bibliothèques et les prestataires pour améliorer les scores finalement. 

— Heu... oui, effectivement, on essaie d'imaginer plusieurs actions pour accompagner les bibliothécaires eux-mêmes. Les bibliothèques. Et bien sûr, les structures privées. Dans quelques jours on va publier une synthèse des résultats là, on a 4 rapports qui font je sais pas combien de pages 20 pages chacun on va dire. Déjà, on va publier les résultats avec les principales recommandations, ça va être 4 pages. Le but est de toucher les directeurs de bibliothèques, les collectivités territoriales elles-mêmes pour les sites des bibliothèques, sont des bibliothèques territoriales dans la grande majorité, à part la BNF et la BPI. Ce sont des bibliothèques qui relèvent des collectivités territoriales. Il s'agit d'accompagner, de faire infuser les recommandations, les bonnes pratiques au sein des collectivités territoriales. On a l'habitude de travailler beaucoup avec le CNFPT. On va introduire ces questions pour la formation des bibliothécaires mais pas seulement, au niveau RH, au niveau DSI, au niveau de la communication puisque les aspects charte graphiques sont importants aussi. Sur l'accompagnement des structures privées, pour les bibliothèques territoriales je précise que l'Etat aide déjà bibliothèques à rendre leurs services, leurs sites accessibles à travers des crédits d'Etat que l'on appelle le concours particulier bibliothèques de la dotation générale de décentralisation. Ce sont des crédits auprès de l'DRAC. Il existe des crédits auxquels peuvent faire appel les bibliothèques pour rendre leurs services numériques accessibles. 

Ça ne concerne pas que les services numériques de l'accessibilité numérique. Ça concerne aussi le bâti, il y a aussi l'achat de collection, matériel, c'est très large. Mais ça peut comprendre aussi l'accessibilité numérique. 

Côté structure privé, effectivement, nous sommes dans un champ privé. Ce qu'il faut arriver à faire, c'est anticipé l'entrée en vigueur en 2025 de la directive européenne accessibilité. Comme ça a bien été expliqué tout à l'heure, par Armony Altinier, certaines structures vont être soumises à l'obligation d'accessibilité. D'autres ne le seront pas selon le chiffre d'affaires inférieures à 2 millions d'euros. 

C'est un travail qu'il faut faire, éventuellement avec le centre national du livre. Je dirais presque que ça dépasse finalement, nos missions à nous au service du livre et de la lecture. En tout cas, on a tout à fait conscience de ces enjeux à mener. Voilà. 

— Bonjour. Clément, auditeur en accessibilité numérique. Parmi vos métriques, vos chiffres, il y a la publication ou non des documents obligatoires. Donc, la mention accessibilité, ce genre de choses. C'est une obligation légale, malheureusement, il n'y a pas de contrôle et de sanction à ce niveau-là précis. Ce que je me pose comme question : les bibliothèques qui font l'effort de publier ces documents, qu'est-ce qui les motive ? Puisque en tout cas, ce n'est pas le risque de la sanction qui n’existe pas, malheureusement.

— Je reprends la question pour Vanessa, qu'est-ce qui motive les bibliothèques à afficher les documents puisqu'il n'y a pas de sanction, c'est ça votre question ? 

— C'est ce que je disais, via les crédits des d'état qui sont accordées aux bibliothèques, il y a de plus en plus un impératif qui leur est posé d’œuvrer à l'accessibilité de leurs services notamment. Ça peut être lié l'arrivée récente d'un collègue sensibilisé. On essaie vraiment de faire de la pédagogie et de dire que les bibliothèques doivent aussi se soumettre aux exigences de la loi handicap de 2005. 

Comme je le disais au début, c'est un mouvement plutôt naturel, puisque l'accès à la formation, à la culture, etc... finalement ça va de soi. Le problème c'est que les bibliothécaires ne sont pas forcément formés.  Il n'y a pas de projet d'établissement inclusif, accessible, les directions ne savent pas forcément par quel bout prendre ça vient s'ajouter à d'autres tâches que doivent mener les bibliothèques. 

On essaie quand même de prendre le sujet globalement et de les accompagner. D'accompagner les bibliothèques, à proposer des services accessibles. Voilà. 

— On va prendre dernière question. 

— Marion de la bibliothèque départementale de la Somme. C’est pas vraiment une question. C’est pour préciser que la plupart des bibliothèques, quand elles font cette déclaration, c’est aussi accompagné d'un nouveau portail documentaire. 

On profite de pouvoir avoir un nouveau portail documentaire qui coûterait cher et qui demande beaucoup de travail avec d'autres directions. La communication, l'informatique, enfin voilà. 

Pour faire l'audit, nous sommes à 0. On le sait. Et du coup, de publier cette déclaration obligatoire. Cela s'accompagne d'une mise en mouvement, en fait aussi. Voilà. 

— Ça permet d'initier la démarche, effectivement pour vous. Tout à fait. 

— Là, je suis vraiment désolé. On déborde presque sur le début de la prochaine conférence. Merci Mesdames pour cette intervention. Merci aussi pour vos questions. 

(Applaudissements) 

L'enseignement de l'accessibilité en Bachelor Universitaire de Technologie Métiers du Multimédia et de l'Internet

Intervenante et intervenant :

Arnaud LEVY (MMI Bordeaux)

Gaëlle CHARPENTIER (MMI Champs-sur-Marne)

Alors, Gaëlle et moi enseignons depuis pas mal d'années dans une formation universitaire qui s'appelait il y a longtemps un DUT SRC : services et réseaux de communication qui s'est ensuite appelée MMI, métiers du multimédia et Internet, il y a 2 ou3 ans c'est devenu un Bachelor Universitaire de Technologie, BUT le nom est un peu bizarre. 

