Enseigner le braille, un véritable engagement bénévole à Lyon.

Marie-Claire et Marie-Noëlle sont toutes les deux bénévoles en tant qu’instructrices braille au comité Valentin Haüy de Lyon. Elles ont accepté de nous raconter leur expérience.

Marie-Claire et Marie-Noëlle sont toutes les deux bénévoles en tant qu’instructrices braille au comité Valentin Haüy de Lyon. Elles ont accepté de nous raconter leur expérience.

Bonjour Marie-Claire, bonjour Marie-Noëlle Dans un premier temps, pourriez-vous nous raconter un peu de votre parcours et votre arrivée comme bénévole au comité Valentin Haüy de Lyon.

 

Marie-Claire : Nous sommes deux pour enseigner le braille au Comité de Lyon : Marie-Claire, personne non voyante, standardiste à la retraite et Marie-Noëlle, personne voyante, artisane à la retraite. Je suis instructrice braille au comité de l’association Valentin Haüy de Lyon depuis 4 ans, après 14 ans passés au comité Valentin Haüy de Toulouse, comme bénévole.  J’ai appris le braille lors de ma formation de standardiste à l’association Valentin Haüy en 1984, dans le cadre d’une réinsertion professionnelle due à une rétinite pigmentaire qui m’a fait perdre la vue. Grâce à cette formation et à mon expérience professionnelle de standardiste, j’ai appris à « manier » rapidement le braille. J’ai beaucoup de reconnaissance pour l’association car ma formation m’a donné une liberté et une indépendance et je suis heureuse de partager cette chance aujourd’hui.

Marie-Noëlle : Je me suis présentée au comité de Lyon en 2007, à ma retraite, dans l’idée de faire partager, comme bénévole, ma passion pour la lecture aux personnes aveugles. J’ai rencontré la responsable instructrice braille de l’époque qui m’a conseillé de le devenir moi-même afin de répondre aux besoins des bénéficiaires. J’ai donc utilisé les compétences acquises dans mon travail d’artisante du cuir pour les appliquer à l’apprentissage du braille dont les caractéristiques ont des ressemblances (travail pointilleux et laborieux avec un poinçon dans le cuir). En 6 mois j’avais acquis les bases de l’écriture et de la lecture braille. La pratique m’a fait progresser notamment dans la perspective de l’enseignement car j’ai dû adapter et expérimenter différentes techniques d’apprentissage. La transcription d’ouvrages (en dehors du comité de Lyon) a été aussi un moyen de me perfectionner.

 

À combien de personnes donnez-vous des cours de braille chaque année ? Quels sont les profils des bénéficiaires de ces cours ?

Nous donnons des cours de braille à une quinzaine de personnes par an sous forme de cours particulier d’une heure ou en groupe de 2 ou 3 personnes selon le niveau. Certaines continuent d’une année sur l’autre pour se perfectionner. La demande reste malgré tout peu importante par rapport au nombre considérable de personnes qui ont des troubles. Il y a quelques années, davantage  de personnes souhaitaient apprendre le braille, qui se perd aujourd’hui. Pourtant, le braille est indispensable pour la réinsertion sociale, professionnelle et pour le quotidien.

Les profils des personnes qui viennent apprendre le braille sont très variés. Nous recevons des personnes allant de 23 ans à 81 ans. Les causes de la déficience visuelle sont propres à chacune (maladies comme la rétinite pigmentaire, la Dégénérescence Maculaire Liée à l’âge ou d’autres maladies encore qui ont une incidence sur la vision…). La séance d’enseignement de braille est, en plus d’un cours d’apprentissage, une activité sur le plan cognitif et social. Cela permet de sortir de l’isolement, d’avoir une vie sociable, de rencontrer des gens, de lier des amitiés nouvelles.

Nous rencontrons des personnes dont les histoires personnelles sont souvent très lourdes et nécessitent une écoute au-delà des cours de braille. Pour beaucoup, devenir aveugle ou très malvoyante est une étape très difficile à vivre. Nous avons aussi des exemples de personnes qui viennent apprendre le braille par intérêt personnel, comme cette enseignante qui souhaitait se spécialiser afin d’enseigner aux personnes aveugles ou malvoyantes.

 

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Légendes :
Marie-Noëlle enseigne le braille à Gérard

Marie-Claire au téléphone

 

Quel est le temps nécessaire pour apprendre le braille ?

