Cristelle nous parle de son métier : instructrice en locomotion

Ergothérapeute de formation, Cristelle a découvert la locomotion lors d'un stage et a eu envie d’en faire son métier. Découvrez son parcours et son métier en lisant son témoignage.

Bonjour Cristelle, vous êtes instructrice en locomotion* au sein de l’association Valentin Haüy. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Je suis ergothérapeute de formation. C’est lors d’un stage que j’ai découvert la locomotion et que j’ai eu envie d’en faire mon métier. J’ai trouvé ensuite une structure qui était à la recherche d’un profil d’ergothérapeute pour le former en locomotion. Une fois diplômée  en ergothérapie, j’ai suivi la formation des instructeurs de locomotion à Paris pendant 7 mois. Celle-ci comprend des cours pratiques, des cours théoriques et des stages ; l’ensemble est validé par des examens de fin d’année.

J’ai ensuite passé un Diplôme Universitaire « basse vision » pour approfondir mon champ de compétences et de connaissances sur ce sujet.

J’ai travaillé d’abord avec des enfants puis, en 2012, j’ai intégré l’association Valentin Haüy.

 

Combien de temps faut-il environ pour qu’une personne soit capable de se déplacer de manière autonome ?

Il est difficile d’estimer une durée moyenne pour devenir autonome dans ses déplacements quand on est aveugle ou malvoyant. Cela dépend de la personne, de son histoire, de son vécu, de son cadre de rééducation, de ses objectifs, du nombre de séances par semaine, et bien d’autres critères.

Certains auront juste envie de sortir dans leur quartier et acheter leur pain par exemple, d’autres nous sollicitent pour les transports en commun ou encore pour être autonomes en tous lieux.  

En fonction des besoins, des contraintes et des capacités, l’apprentissage peut prendre plus ou moins de temps.

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  Cours de locomotion
(crédit photos : Nadia Bouda)
 

Comment se déroulent les cours de locomotion ?

L’objectif des cours est de développer les différents sens, les capacités cognitives, les habiletés sociales et relationnelles, les techniques et stratégies spécifiques de locomotion. Ainsi  les bénéficiaires seront en mesure de se déplacer en sécurité, d’anticiper les obstacles et se repérer en toute autonomie.

La progression se fait à différents niveaux par les exercices proposés, les lieux choisis, l’approche des différentes techniques qui sont transmises en fonction des besoins. La technique de la canne demande une position précise de la main, un mouvement particulier et savoir se signaler auprès des autres. Lors des cours, on développe aussi le sens de l’audition pour reconnaître les bruits, où ils se situent et à quelle distance. Un travail podotactile est établi pour que le bénéficiaire reconnaisse les différentes sensations tactiles au niveau des pieds et ainsi les endroits où il se déplace (trottoirs, route, passage piéton ...)

La place que prend l’instructeur de locomotion est aussi importante : lors du cours, il peut être très proche et puis, au fur et à mesure, prendre de la distance pour valider des points de prise d’autonomie. Tout cela est réfléchi. Le bénéficiaire doit prendre confiance, prendre plaisir à se déplacer, se sentir progressivement en sécurité tout en ayant conscience de ses capacités et de ses limites.

 

Quelles sont les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les bénéficiaires lors des cours de locomotion ?

Il se passe beaucoup de chose lors d’un cours de locomotion. La dimension psychologique est primordiale. La locomotion est souvent la rééducation la plus difficile à appréhender car elle affirme le manque d’autonomie. Quand on n’est plus autonome dans ses déplacements, tout devient plus compliqué et la dépendance à une aide extérieure est inévitable. La demande de prise en charge peut être difficile à faire pour certaines personnes aveugles ou malvoyantes.

Lors des cours, les difficultés techniques sont inhérentes à chaque personne. Parfois, nous sentons un potentiel important mais le bénéficiaire a besoin de plus de temps pour acquérir son autonomie.

Mais ils y a surtout des moments très positifs : les bénéficiaires se dépassent, surmontent des difficultés, sont heureux de devenir autonomes et grâce à cela de nouveaux horizons se créent pour chacun. Ils peuvent se projeter dans une nouvelle vie dans laquelle ils sont autonomes au quotidien et pour nous, instructeurs, c’est une grande victoire !

Merci beaucoup Cristelle du temps que vous nous avez accordé pour nous faire partager votre expérience sur votre métier.

*La locomotion est l’action de se déplacer d'un lieu à un autre. Quand on est aveugle ou malvoyant, cette action de déplacement est rendue difficile par la cécité. Des techniques spécifiques sont mises en place pour retrouver une autonomie dans les déplacements.

C'est grâce au soutien de tous ses généreux donateurs que l'association Valentin Haüy peut agir pour l'autonomie des personnes déficientes visuelles. Votre aide est indispensable. Merci.

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Sous la responsabilité hiérarchique du Chef de service et du Directeur d’établissement, INSTRUCTEUR EN LOCOMOTION assure, en coordination avec les autres membres de l’équipe les bilans et suivis des bénéficiaires.