À cette occasion, nous avons réécrit l'ensemble de programmes de MMI, et les autres programmes de spécialité de BUT, c'est un énorme chantier pédagogique. Et dans la refonte du programme MMI, nous avons intégré des éléments sur le design inclusif dont on parlait tout à l'heure, dont Romy parlait. Et sur l'accessibilité. Dans un cadre plus vaste, qui est celui de tenter un numérique d'intérêt général. Un numérique acceptable. Il y a différentes manières de le dire. 

L’idée aujourd'hui, c'est de vous dire ce qu'on a mis dans le référentiel. Comment on a fait le travail de construction du programme. 

Ensuite, de vous dire ce qu'on fait des éléments sur le terrain. C'est forcément qu’une petite partie. Et surtout, d'appeler cette communauté à l'aide. Pour enseigner le mieux possible. 

Concrètement, on diplôme environ 2500 étudiants et étudiantes par ans. Il y a 34 départements de BUT, 34 MMI en France. Beaucoup vont travailler dans le Web par la suite. Beaucoup. Nous avons un créneau, une opportunité de former bien mieux. Nous n'y sommes pas. Il y a vraiment possibilité d'améliorer énormément et d’avoir un gros impact avec la pratique sur le terrain. Parce qu’avec les étudiants, une fois qu'ils ont compris les enjeux de l'accessibilité, ils vont pousser pour les appliquer et les faire correctement. 

Alors, quand on a fait le travail de création du nouveau programme, nous avons commencé, accompagné par un laboratoire belge qui s'appelle le Labset, par fabriquer un référentiel de compétences qui définit à peu près le profil de sortie. 

C'est-à-dire : qu'est-ce qu'on considère comme étant un bon professionnelle ou une bonne professionnelle des Métiers du Multimédia et de l'Internet ? 

Dans ce référentiel, on a défini un certain nombre de critères qui fixent l'ambition sur la partie recherche utilisateur, sur la partie conception, sur la partie développement, particulièrement. 

Ensuite, quand le référentiel, qui a été fait en dialogue avec des professionnels, a été construit, on a fabriqué un référentiel de formation, ça, c'est un mélange de situations dans lesquelles on met les étudiants et d'enseignement, qui dans ce contexte pédagogique s'appelle des ressources. Avec certains enseignants, l'idée n'était pas de les vexer, mais l'articulation avec les cours et des situations d'apprentissage et d'évaluation (SAE).

Un certain nombre d'opportunités de transmettre sur l'accessibilité : en design, en dév', en travaillant sur des problématiques spécifiques liées au handicap. 

Voilà. On met tout ça en musique localement. Peut-être que vous êtes tous et toutes familiers et familières des fonctionnements universitaires ? En fait, quand on fait un programme national, d’un côté c'est génial. Et de l'autre côté, ça n'est pas grand-chose. 

C'est-à-dire, une fois qu'il est fait, qu'il est diffusé, les 34 départements sont autonomes. Tout le monde fait avec son équipe locale, avec une marge d’adaptation qui est assez important. En fait, une fois que l'on a dit ce qu'il faudrait faire, c'est très facile d'ignorer cela. 

Notamment, ce référentiel de compétences, sur le terrain il est très souvent ignoré par les équipes en fait. C'est bien de l'avoir fait. C'était génial ! 

C'est chouette d'être arrivé à ce résultat, il y a bon cadre de travail. Mais ce cadre, il faudra l'incarner. L'idée, c'est de vous montrer, que Gaëlle vous raconte quelques modes de fonctionnement en local. Voilà. C'est un grand chantier qui ne sera jamais fini. Je peux te passer la parole pour le raconter. 

— Oui. Moi, je vais prendre mes notes. Je ne suis pas aussi à l'aise qu'Arnaud. Je représente le BUT MMI Champs-sur-Marne, on va avoir des pratiques un peu départements sur 34 départements, on essaye d'appliquer le programme national au mieux. On est un peu psychorigide. Je suis enseignante en développement Web depuis plus de 20 ans et je parle d'ergonomie et d'accessibilité depuis des siècles aussi. Je voulais faire un petit point sur le profil des étudiants parce que je ne sais pas si le BUT MMI ça parle à tout le monde. À la sortie on aura des développeurs, des designers, des community manager, certains feront de la production audiovisuelle, Motion Design. 

Si je vous dis ça, c’est pour vous dire que leur parler accessibilité, c'est parler accessibilité à des étudiants qui derrière auront des profils très variés. Il y a une complexité. Ce qui est génial avec le programme, c'est que l'accessibilité elle est dès le semestre 1. Dès le début, il y a un module qui s'appelle : ergonomie et accessibilité. 

Ensuite, on a possibilité de l'adapter, de l'appliquer comme on l'entend. Enfin, avec une certaine marge de manœuvre. Je vais parler de ce qu'on fait à Champs-sur-Marne. Ce n'est pas forcément ce qui est fait partout, j'ai récupéré aussi le témoignage d'un collègue à Troyes. On fait à peu près la même chose. 

La première approche se fera de façon très appliquée via les cours d'intégration Web. C'est moi qui m'en charge. Via HTML, CSS. On va rentrer dans le vif du sujet de manière très isolée. Voir comment faire tableau accessible, des images, des formulaires. On ne parle pas accessibilité au début, on les met dedans, comme si c'était naturel. Il n'y a pas de raison que ton tableau ne soit pas accessible. En ce qui me concerne, j'essaie de l'aborder cette façon-là. Et de façon plus générale, comme ils sont un petit peu tout neuf pour parler d'accessibilité, que le sujet est très compliqué, on a choisi un Champs-sur-Marne d'aborder d’abord la notion de qualité Web. 

Ils sont formés à Opquast dès le semestre 1. Je sais qu’OpQuast ne fait pas toute l’accessibilité. Je parle bien de qualité Web. Il est aussi la notion d'accessibilité, d’éco-conception il y a des choses indispensables, comme la qualité Web, ça permet d'avoir la vision beaucoup plus transversale de ce qu'est un bon produit ou service Web. 

