Nous sommes en 1791, au lendemain de la Révolution. Jean-Baptiste Drouet venait d’hériter d’un relais de poste à Ste-Ménehould dans la Marne. 

Le 21 juin exactement, un équipage composé d‘une berline à 6 chevaux avec le Roi Louis XVI, la Reine Marie-Antoinette, les enfants royaux et leur gouvernante, Madame Elisabeth, sœur du Roi, ainsi qu’une seconde berline tirée par 3 chevaux avec du personnel de service, et 3 cavaliers quittent les Tuileries. 

Une fuite royale

Louis XVI et les siens prennent la direction du nord-est pour rejoindre des troupes fidèles du Marquis de Bouillé renforcées par une troupe autrichienne et passer en territoire autrichien (Belgique actuelle).

N’oublions pas que Marie-Antoinette est une princesse autrichienne, fille de François 1er et Marie-Thérèse d’Autriche. Louis XVI et ses équipages fuient Paris pour rejoindre Monmédy dans la Meuse.

L'expédition est envisagée et prévue depuis plusieurs mois, mais malgré l'organisation minutieuse de l'évasion, le carrosse accumule les retards, manquant les cavaliers qui devaient la protéger et qui, croyant à un contre-ordre, s'étaient dispersés pour ne pas donner l'alarme.

 La découverte de la fuite du roi est connue vers une heure du matin. L'alerte est donnée par La Fayette. Tout est mis en place pour retrouver le roi. C'est une course contre la montre pour les fugitifs. 

La famille royale est repérée progressivement, et la route qu'emprunte leur voiture est bientôt connue. Le carrosse royal est finalement stoppé à Varennes-en Argonne le 21 juin 1791 au soir. 

Le roi est démasqué à partir de son visage reconnu sur un assignat (billet de banque, sur ce papier figure le portrait de profil du roi) par un ancien valet du château de Versailles lançant un «bonjour Sire» dans un silence assourdissant dans la salle du relais.

Le maître de poste Drouet fera plus tard un récit détaillé de son exploit à Varennes. La suite de sa vie est assez mouvementée.

Homme politique

Député à la Constituante, Commissaire aux Armées, il se laisse griser par sa phénoménale notoriété, enjolive à loisir ses exploits, quitte peu à peu les rives modérées pour rejoindre les Ultras de la Montagne. Devenu député de la Marne, il aura une dernière occasion de voir Louis XVI, le 17 janvier 1793… en votant sa mort. 

Il récoltera 8 ans de prison, sera même condamné à mort, il devint aussi marin dans la Marine Nationale pour un voyage dans les îles.

Il reçut 30 000 écus pour ses «exploits». Après l'épisode de Varennes, il devient une célébrité du jour au lendemain.

 Le reste de sa vie est un torrent aussi tumultueux que la Révolution qui l'a rendu célèbre du jour au lendemain. En 1800, nommé sous-préfet de Ste-Menehould par l'Empereur, il reçoit la Légion d'honneur le 7 août 1807. En l'épinglant à sa poitrine, Napoléon lui glisse : « Monsieur Drouet, vous avez changé la face du monde ».

Il restera un régicide, recherché lui aussi par la police royale de Louis XVIII.

Sa fuite passe par Briançon dans les Hautes-Alpes pour se terminer à Mâcon en avril 1817.

Une fin de vie à Mâcon

Il s’installe Rue Municipale devenue rue Carnot après l’assassinat du Président de la République Sadi Carnot. Il vécut là avec sa compagne alsacienne qui déclara son décès de mort naturelle le 11 avril 1824, à 61 ans. Du fait de son accent germanique, l’agent de l’État Civil nota «Troué». Il fut enterré au cimetière St-Brice. Sa tombe a disparu vraisemblablement dans les années 1970, à l’occasion de reprises de concessions tombées en déshérence.

Et c’est ainsi que l’on fêta le bicentenaire de son décès le 11 avril 2024 !
Merci Gilbert pour votre récit.

Monique Mathy

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