Au Centre Witkowska, une vie à réinventer pour les salariés et résidents confinés

Au centre Odette Witkowska de l’association Valentin Haüy, les équipes encadrantes ont dû s’adapter pour réinventer le quotidien des 30 résidents confinés sur le site et répondre au mieux aux différents besoins, tant individuels que collectifs. Découvrez comment salariés et résidents vivent depuis maintenant près de 54 jours pour respecter le confinement.

 

Dans la salle d’activité du foyer Witkowska, un petit groupe de musiciens amateurs se lance dans une reprise acoustique endiablée d’une chanson célèbre de Britney Spears !

Dans cet établissement de service d’aide par le travail accueillant en période normale près de 98 ouvriers en situation de handicap , on oublierait presque en voyant cette scène qu’on est en période de confinement.

Des professionnels très motivés

Avec l’arrêt brutal des activités de l’ESAT, l’annulation de toutes les manifestations culturelles, les emplois du temps et les habitudes ont pourtant été bouleversés ici, comme partout ailleurs.

Sur place, l’équipe éducative mais aussi l’animatrice, la psychomotricienne, la psychologue l’ergothérapeute, l’infirmière, l’assistante sociale, et les surveillants de nuits continuent d’accompagner chaque jour les résidents.

« Les équipes ont fait preuve d’une motivation, d’une créativité et d’un professionnalisme exemplaire durant cette période. Tout le monde a répondu présent, et certains n’ont pas hésité à proposer en plus leur aide pour épauler les collègues » affirme Emilie, la directrice adjointe du Centre Odette Witkowska.

De nouveaux rituels mis en place

Pour limiter les risques de contamination, « un petit rituel a été rapidement et facilement adopté par l’ensemble des résidents fréquentant l’animation :  à chaque entrée dans la salle d’activité, chacun se lave les mains. » explique Nathalie, animatrice au foyer du centre. Les chaises ont été espacées les unes par rapport aux autres afin de respecter la distanciation sociale. A chaque fin de journée les chaises, tables, portes sont désinfectées et la salle aérée.

Enfin, pour limiter les contacts physiques, des bâtons en plastique (initialement prévus à des exercices de gymnastique) servent à guider les résidents ou leur permettent de marcher et courir en duo dans le parc, en toute sécurité.  « Grâce au respect des gestes barrières personne sur le site n’a été malade ! » se réjouit Nathalie.

Maintenir une vie sociale, sportive et culturelle

« Le projet du service animation étant de maintenir et développer une vie sociale et culturelle par l’ouverture sur l’extérieur, la rencontre avec l’autre à l’intérieur et à l’extérieur de l’institution…. nous avons dû,  en cette période de crise sanitaire, faire  tout autrement. L’objectif depuis mi- mars est donc devenu : comment passer une bonne journée en se faisant du bien au corps et à l’esprit dans cette atmosphère angoissante !! » explique Nathalie.

La résidente Gisèle dans son transat profite du soleil !

« Marche en duo, course en duo, sport, relaxation, lecture de contes et poèmes, écoute des aventures de Tintin en podcast sur France culture, ateliers de musique et d’arts plastiques … Chacun investit ce temps en prenant soin de son corps et de son esprit. » ajoute Laura Monitrice-éducatrice au Centre Odette Witkowska.

  

Pour Baptiste, résident du centre qui participe à l’activité « course en duo » proposée par les équipes éducatives, « courir en duo me permet de me défouler un peu, car les entraînements et les compétitions de judo commencent vraiment à me manquer ! »

Deux coureurs en duo avec un baton en plastique entre eux

Autre activité proposée, le livre d’or du confinement pour permettre aux résidents de s’exprimer et d’extérioriser tout ce qu’ils ressentent durant cette période inédite.

Nicole, résidente au Foyer de vie Odette Witkowska de l’AVH, retraitée de l’ESAT Odette Witkowska de l’AVH tient dans ses mains le livre d'or du confinement

Les résidents en contact avec la nature

Le confinement a été l’occasion pour les équipes salariées et les résidents de redécouvrir et d’investir l’immense et magnifique parc du centre Odette Witkowska. « Nous avons même découvert des endroits que nous ne connaissions pas ! » plaisante Emilie.

Deux bras entourent le tronc d'un gros arbre comme pour lui faire un câlin

Un contact avec la nature apaisant et bénéfique pour les résidents comme en témoigne Noël  Célia, au Centre Odette Witkowska depuis 9 ans :  « C’est un temps qui m’a permis d’être plus proche de la nature. Et ça m’a fait du bien ! La nature permet de trouver le confinement moins lourd. Je continuerai ces temps même après le confinement. »

Célia, une des résidente, sent une glycine mauve

Une expérience plus ou moins bien vécue

« Bien sûr ce sont les sorties et les activités à l’extérieur qui manquent le plus tout comme le lien avec les familles. Le téléphone ne suffit plus et cette coupure commence à être longue. » commente l’animatrice Nathalie. C’est le cas de Mohammed : « Ça fait un peu mal au cœur d’être loin de mes enfants. Heureusement, je les ai au téléphone. »


Ayhan garde le sourire mais s’impatiente aussi un peu : « C’est dur, je ne peux pas sortir sur l’extérieur et me rendre à mes activités habituelles. J’aimerais pouvoir reprendre mon activité à l’ESAT et faire mes courses seul. »

Portrait d'Ayhan, jeune homme de 26 ans souriant

Pour Baptiste aussi, les journées sont longues : « Je m’ennuie, j’aimerais sortir. Le travail à l’ESAT me manque et j’espère que je pourrais partir en vacances cet été. »

Portrait de Baptiste, jeune homme souriant de 21 ans

Pour découvrir le vécu d'autres résidents, regardez cette vidéo :

« Ce n’est pas grand-chose comparé à 1939 »

Jeannette, la doyenne du centre Witkowska sourit

Pour Jeannette, doyenne et résidente du Centre depuis 1963, le confinement n’est pas un drame. « Je suis en bonne santé et je suis bien soignée ici. Ce n’est pas grand-chose comparé à la guerre de 1939, lorsque j’avais 13 ans et que j’étais hébergée chez les sœurs à Chilly-Mazarin. Lors des bombardements et des alertes nous allions dans la salle de musique au sous-sol et nous patientons comme on pouvait. Nous sacrifions nos chocolats pour les offrir aux prisonniers et avec mon amie Sylviane nous tricotions des chaussettes et des passe-montagnes pour les soldats. C’était bien, nous nous sentions utile pour le pays ! Puis, au final, nous avons pu faire la fête pour la libération ! J’ai hâte de sortir, de voir des amis. La vannerie, les activités manuelles et le tricot du centre social me manquent. Il me reste un petit peu de laine, heureusement !»

Un déconfinement progressif

La date officielle du déconfinement approchant, il faut à nouveau mettre en place un protocole inédit. « Nous comptons faire un déconfinement très progressif, avec 10 travailleurs à l’ESAT la première semaine, puis 20, puis 30. Nous étudions au cas par cas en fonction des dossiers médicaux pour voir qui peut aller travailler. Nous allons sans doute nous inspirer de la période de confinement pour actualiser notre plan sanitaire » conclut la directrice adjointe du Centre.

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