— À Bordeaux, où moi j'enseigne, on utilise aussi Opquast comme un socle, mais on le fait en 2e année, 3e et 4e semestre. Voilà. Dépendance locale. 

— Voilà, au semestre 1, on a tenté un audit de site e-commerce. Alors c’est chaud, les étudiants ne sont pas bien formés, et ne connaissent pas toutes les problématiques. Moi, je sélectionne une liste de règles qu'ils vont regarder, ils vont mettre le nez dedans. C'est un peu la découverte, et les applications très concrète en intégration. 

Comme Arnaud le disait, il y a la partie cours et il y a aussi application aussi à travers des projets, les SAE. Ces projets, à Champs-sur-Marne, on leur demande dès le semestre 1, de respecter des règles d'accessibilité et qualité Web plus générale. Pour le moment, ce n'est pas encore très très bien cadré. Par exemple, quand j'évalue des projets Web, il savait que j'ai un critère sur l'accessibilité. Si les labels des formulaires sont pourris, ça va m'énerver. Ça, c'est pour le semestre 1. 

Semestre 2, pareil. On va rester sur la partie intégration Web. Cette fois le module : ergonomie et accessibilité, en ce qui me concerne, je ne fais que l'accessibilité. L'accessibilité se fait au 2e semestre avec l'obligation, les enjeux pour les mettre en situation aussi. Je sais que tout le monde n'est pas forcément d'accord avec cela. Pouvoir les mettre en situation, je montre la navigation au clavier, un lecteur écran. Ça parle bien quand on a un lecteur d’écran qui lit une page qui est très mal faite, d'un seul coup il se dit : c'est un vrai calvaire d'écouter la page que je viens de coder. Qu'ils comprennent et ressentent et constatent par eux-mêmes les difficultés liées à l'accessibilité. Donc par exemple il va y avoir un projet, ils doivent créer un site de réservation. Là il y a des formulaires. On ne va pas les louper. La navigation, les skiplink, ce genre de choses. 

Je ne parle pas trop de la partie design parce que, en ce qui nous concerne, il y a une petite faiblesse à ce niveau-là. Je leur en parle mais je ne fais pas les cours de design. Je leur prends la tête avec les contrastes et les trucs basiques. D'ailleurs j’ai fait un point avant-hier sur leurs projets et il y en avait un sur deux où les contrastes n’étaient pas respectés. On a un souci en termes de design, ils ont beaucoup de mal à appliquer accessibilité. La principale source de frustration, c’est de leur demander un design inclusif, pour reprendre les mots de Romy. 

Tout cela pour dire que tous les projets Web, il va y avoir les critères d'accessibilité. Et on va renforcer au fur et à mesure des semestres, avec des critères de plus en plus sophistiqués et compliqués. 

— Une autre approche complémentaire que l'on fait à Bordeaux, ce que l'on a un atelier d'initiation au design et au développement HTML, intégration, encadrés par Chloé Bégin, ancienne étudiante MMI Bordeaux est de même en situation de handicap, référente accessibilité à Bordeaux Montaigne. Ils sont formés par une personne concernée. Évidemment, ça change tout. Il y a d'autres sujets ensuite, mais si c'est possible, j'ai impression que ce sont les conditions pédagogiques idéales. 

— En effet. Aborder l'accessibilité en les mettant dans cette situation de construire un projet en lien avec le handicap, la dimension est autre. 

Je me suis dit que j'allais lister quelques points positifs et les difficultés que l'on peut rencontrer. 

En point positif à titre personnel, j'ai un sentiment d'utilité. Je leur parle d'accessibilité depuis quasiment le début où l'on n'en parle ; je me dis : ça y est c'est dans le programme, j'ai le droit, je peux vraiment parler accessibilité et les noter là-dessus. Ils ne vont pas que coder pour le plaisir. Ils le font pour des gens. Comprendre l’impact de leur code, de leur design ou de leur façon d’écrire parce qu’il y a toute la partie rédactionnelle aussi.

J'observe un déclic réel chez certains étudiants, ça fait très plaisir, certains qui se disent : je n'avais jamais mesuré à quel point cela pouvait être problématique, ma navigation qui ne marche pas, les contrastes, je ne savais pas que ça pouvait causer ce genre de problèmes. Je le constate, ils viennent, ils me le disent. Ils ont envie d'appliquer après dans leur projet. C'est une bonne chose. 

Et aussi, il y a un peu en effet de bord : les étudiants qui sont en situation de handicap et en situation de handicap invisible qui se disent : je suis Dys, je galère depuis toujours. Il y a toujours au moins un daltonien dans la promo. Il dit toujours : personne n'avait jamais pensé à moi je galère, c'est pour ça... Il y a cet effet de bord sur les étudiants. Et puis tous les ans, on a quasiment un étudiant avec des troubles du spectre autistique, l'épilepsie... cette année nous avons Dys, daltonien, épilepsie dans la promo. Quand je parle d'accessibilité que je donne des exemples, d'un seul coup, ils peuvent confirmer. 

J'ai aussi pas mal de difficultés. 

— Une autre approche : c'est de faire travailler les étudiants sur des sujets en lien avec le handicap. On a des étudiants qui travaillent sur des expériences interactives avec un musée à Bordeaux, je vais dire une bêtise heu... je ne sais plus son poste exact. Tu te rappelles ? Une personne dans ce musée qui encadre les étudiants, est aveugle. 

C'est génial, parce que les étudiants travaillent avec la personne directement à produire des contenus, et en fait, cela ancre la problématique directement émotionnellement. Ça fait rentrer. Ça change complètement le regard. Ce n'est plus une liste de critères. C'est juste qu'il faut faire avec cette personne, avec cet humain et comme la relation, le mec est extra, la relation est très fluide, tout à coup ils se sentent concernés, de la même façon que les handicaps dans la promo, qui sont des opportunités supers d'aborder des sujets là, cela crée d'autres opportunités venant de l'extérieur. 

