Comment les personnes déficientes visuelles utilisent l’informatique

En matière d’utilisation de l’informatique, les personnes déficientes visuelles se répartissent en deux catégories :

  • d’une part les personnes aveugles ou très malvoyantes dont la vision résiduelle ne peut être utilisée pour une lecture soutenue ;
  • d’autre part les personnes malvoyantes pouvant, dans des conditions adaptées, utiliser leur vision résiduelle pour lire.

Il est précisé que, en matière de saisie, sauf cas de handicap moteur, toutes les personnes déficientes visuelles peuvent apprendre à se servir d’un clavier azerty classique. Le problème à résoudre est celui de la restitution de ce qui s’affiche à l’écran.

 

Aveugles et malvoyants ne pouvant recourir à leur vision résiduelle

Sur l’ordinateur d’une personne aveugle ou malvoyante ne pouvant utiliser sa vision résiduelle, on installe un logiciel appelé « lecteur d’écran » ou « revue d’écran ».

Disposant le plus souvent d’un synthétiseur vocal, le lecteur d’écran récupère l’information textuelle et la restitue vocalement à l’utilisateur. Cette vocalisation porte aussi bien sur le texte frappé au clavier que sur le contenu de l’écran (menus, boîtes de dialogue, texte des documents, pages Internet…).

Si la personne connaît le braille, le lecteur d’écran peut aussi gérer en parallèle un afficheur braille connecté à l’ordinateur. L’afficheur reconstitue les caractères braille correspondant à une portion de ligne de l’écran ; des touches de fonction permettent le déplacement dans l’écran.

À retenir : la synthèse vocale ne peut restituer que de l’information textuelle. Lorsque s’affichent à l’écran des photos, des images ou des graphiques porteurs d’information (c'est-à-dire ayant une fonction autre que décorative), il est primordial que cette information puisse être restituée aux personnes déficientes visuelles. La plupart des logiciels (traitement de textes, tableur, présentation…) offrent la possibilité d’associer à ces objets un texte de remplacement, également appelé alternative textuelle. Quand le lecteur d’écran rencontre une image, il restitue donc vocalement (ou en braille) ce texte de remplacement.

Un autre point important à prendre en considération est que l’audition ainsi que le toucher ont un fonctionnement très différent de la vue.

Quand une personne voyante regarde un écran (ou un document papier), elle a une vue d’ensemble. Elle repère les titres et sous-titres, généralement mis en évidence par des artifices graphiques (caractères plus gros, en gras…) et commence sa lecture à la partie qui l’intéresse.

Avec l’audition ou le toucher, il en va autrement : il n’est pas possible d’avoir une « écoute d’ensemble » ou un « toucher d’ensemble » comme on peut avoir une vue d’ensemble. D’autre part, si la personne déficiente visuelle peut connaître les attributs graphiques (gras, taille) d’une zone de texte, ce n’est pas très facile car cela nécessite une démarche spécifique (et fortement consommatrice de temps) de recherche de ces attributs qui sont perçus spontanément par une personne voyante.

En outre, même pour des personnes déficientes visuelles très entraînées, l’écoute d’un texte ou sa lecture en braille sont moins rapides que la lecture visuelle par une personne voyante.

Pour que les personnes déficientes visuelles puissent lire des documents informatiques ou des pages Web dans de bonnes conditions de vitesse, il est donc primordial que soient utilisées les possibilités de structuration des documents et pages Web offertes par les logiciels (titres, listes à puces ou numérotées, table des matières…). Les documents ou pages Web ainsi créés comportent des « balises » que peut interpréter le lecteur d’écran et, ainsi, une personne déficiente visuelle peut commencer par ne lire que les titres pour ensuite lire le détail correspondant au titre qui l’intéresse.

 

Personnes malvoyantes pouvant utiliser leur vision résiduelle pour lire

Pour les malvoyants disposant de capacités visuelles résiduelles suffisantes, il existe des logiciels d’agrandissement permettant la présentation du contenu de l’écran sous plusieurs formes (plein écran, loupe, ligne, écran partagé…) et la modification très fine des couleurs d’affichage (inversion de polarité, affichage en noir et blanc, suppression ou remplacement de couleurs…). Certains logiciels offrent aussi des aides sonores (lecture des textes affichés, prononciation des saisies faites au clavier).

La lecture sera facilitée par une bonne structuration des documents et pages Web (titres, listes à puces ou numérotées…).

Pour que les personnes malvoyantes puissent lire correctement l’information affichée à l’écran, les couleurs doivent être utilisées de manière judicieuse :

  • utiliser des couleurs bien contrastées, en veillant notamment à ce qu’il y ait un contraste suffisant entre la couleur du texte et la couleur d’arrière-plan ;
  • éviter l'utilisation de la couleur seule pour donner ou faire ressortir une information (par exemple le fait qu’une valeur est négative ne doit pas être indiqué par le seul emploi de la couleur rouge – utiliser le signe moins).

Pour apprécier si les couleurs sont correctement utilisées, il existe l’outil Colour contrast analyser téléchargeable gratuitement.

Il permet de vérifier facilement si la combinaison des couleurs utilisées pour le premier plan et pour l’arrière-plan offre un contraste suffisant (c'est-à-dire d’au moins 4,5 pour du texte de taille normale).

 

Exemple de contraste insuffisant (rouge sur fond gris)

Colour contrast analyser - contraste insuffisant (2,2). Arrière-plan gris. Premier plan rouge.

 

Exemple de contraste correct (bleu sur fond jaune clair)

Colour contrast analyser - contraste correct (11,5). Arrière-plan jaune clair. Premier plan bleu.

 

 

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