12 mai 2025 - Sortie rencontre d'une audiodescriptrice au cinéma de Mâcon
Dans le cadre des 40 ans de l’Embobiné, un article du JSL du 15 mai 2025 relate la sortie du Comité de Mâcon au Pathé Cinéma, afin de découvrir en sa présence, le métier d’audio-descriptrice.
Publié le 19 mai 2025

Dune Cherville, audiodescriptrice : « Je sais comment démonter un AK 47 »
L’association mâconnaise L’Embobiné avait comme invitée cette semaine Dune Cherville, audiodescriptrice professionnelle pour parler des secrets de son métier, dans le cadre du Printemps du handicap.
Dune Cherville, lauréate 2019 du prix Marius, le César des audiodescripteurs, était ce lundi 12 mai à Mâcon pour parler de son métier lors d’une séance sensorielle organisée par l’association L’Embobiné, dans le cadre du festival Printemps du Handicap.
« J’ai commencé par être lectrice bénévole pour aveugles pour l’association ValentinHaüy. C’est ici que j’ai découvert il y a 25 ans le métier d’audiodescripteur qui, à l’époque, était fait seulement par 10 personnes », se souvient celle qui
se décrit comme traductrice d’images.
« Mon rôle est de me glisser entre les dialogues, entre les sons du film. Il faut avoir une bonne voix et un vocabulaire riche pour récréer les images et la technique de tournage, sans dire “gros plan”, “contre-plongée”, etc. » Il faut aussi savoir se taire, laisser respirer un film. Il ne faut pas décrire tout ce qu’on entend », explique Dune Cherville.
« Je vérifie toujours avec des lecteurs non-voyants avant de l’enregistrer. Car j’écris un texte qui est fait pour être entendu.
Ce qui est joli à l’écrit peut être moche à l’oral. Il faut aussi avoir une bonne culture cinématographique pour comprendre
les intentions du réalisateur du film, la mise en scène. On doit donner à voir le même film aux aveugles que celui vu par le reste du public », souligne celle-ci.
Certains films demandent de longues recherches. « Je me souviens avoir beaucoup lu sur la peinture de Turner et de Rembrandt car je voulais décrire avec les bons mots les tableaux qu’on voyait dans le film. Pour des films de guerre c’est pareil. C’est affreux de le dire mais je sais démonter et remonter un fusil AK 47 car j’ai beaucoup traduit des films de
Clint Eastwood », avoue Dune Cherville qui passe en moyenne une heure de travail pour une minute de film traduit.
La menace de l’IA
« On prédit que 70 % des traducteurs vont disparaître ou vont travailler autrement à cause de l’intelligence artificielle.
Les producteurs essayent déjà de nous imposer des logiciels, mais on a refusé », déclare Dune Cherville, qui déplore la baisse de qualité au détriment de la quantité depuis que l’audiodescription a été imposée par la loi aux producteurs de film et de télévision. « Les grandes plateformes utilisent déjà l’IA en audiodescription avec des voix de synthèse. C’est désagréable et c’est plein d’erreurs, de répétitions, de redondances, mais ceux qui financent ne s’intéressent pas à ça », explique celle-ci.
À présent on compte une cinquantaine d’audiodescripteurs professionnels en France.
Cristian Todea (CLP)
Le comité mâconnais Valentin-Haüy au cinéma
Une quinzaine de personnes avec handicap visuel étaient présentes ce lundi 12 mai au cinéma de Mâcon, grâce au comité mâconnais Valentin-Haüy, à la rencontre avec l’audiodescriptrice professionnelle Dune Cherville, événement proposé par l’association L’Embobiné pour le festival Printemps du handicap 71. Celle-ci a expliqué son travail à l’aide d’un court-métrage en audiodescription, une expérience très appréciée par le public. « J’ai déjà assisté à un film en audiodescription mais c’était en casque.
J’ai mieux aimé ce soir avec la sonorisation de la salle. Avec l’audiodescription, j’arrive à mieux comprendre ce qui se passe dans un film », expliquait Loric, 51 ans, malvoyant de Tournus.
Présent à l’événement, Jean-Pierre Mathieu, élu municipal en charge de l’intégration aux personnes handicapées, a félicité les organisateurs de ce rendez-vous et du Printemps du handicap,
AMi 71.
L’audiodescription en résumé
● Le premier film audiodécrit : Tucker, de Francis Ford Coppola, en 1988, aux États-Unis.
● Les premiers à se former : ce sont des Français, grâce à l’association Valentin-Haüy qui a envoyé trois personnes aux États-Unis.
● Le premier film audiodécrit en France : Indiana Jones, la dernière croisade, en 1989.
● 150 cinémas en France : Il y a seulement 150 cinémas en France qui ont des salles dotées de dispositifs d’audiodescription en casques, dont une à Mâcon.
● Pas de formation, pas de diplôme : Il n’y a pas de diplôme, ni de parcours professionnel pour ce métier. Il y a des formations privées et des cours d’initiation à l’université, dont celui de Dune Cherville à l’université Paris Nanterre.
● Que dit la loi ? La loi impose en France aux producteurs de films et aux télévisions d’assurer l’audiodescription pour leurs programmes dans des quotas. L’audiodescription pour un film coûte entre 5 000 et 7 000 €.

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