- Faut pas avoir peur de l'aborder sous l'angle de l'émotion je pense. On les fait réagir. Je me fais réagir moi-même quand je découvre certaines choses. C'est de l'humain avant tout, faire de l’accessibilité. Ce n'est pas de la technique. Passer par l'émotion, je trouve que c'est assez efficace et positif. J'aborde les quelques difficultés, j'en ai un peu trop d'ailleurs... mon voeux pieux, c'est évidemment que l'accessibilité ne soit pas une étape ou un truc en plus, c'est juste  que c'est accessible, on ne se pose pas la question. Ça, c'est que je voudrais dans mon monde idéal. Il faudrait que tous les enseignants soient formés : intégration, Javascrit, HTML CSS... Ce n'est pas moi qui vais pouvoir tout leur montrer. J'ai quelques collègues qui s'y intéressent, mais ils ne sont pas tous formés. J’ai eu la chance d’avoir 2 formation chez Access 42 mais ce n'est pas en 2 formations que je suis devenu une bête en accessibilité. Cela m'a permis vérifier ce que je faisais. 

Il y a les enseignants, mais aussi les professionnels. Le système de BUT, ce sont des intervenants professionnels qui viennent compléter les formations universitaires. Les professionnels ne sont pas forcément au fait, notamment en design, sur l'accessibilité. Nos dev créatifs, qui font des trucs géniaux, mais c'est archi pas accessible. Pourquoi pas, on peut aussi faire des choses pour le plaisir de découvrir certaine techno... un mais il y a un manque de ce côté-là. 

À nous seuls, on ne peut pas combler toutes les déficiences être correctement formé. Le fort besoin d'être appuyé par des professionnels de l'accessibilité dans nos cours, et les problématiques des universités, c’est qu’on n'est pas du tout attractif. 

On paye mal. 

— 30 € nets de l’heure en vacation. Ce n'est pas génial. 

— On ne rembourse absolument rien. Ils viennent avec leurs repas. On leur offre le café. Ça craint vraiment ! 

— Mais les étudiants sont supers. 

— Ils sont beaux. Très gentils. 

— Ils sentent bon. 

— Pas tous ! On a vraiment besoin de professionnels, mais on n'est pas attractifs. 

L'autre difficulté, avec l’accessibilité en termes d’enseignement, c'est que ce n'est pas très sexy. En termes de design, travailler sur le contexte des couleurs... « ça va être possible tu as tout pété mon design ». Si des professionnels pouvaient venir montrer des choses très sympas en termes de design et accessibles, c’est top. 

— Nous travaillons beaucoup sur la sobriété numérique. Quand on mixe les 2 vélos se retrouve à faire des choses écomoches. Il n'y a pas grande monde dans le domaine du design qui arrive à faire des choses de très belle qualité, accessible et sobres. 

Il y a pas mal de gimmick de designer, notamment dans le web creativ : alors ça a des awards  mais rien ne va en termes de sobriété et d'accessibilité. Il faut un imaginaire. Moi j'aime beaucoup eurea17 il y a quelques boîtes qui font des choses de qualité, mais c’est l’exception. Il ne faut pas que ce soit un choix entre faire quelque chose d'accessible et sobre écologiquement, et quelque chose de sexy. Sinon on aura du mal à emmener tout le monde. 

— Pour le moment, ils le perçoivent un peu comme un choix. Je n'ai pas toutes les billes pour être la plus convaincante. 

Les difficultés techniques. Cela a été dit tout à l'heure, l’accessibilité repose essentiellement sur le dev front. Nous sommes hypers documentés. Il y a des check-lists partout. Il y a des milliards de sites. OK, mais le code ? Par exemple je cherche un slider accessible, je me prends la tête. Je tombe sur des articles, ce n’est pas daté. Donc je ne sais pas si c’est récent. En tant qu'enseignante, j'ai de grosses difficultés à pouvoir m'auto-former et me documenter. Comment faire un menu responsive ? Accessible ? comment ne pas avoir de piège au clic ? il y a plein d'informations pour tout, mais rien n'est fiable. Il faut se débrouiller avec ça. Et essayer de montrer cela aux étudiants. Il y a des codes différents d'un site à un autre. Donc, on manque cruellement d'outils, enfin non. Les outils, on les a. Ils ont des ressources techniques. 

— Il y a le côté normatif, c'est très bien. Comment procéder ? Quelles sont les bonnes pratiques ? sans faire forcément des choses qui vont être très moches... c'est dur. Si vous avez envie de venir enseigner, vous êtes les bienvenus. Et si vous avez des ressources qui cumulent tout, c'est-à-dire : sobre, accessible, et esthétique. Et bien faudrait qu'on leur enseigne ça. Aujourd'hui, ce n'est pas une équation simple. Il n'y a pas grand-chose. 

— Notamment sur le Aria, si quelqu'un veut venir montrer tout ce qui est ARIA au MMI Champs ? on paye juste le café. Mais on peut. 

— J'ai demandé ce matin aux étudiants de deuxième année qui sont en stage : vous faites de l'accessibilité en stage ? Question piège. Une étudiante me dit : on m'a dit d'installer faciliti. OK. Je lui envoyais des articles lui expliquant la problématique de faciliti. 

— Faut pas le dire trop fort ! Il y en a qui ont eu des problèmes. 

— Un procès ! Il y a aussi une étudiante qui m'envoie des captures d'écran d'échange avec son tuteur, qui le dit : non, le référencement avant tout. Elle doit remplir les alt les images avec les trucs qu'elle ne devrait pas mettre. 

