Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées : l’association Valentin Haüy engagée

Depuis sa création, l’association Valentin Haüy se mobilise pour favoriser la formation et l’inclusion par le travail des personnes déficientes visuelles. À l’occasion de la SEEPH, découvrez les témoignages des travailleurs handicapés du centre Odette Wikowska.

 

Se former pour développer des compétences, accéder à l’emploi, se maintenir dans l’emploi ou encore se reconvertir ! Une évidence, une ambition, un défi pour certains, un désarroi, une peur, une difficulté majeure pour certaines personnes qui vivent avec un handicap !
Favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap est plus que jamais essentiel !

50 % des personnes handicapées sans emploi

Que savons-nous aujourd’hui des situations d’emploi des personnes déficientes visuelles ?
Pas ou peu de données existent sur le sujet du handicap visuel ainsi que sur l’apport des nouvelles technologies quant à l’employabilité des personnes déficientes visuelles.
Une personne sur deux, en situation de handicap visuel, serait sans emploi, mais ce chiffre circule sans être une source officielle.

C’est dans cet esprit que la Fondation Valentin Haüy a lancé dans le cadre de son incubateur Access’Lab, une enquête « Handicap visuel, usages et besoins en numérique » dont l’objectif est de soutenir les innovations numériques permettant de faire progresser l’employabilité des personnes déficientes visuelles et de produire et partager des données sur le handicap visuel, l’emploi et le numérique. Menée auprès de grandes entreprises, publiques et privées, et de personnes déficientes visuelles en poste ou en recherche d'emploi, l’enquête révèle plusieurs enseignements :  l'évolution de carrière des collaborateurs qui perdent la vue est impactée, la question du maintien dans l'emploi est jugée « la plus complexe à prendre en charge », et enfin l'alternance est préconisée par 100 % des collaborateurs et employeurs interrogés. « C'est la voie de l'intégration la plus vertueuse car elle permet de prendre la mesure du handicap ».

Pour faciliter l’insertion des personnes atteintes de handicap visuel sur le marché de l’emploi, il est essentiel aussi d’accélérer le développement de l’accessibilité numérique au sein des entreprises. L’accessibilité numérique est, depuis plusieurs années, un des principaux thèmes d’action de l’association Valentin Haüy pour créer une société numérique plus inclusive.

Faire bouger les lignes

L’association Valentin Haüy possède 16 établissements, répartis sur huit sites, dont les missions portent sur deux domaines : insertion et formation professionnelle d’une part, accompagnement social d’autre part, le tout au service des personnes aveugles ou malvoyantes.
Ces établissements, deux dans le secteur protégé et deux dans le secteur adapté, permettent à des personnes avec déficience visuelle et troubles associés d’exercer une activité professionnelle dans des conditions de travail aménagées et encadrées. Certains sont hébergés sur place, d’autres sont externes et viennent travailler par leurs propres moyens. L’activité des différents ateliers est répartie entre l’impression de documents en braille, la reprographie et le routage de documents, le conditionnement, le petit montage électrique et mécanique, l’aménagement des espaces verts.

La parole aux travailleurs handicapés de l’ÉSAT Odette Witkowska

Samuel, 47 ans, malvoyant de naissance et non voyant depuis 2014

« A la base j’avais fait un BEP bioservice qui m’a permis de faire plein de boulots différents en milieu ordinaire : j’ai travaillé dans la cuisine en milieu collectif, l’aide au jardinage bio, l’aide à domicile et l’entretien de locaux. Mais avec mes problèmes de vue de plus en plus importants, je peinais à suivre le rythme et surtout à retrouver du travail. Et finalement j’ai choisi de m’orienter vers le monde du travail protégé pour m’épanouir un peu plus. J’ai fait ma première demande à l’ÉSAT de Witkowska et j’ai tout de suite été accepté ! Actuellement je fais du conditionnement. J’aime beaucoup ça car c’est très varié, on prépare des médicaments, des livres et même des vêtements pour le nucléaire. Je me sens bien ici, l’ambiance est formidable. Le rythme est différent, on n’a pas la même cadence. On s’entraide beaucoup. Le travail pour moi c’est une détente, un bien-être et un salaire pour subvenir à mes besoins. »

Anne Breton, 38 ans, non voyante de naissance, depuis sept ans à Witkowska

« Pendant un an j’ai été bénévole au comité de Rennes puis secrétaire pendant deux ans et demi. Ensuite on m’a parlé de l’ÉSAT mais j’étais un peu sceptique et j’ai préféré chercher du travail sans succès pendant un an. Finalement c’est un article sur Odette Witkowska dans la revue Louis Braille qui m’a donné envie de découvrir ce que c’était. J’ai fait un stage découverte de deux semaines de mise sous pli et imprimerie braille puis une période d’essai pour trouver quel atelier me correspondait le mieux. L’imprimerie braille était ce qui me plaisait le plus et justement il y avait une place. Le travail permet de garder le moral, de toucher un peu à tout et d’apprendre de nouvelles choses. Par exemple, depuis juin je fais une formation en informatique. Le travail est vraiment intéressant, on imprime deux revues pour l’association Valentin Haüy et on travaille également avec une maison d’édition qui fait des ouvrages en relief et en braille pour les enfants déficients visuels. Je suis en plein apprentissage de beaucoup de choses, je vis seule dans un studio depuis quatre ans et depuis un an je suis capable de faire mes courses par moi-même, et j’espère dans le futur pouvoir cuisiner toute seule. Je ne veux pas rester chez moi à ne rien faire, j’ai connu le chômage pendant un an et ce n’était pas drôle, surtout à cause du manque de lien social. »

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Photo de Christèle et Stéphane en train de travailler dans l'atelier

Atteinte d’un glaucome congénital, Christèle travaille à l’Ésat Odette Witkowska de l’association Valentin Haüy depuis 21 ans. Stéphane, moniteur d’atelier en milieu protégé, accompagne Christèle et d’autre travailleurs handicapés dans leurs tâches au quotidien.  Ils nous racontent leurs parcours et leurs métiers.

 

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