On peut estimer en moyenne, à raison d’une heure par semaine en cours particuliers et des exercices à la maison, environ 6 mois pour acquérir les bases du braille.

Néanmoins, c’est l’aspect psychologique de l’apprentissage du braille qui est très important. Plus qu’un cours, c’est un lieu d’échange et de partage. Pour beaucoup de bénéficiaires apprendre le braille symbolise le passage dans le monde des non-voyants et nombreux attendent avant de s’y mettre.  Cet aspect est déterminant car il a pour conséquence l’investissement des élèves dans l’apprentissage. Quand le handicap est « accepté » alors l’instruction devient possible.

Certains stades de l’apprentissage sont plus compliqués et demandent du temps. Nous devons alors aider les élèves à surmonter les difficultés, cela nécessite de la patience des deux côtés. Puis, vient un moment où le déclic se fait : les élèves sont fiers d’eux-mêmes, se surpassent et retrouvent confiance. En tant qu’instructrices, il est important de bien structurer le cours et d’aller au rythme des élèves. Cela demande une grande force, il faut accepter chaque cheminement. Certains veulent aller trop vite, il faut les canaliser car après ils se bloquent, il faut prendre le temps de bien tout assimiler.

 

Comment se déroule un cours de braille type ?

Les cours commencent souvent par des discussions qui sont indispensables avant de s’atteler au travail. En effet, il faut un temps d’échange pour faire un point sur le handicap et les difficultés psychologiques rencontrées au quotidien.

De par nos personnalités à toutes les deux et nos expériences personnelles, nous avons chacune des approches différentes mais complémentaires et les élèves peuvent ainsi choisir l’enseignement en fonction de ce qui leur ressemble le plus.
Communément, nous utilisons des manuels qui proposent des cours et des exercices à faire chez soi. L’idée est de travailler simultanément la lecture et l’écriture braille.

 

À quels besoins répond le braille pour les bénéficiaires ?

Le braille est un système d’écriture tactile qui permet aux personnes aveugles ou malvoyantes d’accéder à l’écriture et à la lecture. Il permet d’accéder à l’autonomie dans son lieu de vie et au travail. Il facilite la circulation (en ville, dans les bus, les ascenseurs…), il est employé pour décrire les objets du quotidien (électroménager, ustensiles de cuisine, adresses sur lettres…), il offre un accès à la culture...

 

Pouvez-vous nous dire un dernier mot sur votre expérience personnelle en tant que bénévole instructrice braille ?

Marie-Claire : devenue aveugle à la suite d’une rétinite pigmentaire, le braille m’a permis moi-même d’évoluer dans le handicap, sur le plan professionnel et dans mon lieu de vie. En tant qu’instructrice, je ressens l’importance d’avoir le même handicap et ainsi de partager mon expérience avec les bénéficiaires. Il s’installe alors une confiance assez rapidement. Je suis très heureuse de pouvoir partager mon savoir et mon expérience personnelle, cela m’apporte beaucoup de joie.

Marie -Noëlle : enseigner le braille est une très belle expérience relationnelle et garde une continuité avec mon ancien métier.  Je suis impressionnée par mes rencontres avec des personnes dotées d’une volonté extraordinaire. Au début, j’ai pu, parfois, avoir l’impression de ne pas être légitime car je ne suis pas aveugle ou malvoyante. Mais aujourd’hui, je vois que mon investissement permet à de nombreuses personnes de sortir de leur isolement et de retrouver leur autonomie et c’est très gratifiant.

 

Merci Marie-Claire et Marie-Noëlle de nous avoir accordé de votre temps pour nous parler de votre investissement au comité de Lyon et de nous avoir fait partager votre riche expérience d’instructrices braille.

Depuis sa création, en 1889, l’un des objectifs principaux de l’association Valentin Haüy est de promouvoir le système d'écriture braille. L’association, au travers de près de 120 comités régionaux et locaux et de plus de 3 000 bénévoles contribue ainsi largement à ouvrir les portes de la connaissance, de la culture et de la vie professionnelle aux personnes aveugles à travers l’offre de sa médiathèque, son imprimerie braille, ses publications en braille, ses cours de braille, ou encore la vente de matériels adaptés.

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29 septembre 2016

Informations Détails
Auteur Chabrol, Claude
Éditeur  
Année d'édition 2000
Cours de locomotion

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