— Pamela Anderson (Rires). 

— Elle me dit : comment faire pour les convaincre ? Lecteur d'écran. Et tu le mets en 300 % de rapidité ça va les calmer. 

Un autre me dit : l'utilisation de CMS, avec des alt tout faits. 

— En tout cas, on peut prendre les questions. On n'est pas trop mal au timing. 

Merci de votre attention. On vous écoute. 

— Merci pour votre bonne humeur. Je suis sobre, accessible, mais je ne suis pas sexy. J'aimerais enseigner chez vous. 

Des questions ? 

Questions de la salle

— Bonjour société Temesis. Vous parlez de ressources, Idéance, société concurrente et amie a fait une page monumentale avec le plein de ressources accessibilité… il faut prendre le temps de les regarder ils ont pris la peine de faire cela et de le mettre à jour régulièrement. Que cela soit pour des composants complexes avec aria etc. 

Idéance, faites une recherche page de ressources accessibilité. Vous allez tomber sur cette longue page avec plein de ressources. 

— Tu ne vois pas, j'ai des cœurs dans les yeux. 

— Oui, il y en a d'autres. Cela répertorie énormément de choses. 

— Y a-t-il des questions ? 

— Je suis auditrice accessibilité je suis aussi maman d'une fille qui s'intéresse à l'informatique et qui, l'année prochaine devrait faire un cursus Bachelor. Et j'ai fait plein de portes ouvertes. Et j'ai posé des questions parce que une fois qu'elle avait posé sa question je me suis intéressé à savoir si l'accessibilité était enseignée. On a dit qu'il n'y avait pas de référentiel et de façon de pouvoir savoir comment enseigner et comment noter… là, il y en a… je suis surprise, je voulais savoir comment diffuser cette information. Ou est-ce que ça se trouve ? 

— En Bachelor quoi ? 

— Là, c'est un Bachelor hmm...… 

— Privé ? 

— À Gustave Eiffel. 

— D'accord. 

— Ce n'est pas le MMI. 

— Si c'est informatique, il y a un Bachelor informatique, je connais pas si bien leur référentiel. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu de l'accessibilité dedans. Je peux me tromper. 

— Ce n'est que pour le MMI ? 

— Il y en a pour tout le monde. On parle de… si vous pensez référentiel, on parle de référentiel pédagogique référentiel de compétences et référentiel de formation. 

— C'est ce que je cherchais pour donner des informations à des enseignants s'il y a des enseignants qui cherchent des informations pour enseigner l'accessibilité… 

— Le référentiel va être un peu nul là-dessus. il y a des trucs à faire ressources par ressources. C'est un arrêté qui a été publié au J.O. qui contient tous les référentiels. Ce n'est pas très digeste. On peut retrouver cette formation ça va pas répondre à la question : comment enseigner l'accessibilité. 

Au mieux c'est une petite liste de sujets à évoquer. 

— Merci. 

— Bonjour, j'avais une question par rapport à la lecture des sites Internet. Qu'est-ce qui est l'outil le plus communément utilisé sur Mac ou PC ? C'est le plug in que l'on met sur chrome ? Qu'est-ce qui sera le plus utilisé pour les malvoyants ? 

— Le lecteur d'écran que l'on va utiliser on est juste au stade de la démo. Sur Mac j'utilise VoiceOver. Je l'utilise comme je peux. C'est compliqué ! Quand on l'utilise pas au quotidien, c'est compliqué. C'est très parlant pour pouvoir je suis en train de perfectionner et cadrer. Je fais des tests sur VoiceOver. 

— Vous avez eu des retours avec les malvoyants ? 

— Pas du tout. Ça manque. C'est des choses à ajouter. 

— Bonjour Pierre Reynaud référent accessibilité. Informations supplémentaires : le lecteur d'écran, vous avez le VoiceOver sur les produits Apple. Par contre sur Windows, vous avez 2 solutions gratuites. Le narrateur de Windows. Et NVDA, un logiciel open source que l'on peut installer pour vos démonstrations et tests.

Une autre remarque/questions. Au niveau des universités, il faut réussir à se rassembler pour porter ce sujet au sein des universités. J’ai souris sur les freins que vous avez à mettre de l'accessibilité dans vos B U T. Ce sont des freins que l'on perçoit nous, dans le montage des diplômes universitaires. Les universités veulent du Premium, au prix de la 2 chevaux ! 

Évidemment, c'est compliqué. Il faut réussir à se regrouper pour que l'accessibilité numérique intègre l'ensemble des maquettes, des formations et des futurs acteurs du numérique au sens large. Merci. C'était pas vraiment une question… la question c'est : rassemblons-nous ! On sera plus efficace. 

— Tout à fait d'accord. On n'a pas beaucoup de sous à l'université, par contre on peut être créatif. On peut faire des cours en visioconférence avec plusieurs universités en mêmes temps plusieurs départements MMI, on peut définir plusieurs formats. Cela ne compense pas. Ce n'est pas génial. On peut utiliser plusieurs formats pédagogiques qui permettent de travailler avec des gens qui pratiquent au quotidien et des gens qui sont concernés par les différents troubles… 

— Merci pour votre présentation juste une question. Je ne sais pas si vous avez eu des retours des étudiants par rap-port à l'employabilité, leur employabilité après avoir suivi votre formation. Est-ce que ça change… ce n'est pas une critique ! 

Ça change quelque chose ? Le fait qu'ils aient suivi une formation sur l'accessibilité ? Le fait qu'il soit des développeurs avec une formation en accessibilité, est-ce que ça les rend plus attractif sur le marché de l'emploi ? Enfin… je ne sais pas si vous avez suffisamment de recul… 

— Sur le BUT on n'a pas de recul. On est à notre 2e année. Il n'y a pas de recul avec le programme qui intègre l'accessibilité, par contre je sais que le retour des étudiants c'était : j'ai eu une valeur ajoutée en parlant d’accessibilité. C'était de façon plus large, je suis tatillon sur la rigueur du code et tout et sur des bonnes pratiques… c'était perçu comme une force par les employeurs. Au moment des soutenances de stage, les entreprises venaient nous le dire. Après, mesurer clairement, quantitativement l'impact du changement honnêtement, je peux pas ! 

