Témoignage : Christopher, kinésithérapeute non-voyant diplômé du CFRP

Non-voyant, Christopher s’est orienté vers la filière de kinésithérapie du CFRP de l’association Valentin Haüy. Aujourd’hui diplômé, il nous raconte son parcours et sa nouvelle vocation.

 

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Après être passé par l’INJA (Institut National des Jeunes Aveugles ), je voulais sortir du monde de la déficience visuelle donc je me suis orienté vers la fac pour faire des études de psychologie. Je suis allé jusqu’au master 1 mais je n’ai pas trouvé de master 2 de psychologie à Paris. J’ai donc pris une année de césure qui m’a permis de réfléchir à ce que je voulais faire ensuite. Je ne voulais pas repartir dans des études à la fac car c’était très difficile en tant que non-voyant, mais je voulais rester dans le domaine de la santé. Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de débouchés avec le métier de kiné, y compris pour les déficients visuels, et donc j’ai décidé de tenter le CFRP de l’association Valentin Haüy.

Qu’est ce qui vous a plu en particulier ?

Ce qui m’a plu c’est le contact avec le patient, aider les autres me tient vraiment à cœur. On ne peut pas faire de maçonnerie, ou de la menuiserie lorsqu’on est déficient visuel, mais nos mains peuvent servir à soigner des gens et à leur faire du bien. Et en plus de l’aspect humain, il y avait un aspect technique, un savoir-faire qui s’acquiert au fil des années et ça c’est très satisfaisant.

Comment se sont passées vos études à la fac ?

J’étais malvoyant quand je suis rentré à la fac et rien n’était adapté, j’ai donc acheté une loupe et un télé agrandisseur et j’ai commencé à tout refaire avec la vue pour mes cours, ce qui a accéléré les effets de ma maladie dégénérative et au bout de deux  ans j’avais complètement perdu la vue, donc après c’était encore plus difficile de suivre les cours.

Qu’est -ce que votre arrivée  au CFRP a changé pour vous ?

En arrivant au CFRP, ça m’a soulagé, parce qu’on est dans des petites promos, les enseignants ont plus de temps pour nous expliquer les choses et surtout chaque enseignant se demande d’abord comment il peut adapter son cours, c’est leur première réflexion contrairement à la fac. J’ai pu suivre les cours plus facilement grâce au braille, aux cours sur ordinateur et à des plans en relief.

Comment voyez-vous votre avenir  ?

Je me dirige vers des centres de rééducation ou des hôpitaux, j’ai déjà eu plusieurs offres et plusieurs entretiens sont en cours. A terme j’ai l’intention de finir mes études de psychologie pour associer les deux pratiques.

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