Une chaîne de solidarité encore plus vibrante que d’ordinaire dans les comités

Appels téléphoniques réguliers, newsletter participative, échanges autour d’un livre, dépannage d’appareils adaptés, courses, les équipes de bénévoles et de salariés se sont mobilisés et se mobilisent encore pour maintenir un lien étroit avec leurs bénéficiaires. Alors que le déconfinement débute, retour à Grenoble et à Versailles, sur une vie qui a été bousculée comme partout en France pendant plus de 55 jours : découvrez quelques témoignages.

 

Chaque bénéficiaire vit une situation particulière

Photo de Jean, non-voyant avec sa canne blanche dans la nature Jean est non voyant de naissance, au comité de Grenoble tout le monde l’appelle « Jeannot ». Il est auteur-compositeur, c’est le batteur du groupe musical du Comité. Il n’a pas de mail. Ses journées s’écoulent en écoutant de la musique, des livres, il écrit aussi des chansons. Il vit le confinement difficilement « Ce qui me manque en cette période de confinement ? Les autres ! leur parler directement, même si j’apprécie les différents appels téléphoniques des bénévoles du comité et des autres bénéficiaires. J’attends aussi avec impatience le moment où je vais pouvoir me déplacer librement pour faire un tour en Tram, aller au restaurant et aller voir ma famille à Lyon », confie-t-il.

 

LucienneLucienne, qui elle non plus n’a pas de mail, vit, en revanche, la situation du confinement de manière plus sereine, « comme d’habitude » assure-t-elle. Il faut dire que Lucienne, dite « Lulu », a la chance d’avoir un 

grand appartement dans lequel elle vit seule. Les appels téléphoniques donnés et reçus très fréquemment compensent selon elle l’absence de contact physique. Elle adore entendre la lecture de la gazette quotidienne mise en place par les bénévoles du comité. 

"J’attends de pouvoir faire une longue ballade dans la campagne avec les bénévoles du comité mais pour l’instant je compense ce manque d’exercice par des montées d’escaliers régulières et des balades de balcons au soleil ». Chaque bénéficiaire vit une situation particulière."

 

Mireille Ranquet, Vice-présidente du comité, souligne l’importance de connaître la situation de tous les bénéficiaires afin de pouvoir subvenir au mieux à leurs éventuels besoins.

Communiquer les informations importantes…

Photo de François Brun François Brun, Président du comité de Grenoble, précise que « du fait de son handicap, le déficient visuel est naturellement plus « confiné » ou plus « isolé ». La moindre sortie est alors pour lui un acte très important et très souvent « joyeux ». Lui supprimer cette sortie est évidement difficile à vivre. C’est pourquoi dès les premiers jours il a été évident que communiquer les informations importantes était primordial pour tous nos bénéficiaires. Cela a été la priorité de nos deux salariés, secrétaire et instructrice en locomotion, qui se sont retrouvées en télétravail au début du confinement ».

 

Découvrez la vidéo Témoignage de l’instructrice de locomotion, Brigitte Bruas:

… tout en continuant à maintenir un lien

Puis, assez rapidement l’idée d’une gazette participative a émergé, avec différentes rubriques comme : Infos Officielles sur la crise et comment se protéger, Lectures et jeux de mots (certains de bénéficiaires sont des auteurs reconnus !), Histoire (la Grande et les petites), Musique, Cuisine, Humour (la plus lue !) et Enigmes. En dehors des informations officielles, les autres rubriques sont enrichies par les bénéficiaires et les bénévoles.

« Si environ les deux-tiers de bénévoles la lisent sur leur téléphone ou leur ordinateur, elle est relayée par une formidable chaine de solidarité entre les « connectés » et les « non-connectés. L’importance du lien social, comme celui que crée notre association, est primordial. Mais notre gazette quotidienne, par la qualité et la quantité des participants, nous montre que ce lien est beaucoup plus important qu’on ne l’imaginait », poursuit François Brun.

Un appel peut changer le cours de la journée d’une personne

Photo de Chrystelle Legendre, secrétaire au comité de GrenobleUn constat partagé par Chrystèle Legendre secrétaire au comité de Grenoble : « Il y a à la fois un grand isolement chez les personnes mal voyantes et non-voyantes et en même temps une grande solidarité naturelle entre eux. L’association Valentin Haüy est un véritable support pour les bénéficiaires et a un rôle fondamental. Je réalise qu’un simple geste, un appel, peut changer le cours de la journée, de la semaine d’une personne ; c’est aussi simple que ça ».

 

Photo d'illustration de masquesLe comité de Grenoble bénéficie aussi de deux « fées des masques » : Brigitte Lefrère qui les fabrique à la chaîne et les proposent avec toutes sortes de motifs pour satisfaire les différentes envies et Ghislaine Jouanneau qui trouve le temps de les réaliser entre deux livraisons de courses.

Découvrez le témoignage audio de la bénévole Gislaine Jouanneau: Audio icongislaine_jouanneau.m4a

 

Réinventer sa façon de travailler

Au Comité des Yvelines aussi, l’heure est aussi plus que jamais à la mobilisation. A l’image de Laure, assistante au Comité des Yvelines, en télétravail depuis le début du confinement : « Je continue d’assurer les tâches administratives comme le suivi des dossiers relatifs à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Je suis en contact régulier avec Bernard de Gonneville, le président du Comité des Yvelines, qui coordonne toutes nos actions. J’ai la chance d’habiter tout près du Comité, donc quand l’activité le demande, je peux me déplacer avec mon attestation dérogatoire. Nous continuons à dépanner les personnes qui ont des problèmes de téléphone, de lecteurs Victor (appareil de lecture adaptée). Nous livrons aussi des livres audios pour les personnes qui sont très seules. Notre principale activité consiste en ce moment à maintenir le lien, Nous avons très vite identifié les bénéficiaires qui n’avaient pas de mail pour pouvoir les joindre par téléphone afin de répondre à leurs besoins éventuels ».

Découvrez le témoignage vidéo de Laure, assistante administrative au comité de Yvelines:

« Je ne vois plus personne, les journées sont un peu monotones »

Lorsque les bénéficiaires appellent, c’est Catherine, bénévole et malvoyante, qui leur répond et coordonne les demandes. Au comité des Yvelines, Catherine est plus particulièrement en charge de l’informatique mais depuis le confinement elle a dû s’organiser pour ne pas sortir de chez elle.

Découvrez le témoignage vidéo de Catherine: 

« Maintenant que le déconfinement est annoncé cela va mieux »

Erica est bénéficiaire de l’antenne de Saint Quentin en Yvelines. Elle est appelée chaque semaine par Sylviane, la responsable de l’antenne. Elle participe aux activités mises en place par le comité comme notamment le partage par mail autour d’un livre. Dernier en date « Lune Noire » de Steinbeck.

Découvrez le témoignage vidéo d'Erica :

 

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