— Pareil, on ne sait pas encore. J'ai remarqué depuis que l'on aborde les problématiques d'accessibilité, de sobriété, d’intérêt général… c'est que ça change ce qu'ils cherchent. Il ne vont pas dans les mêmes boîtes. Il y avait un imaginaire qui était, avant, il y a 10 ou 15 ans, c'était vraiment très Awards. Un Web avec des sites qui pèsent 80 megas. Et puis de toutes façons,  les gens qui ont du bas débit on s’en fiche, c’est pour des produits chers, et s’ils ont pas d’argent on les ignore. Et puis les gens en situation de handicap, on fait pas pour eu de toutes façons. c'était un monde ringard. Ça s'éloigne de ce monde-là. Ils vont chercher des boîtes où l'on essaie de répondre à de vrais besoins humains.

Ça change le récit. Ça change leurs imaginaires. Ça les rend plus ou moins employable en dév', il n'y a pas de problème d'emploi. Je sais pas, je n'ai pas plus de recul ! 

— J'ai une question, cette fois ci ! 

Est-ce que vous seriez en mesure de nous dire, en cumulé, combien de jours par an ça représente, l'accessibilité aujourd'hui ? Je remets en contexte, j'ai enseigné en école c'était 2 jours dans l'année et c'était exceptionnel. Le reste de l'année, on enseignait de faire du JS plus ou moins propre et de faire du dév'. Savoir si ça a évolué depuis la dernière fois. 

En cumulé qu'est-ce que ça donne ? 

— Plus… c'est sûr… à Bordeaux… sur OpQuast c'est une semaine pleine. Sur l'atelier qui est encadré par Chloé, nous, c'est 2 semaines, on fonctionne avec des ateliers de 2 semaines. Ça fait déjà 15 jours alors… c'est pas honnête de dire 15 jours sur accessibilité. C'est pas que ça. Il y a plein de choses qui se passent. 15 jours durant lesquels ils ont de l'encadrement, il travaille sur la problématique… 

— Au semestre 2, en ce qui me concerne, le module d'accessibilité, c'est 30 heures. Après, sur les 4 semestres l'accessibilité, ils vont l’avoir aussi dans les cours de design, de dév' front. En dehors du module spécifique accessibilité. Ils mangent accessibilité beaucoup beaucoup. Si je leur demande de faire un truc en dév' je vais leur parler de l'accessibilité. Ça veut pas dire que tout sera bon mais c'est très présent. 

— Combien d'heures sont formés les profs… pour moi c'est l'enjeu. Si on ne forme pas les profs on peut pas former les élèves. 

— C'est le prof, c'est moi, qui fais des demandes personnelles de formation. L'université doit accepter la formation ce n'est pas toujours le cas. Je regarde… l'université qui va dire “non, j'estime que la formation le contenu n'est pas suffisamment riche”… on ne sait pas d'où ça sort. Il refuse la formation. C'est le prof qui fait la démarche 

— Je glisse le micro à Manuel. 

— Merci. Bonjour. Question par rapport aux étudiants. Est-ce que l'accessibilité fait partie des critères de sélection au niveau des examens ? Est-ce que vous testez… j'ai bien compris qu'il y avait des projets… est-ce que l'accessibilité fait partie des éléments de contrôle continu que vous faites aux étudiants ? 

— Officiellement : oui. Dans la réalité, l'évaluation là encore c'est très adapté localement, il y a beaucoup de cuisine différente en fonction des enseignants et des enseignantes. Dans le programme dans le référentiel de compétences on a des composantes essentielles qui qualifient les compétences. 

Et l'on a des éléments d'accessibilité sur plusieurs des 5 compétences du Bachelor. Ce qui signifie, en théorie, qu'on doit les évaluer constamment. En pratique, je ne saurais pas être aussi optimiste et positif. 

— Merci je suis un peu désolé de devoir clore cette intervention. 

— Merci beaucoup ! 

(Applaudissements) 

Access'lab mobility : un collectif engagé pour la mobilité urbaine inclusive

Intervenants :

Charlie GALLE (N-Vibe)

Salim EJNAÏNI (Conférencier)

— Merci beaucoup à toutes et tous pour votre présence aujourd'hui. Il est question donc effectivement d'Access'lab mobility qui est un projet duquel la fondation VH était à l'initiative. Karine Moisan, ce n'est pas moi, elle est toutefois présente aujourd'hui, on la remercie. 

Je suis Salim Ejnaïni, Je fais partie de l'une des spécificités, qui est le comité de co-conception de cette solution accessible qui se veut être un trait d'union entre le déplacement indoor et outdoor en une seule application et une seule solution qui se veut être un véritable couteau suisse en un seul usage simplifié et à l'attention du plus grand nombre possible. 

Mon cas précis, à savoir celui de la cécité totale de la déficience en règle générale, j'ai tiré le constat, tout ça a été validé par une étude de la fondation VH de 2021, de qui fait état du fait que la plus grande difficulté pour les personnes en situation de handicap visuel, proviennent du déplacement pour 73 % des interrogés. La question du déplacement est très problématique. Est un véritable frein à l'expression d'une citoyenneté, d'une activité globale. Évidemment de la recherche d'innovation et de nouveauté dans la vie de chacun. 

