Qu'est-ce que l'amblyopie ?

Il s’agit d’une maladie d'origine infantile.

On estime qu’environ 3 % des Français ont un « œil paresseux ».

Parmi les 780.000 naissances recensées en France en 2001, 23.400 enfants courent le risque de développer une amblyopie. Chez les enfants, l'amblyopie est une cause fréquente de perte de la vision.

Quelle prise en charge pour l’amblyopie ?

Chez l'enfant, il est plus facile de rééduquer l’amblyopie jusqu'à l’âge de trois ans. De deux ou trois ans à cinq ou six ans, la récupération est encore possible mais plus longue à obtenir. Après six ou sept ans, l’amblyopie déjà ancrée n’est souvent récupérée que partiellement et au prix d’un retentissement non négligeable sur la scolarité. La guérison de l’amblyopie est quasiment impossible au-delà car les connexions neuronales ne peuvent plus être établies.

L’amblyopie est d’autant plus curable qu’elle aura été diagnostiquée plus tôt. Il est donc crucial de la dépister dès les premiers signes afin d’engager une prise en charge précoce. Un examen spécialisé s'avère donc nécessaire devant tout signe visuel anormal à quelque âge que ce soit, même avant l’âge un an, surtout lorsqu’on a la notion d’antécédents familiaux.

Comprendre l’amblyopie

Le développement de l'acuité visuelle du bébé

A la naissance, la macula est immature et le nourrisson a une vision estimée à environ un vingtième. Mais ses capacités vont évoluer très rapidement au cours de la première année de vie. Sous l’effet des stimulations visuelles, la macula va acquérir sa maturité et les connexions neuronales vont s’établir depuis la rétine jusqu’au cortex visuel occipital à condition qu’aucun élément perturbateur exogène (traumatique, infectieux, environnemental…) ou endogène (hérédité) ne vienne les contrarier.

Dès la naissance, le nouveau-né à terme dispose de capacités visuelles qui lui permettent de reconnaître un visage à 30 cm. Les tests cliniques psycho-visuels de captation, de fixation, et de poursuite du regard apprécient, dès cet âge, les capacités visuelles du nourrisson.

À trois mois, sa vision peut être estimée à 1/10 et la maturation de la macula se terminant à l’âge d’un an, l’acuité visuelle devient de l’ordre de 2/10 ce qui correspond grossièrement chez l’adulte à la lecture des gros caractères d’un journal. Le test du « bébé vision » permet à cet âge pré-verbal de quantifier la vision et surtout de dépister une différence d’acuité entre les deux yeux évoquant un risque d’amblyopie.

La perte progressive de l’hypermétropie physiologique, du fait de la croissance du globe oculaire jusqu’à l’âge de trois ans, fait qu’à cet âge verbal une mesure objective de l’acuité visuelle devient possible et chiffrée à 5 à 6/10 au minimum.

A l’âge de six ans, la maturation visuelle est achevée, l’acuité visuelle doit être spontanément ou avec correction optique de 10 dixièmes. Selon l’heureuse expression de A. Ajuriaguerra « à six ans un enfant est achevé d’imprimer». C’est l’âge légal de la scolarité obligatoire mais aussi celui de la limite de la rééducation d’une amblyopie. Au-delà, les connexions neuronales ne s’étant pas normalement établies, les chances de récupération de l’amblyopie sont très faibles et l’enfant devient un amblyope unilatéral, autant dire borgne pour la fin de ses jours.

On ne saurait donc trop insister sur la nécessité d’un dépistage précoce de l’amblyopie à une période où la rééducation est particulièrement efficace. Ce dépistage est particulièrement important devant toute déviation oculaire (strabisme) chez l’enfant à quelque âge qu’elle soit observée et lorsqu’il existe des antécédents familiaux de strabisme ou d’amblyopie.

Le champ visuel

Le champ visuel est l'étendue de l'espace dans lequel il est possible de détecter un stimulus. Le champ visuel du bébé de deux ou trois mois est étroit, il va s’élargir peu à peu au fur et à mesure de la maturation visuelle surtout au cours de la première année de la vie.

La vision des couleurs

La capacité de discriminer les couleurs est effective à partir de l’âge d’un an et peut être explorée dès l’âge verbal de trois ans.

La prévention de l'amblyopie

Il faut insister sur l'importance d’un bilan ophtalmologique lors des examens pédiatriques :

  • examen néonatal,
  • suivi entre deux et quatre mois par le pédiatre,
  • visite du neuvième mois,
  • visite entre 25 et 30 mois.

La correction optique du bébé

A la faveur des examens pédiatriques, ou lorsqu’un signe d’appel attire l’attention de l’entourage, le recours à l’ophtalmologiste peut amener celui-ci à dépister un trouble de la vue nécessitant le port d’une correction optique pour myopie, astigmatisme ou hypermétropie importante.

La correction sera obtenue par la mesure de la valeur optique de l’œil (réfraction ) après sa mise au repos par l’instillation d’un collyre (atropine, cyclopentolate) afin de supprimer le phénomène de l’accommodation très tonique et faussant considérablement les mesures à cet âge.

Certains enfants ont vu leur développement psychomoteur transformé, lorsqu’un défaut de vision a pu être dépisté et corrigé par une paire de lunettes. Ce que nous voyons n'est rien que ce que nous avons appris à voir.

L'opticien a pour rôle d'installer les lunettes sur le visage, ce qui n'est pas si simple. La paire de lunettes ne doit pas être dangereuse, ne doit donc pas être en métal, et les verres parfaitement centrés doivent être placés bien en face des yeux. Compte-tenu de la morphologie du visage, de la faible ensellure nasale et de l’obligation pour l’enfant à regarder toujours vers le haut pour atteindre l’environnement des adultes, les montures doivent être de taille adaptée, avec un pont bas et de larges optiques rondes. Dans certains cas, la pose temporaire de secteurs opaques peut se révéler nécessaire dans la rééducation d’un strabisme.

Pour en savoir plus sur les troubles et pathologies de la vision, consultez notre page dédiée aux maladies des yeux.

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