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Pasquale Gallo (Source : compte Instagram de Pasquale Gallo)
Malvoyant, je suis né en Italie avec une maladie congénitale. Lorsque j’avais 1 an, mes parents ont décidé de s'installer en France pour mon suivi médical. J’ai commencé l’athlétisme au collège et j’ai rapidement décroché plusieurs titres nationaux et internationaux. En parallèle des compétitions, j’ai intégré à 18 ans l’école de kiné de l’association Valentin Haüy. J’étais en 2e année d’études lorsque j’ai décroché une médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008 sur le relais 4x100 m. J’ai obtenu mon diplôme d’état en 2010. L’athlétisme handisport ne me faisait pas vivre. J’ai donc décidé de délaisser progressivement le sport pour me consacrer davantage à mon métier. J’ai poursuivi mes études avec un master, de la recherche et des certifications qui m’ont permis de devenir à la fois professeur et kiné des équipes de France paralympiques. En plus de mon activité de kiné dans un centre de rééducation, j’ai commencé à partir de 2013 à suivre les équipes nationales de rugby fauteuil en tant que kiné. En 2014, j’ai intégré l’IFMK (Institut de formation en masso-kinésithérapie) du CFRP de l’association Valentin Haüy comme professeur. Je suis toujours enseignant - spécialisé en traumatologie - et aussi responsable pédagogique des dernières années. Je suis également référent des étudiants sportifs.
Le travail, beaucoup de méthode et de discipline. Je pense que n’aurais pas eu cette même exigence du travail si je n’avais pas mon handicap. Ma déficience visuelle m’a donné de nombreux défis à relever, comme celui de suivre une scolarité en inclusion.
Faire en sorte que leur double projet – réussir les études et la carrière sportive – soit un succès. Les études ne doivent pas pénaliser les entraînements et la carrière sportive, et inversement. J’essaie également de faire comprendre à la direction qu’on ne peut pas ambitionner de grandes choses sans faire de sacrifices.
J’ai accompagné Thibaut Rigaudeau, para-triathlète et diplômé en 2020. Aux Jeux de Tokyo, il a décroché la 4e place au triathlon. Pour lui, par exemple j’ai mis en place des cours de soutien pour récupérer le retard accumulé volontairement pendant les entraînements.
Actuellement, j’accompagne Lucile Razet, championne d’athlétisme handisport. Lucile a pour ambition de participer aux Jeux paralympiques 2024 de Paris. Elle est de loin la meilleure étudiante de sa classe. Elle fait tout pour réussir dans le sport et dans ses études, quitte à s’épuiser. Mon rôle va être lui faire comprendre qu’il va falloir apprendre à souffler, peut-être mettre un peu de côté ses exigences scolaires pour se permettre d’être encore plus performante dans le sport.
Il faut soutenir et encourager encore davantage nos étudiants déficients visuels. Ils sont des modèles de réussite pour leurs pairs. Ils ont un niveau d’excellence incroyable. Les gens ne mesurent pas suffisamment le niveau d’exigence qu’un sportif paralympique qui fait des études doit s’inculquer pour être à la fois bon dans ses études et dans le sport.
L’équipe pédagogique l’a constaté chez les étudiants déficients visuels en kinésithérapie : le sport amène un cadre propice à la réussite. Il permet aux étudiant de garder une exigence vis-à-vis d’eux même et une bonne méthode de travail. D’ailleurs, la majorité des étudiants en kinésithérapie déficients visuels, sportifs ou non, se sentent porteur d’une exigence pour pouvoir exercer la profession. Cette exigence, ce goût de l’excellence, je suis heureux de les transmettre.