Voilà pourquoi l'intérêt est primordial dans le fait de trouver une solution qui soit efficace, non pas qu'il n'en existe pas, ou pas assez, puisqu'une grande croyance dans le milieu de l'accessibilité du handicap veut qu'il n'existe pas assez d'outils adaptés ou d’outils disponibles. J'ai tendance à croire que c'est faux, il en existe énormément, pas toujours, ni correctement mis à disposition, correctement pensés dès le début, ni correctement pérennes. 

C'est là que je trouve toute la force de frappe d'Access'lab mobility, notamment dans son idée d'être développé à partir d'un comité de co-conception. Je vais laisser Charlie introduire la génèse du projet avant de revenir sur le comité et ce qu'il apporte dans sa diversité. 

— Merci Sélim pour la traduction, pour pose le constat et la problématique. Je me présente, je suis développeur de N-Vibe. On développe le premier GPS vibrant pour aveugles et malvoyants. Je travaille dans la mobilité pour aveugles et malvoyants depuis maintenant 4 ans et demi. 

Justement, pendant ce développement, j'ai pas mal échangé avec des acteurs de la mobilité, des fondateurs de start-ups, des fondations et associations. Finalement au cours justement des développements et des ces échanges, je me suis toujours dit, en fonction des retours des utilisateurs, qu’il avait beaucoup d'applications qui existaient pour les aveugles et malvoyants, mais aussi pour tout type de handicap, qui avait des spécificités bien précises, des fonctionnalités, certaines qui vont être particulièrement intéressant pour les déplacements à l'extérieur. D'autres pour le déplacement en intérieur, d'autres la transition, pour le transport en commun, en tant que déficients visuels, et utilisateurs, nous sommes obligés de jongler avec des applications différentes pour avoir un déplacement sans encombre de la maison jusqu'à notre destination finale. 

En discutant avec la fondation Valentin Haüy, mais d’autres acteurs comme Anthony Martins-Misse, de l'entreprise View, on se dit que la problématique était commune à toutes les personnes qui développaient des solutions à la mobilité. On se dit que plutôt que de développer chacun notre application, se rassembler autour d'un objectif commun. 

De permettre aux personnes en situation de handicap de se déplacer sans coupure de chez eux jusqu'à n'importe quelle destination. Un vaste projet. La problématique est vraiment très importante et concerne énormément de personnes. L'objectif que l'on s'est fixé, finalement, la solution pour répondre à l'objectif, était de s'associer. Finalement, avec justement l'impulsion de la Fondation Valentin Haüy et les discussions avec Anthony, nous avons identifié des entreprises particulièrement complémentaires.

C'est pour ça que nous sommes 4, 4 entreprises, Audio spot, spécialisé dans les informations, dans les lieux comme Disney, ou des informations qui vont être envoyées lors d'un point bien précis, Streetco spécialiste de la donnée et de l’évitement d'obstacle dans les déplacements, View spécialisée dans le guidage en intérieur et notamment la géolocalisation en intérieur, et chez N-Vibe, dans le guidage en extérieur. 

Avec toutes ces solutions, l'objectif est non seulement de s'associer techniquement, mais aussi d'avoir une approche qui va permettre aux utilisateurs de s'y retrouver et d'avoir vraiment les fonctionnalités dont ils ont besoin au quotidien. C'est pour ça que nous avons créé le comité de co-conception, car vraiment, les 2 particularités de notre démarche seront de s'associer à plusieurs entreprises pour la mobilité décrite un produit commun, et deuxièmement de mettre l'utilisateur au cœur du développement dès le début. 

C'est pour ça qu'on a créé le comité qui est composé d'une trentaine de personnes avec déficients visuels, des instructeurs de locomotion, à terme, nous voulons inclure tout type d'handicap dans ce comité pour bénéficier du retour des utilisateurs. 

— Ce qui est formidable dans le fait d'avoir tous ces acteurs autour de la table, bien sûr audio spot etc. c'est d'avoir une exhaustivité dans les contacts humains. Dans les différents profils à disposition. Il y a un véritable vivier de personnes dans lequel il a été possible de piocher à la demande des principaux intéressés. Pour aller chercher leur volonté première. 

C'est ça la principale innovation. C'est d'avoir la demande du principal intéressé au cœur du processus de développement. On a commencé par se demander : tu as le Père Noël face à toi, qu'est-ce que tu demandes ? Qu'est-ce que tu veux ? 

Par la suite, on va se laisser toute liberté de rechercher ce qui est faisable, bien sûr. Sur les limites techniques ? Les limites de diverses natures ? On va rechercher la volonté première de suivre le besoin qui est impérieux, inhérent à nos limitations au quotidien. 

Pour ce faire, le comité se compose donc d'une trentaine de personnes. C'est assez variable en fonction de la disponibilité, de la volonté de chacun. En tout cas, d'un bouquet de profils extrêmement variés… dans le mode de vie, peut-être le niveau d'autonomie, le niveau de perception visuelle, les habitudes numériques, les aisances d'utilisation technologique. 

Aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a quasiment autant de profils utilisateurs que d'utilisateurs en termes d'accessibilité. C'est ce qui est assez formidable aujourd'hui. C'est que, on ne sait pas tout à fait à quoi ressemblera ne serait-ce que la première bêta que l'on espère très prochainement avoir entre les mains. On se doute en tout cas qu'on sera sur la recherche en tout cas d'une exhaustivité, la plus grande efficacité possible, puisqu'on aura basé nos recherches et développements sur tous les retours que l'on se fait régulièrement, de façon hebdomadaire. 

Il y a vraiment une recherche de réponses à porter à chaque question. Une possibilité offerte à toutes et tous d’utiliser ce lien, justement, sans coupure comme tu disais à juste titre, Charlie. 

— Effectivement, le livrable de ce comité de co-conception, c'est vraiment ça, d'avoir cette application qui puisse être testée par le plus grand monde. Depuis le mois de décembre, pratiquement toutes les semaines, tous les 15 jours, il y a eu une application qui est testée au sein du comité. 

Les retours sont déjà intégrés finalement dans la version en développement. L'objectif c'est que assez rapidement, on ait une version bêta qui puisse être testée par le plus grand nombre et en situation. 

En parallèle, on veut s'assurer que ce qui est développé va aussi bénéficier aux différentes entreprises qui sont partenaires. Aujourd'hui, nous avons deux expérimentations en cours. Une première avec la RATP, où on va avoir une dizaine de personnes qui vont tester notre solution sur un parcours extérieur/intérieur dès demain. C'était aussi une expérimentation en cours avec la SNCF, de la même manière, l'objectif est de pouvoir guider une personne sans coupure. 

Et justement, en prenant en compte tous les retours des utilisateurs que nous avons eus depuis le mois de janvier. 

— Ce qui est justement l'intérêt collatéral de tout ça, c'est que ça va bénéficier aussi sur d'autres aspects. Notamment, potentiellement des aspects économiques. Puisque pourquoi pas offrir d'autres possibilités que les moyens humains pour avoir recours à certaines accessibilités aujourd'hui ? Pourquoi pas rechercher d'autres moyens de se débrouiller par soi-même pour ceux qui le souhaitent et le peuvent ? Donc, l'intérêt de ce développement et de ce travail en cours, c'est aussi le ruissellement. Et que ça se retrouve pour le plus grand nombre au-delà des simples utilisateurs de la solution. 

C'est en ce sens que moi, simple membre du comité de co-conception, simple utilisateur final, je me suis retrouvé séduit et embarqué dans cette aventure. Puisque de par ma VAE d’aveugle 3e dan, je me retrouve parfois avec des solutions qui ont été développées par d'autres et pour moi, en ayant l'intime conviction que les personnes avaient les meilleures intentions du monde, mais un énorme manque de renseignements ou une approche biaisée dès le début qui fait que l'on voit bien l'esprit, mais on cherche encore l'efficacité. 

Malheureusement, le fait d'avoir des moyens, des financements, ou même une mise sur le marché final, mais en rien un gage du fait que l'on va y trouver son compte. Ou que ça a été développé dans le bon sens. 

C'est vraiment en ce sens, à mon avis, le fait d'avoir mis autour de la table et d'assumer de mettre autour de la table plusieurs entreprise et de conjuguer tout cela avec le milieu associatif également, quelque part c'est la meilleure solution qui puisse être. 

Charlie en attestera, mais rien n'empêche chaque entreprise d'y trouver son compte puisque évidemment, puisque rien n'est privé. Dans le sens où rien n'est retiré à ces sociétés, ou les entreprises. Chacun conserve sa solution. C'est juste une nouvelle porte ouverte, d'autant plus, pour les entreprises autour de la table. C'est ce qui est formidable, ça apporte un enrichissement supplémentaire pour l'utilisateur final, de pouvoir avoir accès à d'autres bases de données d'utilisation ou d'autres lames au futur couteau suisse numérique. 

— Effectivement, concrètement je vous donne un peu rendez-vous au mois de juin puisque maintenant, jusqu'au mois de juin, il y a des expérimentations en cours. Nous avons de plus en plus de tests de fait sur l'application. On va documenter tout cela avec des vidéos, des retours d'expérience, ce genre de choses. On va pouvoir présenter justement une partie de ces retours d'expérience à Viva tech et Autonomic Paris je vous donne rendez-vous pour en savoir plus sur nos solutions. Je pense qu'on a fait le tour. Nous sommes ravis d'accepter vos questions. 

Questions de la salle

— Oui, bonjour. Je suis aussi parrain de la fondation. C'est une expérience intéressante pour faire évoluer les produits. Mais, il faut dire que N-Vibe en soi existe. C'est un produit de type GPS qui permet le déplacement à l'extérieur, y compris de prendre des transports. 

Il a déjà un certain nombre de caractéristiques. Ce n'est pas du tout à l'état de prototype. Alors, il y a des projets pour améliorer la circulation, pour améliorer le produit. Mais, c'est déjà quelque chose qui existe et qui a fait beaucoup de progrès depuis le début. 

— Quelle est la question exactement ? 

— Non, c'était juste pour signaler cela. Parce que j'avais l'impression en écoutant cela, je pense que les usagers pensent que c'est du prototypage et du développement encore, ça me semblait utile de dire qu'il avait déjà des produits existants. Que l'objet était de l'améliorer, et de le faire évoluer, d'apporter des fonctionnalités supplémentaires demandées par les usagers. 

Mais il y a déjà quelque chose qui existe. 

— Merci Alain pour ce témoignage de l'utilisation de N-Vibe, déjà. Effectivement, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que chacune de ces entreprises, on a chacun développé nos produits qui sont pour la plupart sur le marché est testée par de nombreux utilisateurs. 

En fait, ce rassemblement d'entreprises, on ne part pas de 0. Et c’est important de le préciser. Finalement, l'historique de chacune des entreprises va bénéficier à ce projet commun qui a une ambition, par exemple quand je prends N-Vibe, notre objectif est très focalisé sur le déplacement des personnes en handicap visuel. 

Finalement, le projet de Access'lab mobility va plus loin, c'est vraiment de proposer une solution de guidage sans coupure, à tous types de profil, tous types handicap. C'est donc de construire des briques supplémentaires sur les solutions existantes. 

Bien sûr, toutes les fonctionnalités et les bénéfices, les solutions qui sont autour de la table, vont être prises en compte et vont être intégrées dans notre solution unique. 

— Il y a d'autres questions ou interventions ? 

Vous êtes victimes de votre précision et de tout ce que vous avez énoncé ! 

Et bien je vous remercie pour votre intervention. Merci à tous les intervenants, aussi. 

(Applaudissements) 

Je n'oublie pas les personnes en charge de la transcription.

Fin de la transcription

Nos dernières actualités