Commençons par le bas de la rue des Epinoches. Les fouilles ont démarré le 15 avril jusqu’au 9 août 2024. Un chantier recouvrant 800 m² sur 1 à 2m. d’épaisseur.

Un peu d’histoire. En 52 avant J.-C. a lieu La bataille d’Alesia et la Gaule devient romaine. Bibracte. Lugdunum (Lyon) en sera la capitale. Mais en 44 avant J.-C., César est assassiné. Octavius, devenu Auguste devient empereur. 

En 31 avant notre ère, la Gaule est dirigée par un triumvirat : Octave Lépide et Marc Antoine.

Daniel Barthélémy fait circuler une pièce de monnaie, un denier d'argent de Marc-Antoine trouvé en 2000, Place des Carmélites. Cette pièce figure d'un côté un aigle romain et  de l'autre une galère de guerre.

En 31 avant J.-C., la bataille navale d’Actium voit la victoire d’Octave sur Marc Antoine et la célèbre Cléopâtre. Désormais Octave s'adjuge le pouvoir suprême sur le monde romain. Un général, ami proche d’Auguste, Agrippa, se voit confier le développement de la Gaule.

La « romanisation » de la Gaule commence, avec des espaces dédiés. On assiste à un énorme effort de construction de routes. A Mâcon, passe la voie venant de Lyon, en direction du Nord.

D’un oppidum gaulois établi sur le plateau de la baille, Mâcon se développe comme une ville romaine. Dans les couches les plus anciennes de la fouille de la rue des Épinoches, on a retrouvé des monnaies dont on suppose qu'elles ont pu servir à payer la solde de légionnaires romains attestant peut-être de la présence de ces militaires à Matisco, employés alors à la construction de la nouvelle cité.

Les échanges économiques se développent, en commençant par le vin que les gaulois appréciaient beaucoup mais qu'il ne savaient pas encore produire.

De grandes quantités d’amphores ont été retrouvées, pouvant contenir 26 litres de vin et pesant environ 50 kg. Plus tard, l’amphore sera concurrencée par le tonneau.

Une amphore circule. En effet, elle est lourde dans les mains des auditeurs.

 

La ville et son architecture gallo-romaine

Le plus vieux mur découvert est en pierre maçonnée (mortier à la chaux).

Une énorme couche de sable a été mise à jour, posée sur des couches plus anciennes.

Là intervient le géomorphologue qui étudie comment les couches se sont mises en place.

L’observation géologique conclut à un apport brutal de sable, dû à un phénomène climatique intense de pluies.

De la vaisselle venait d’Italie et de Lugdunum (Lyon) capitale des Gaules. Mâcon profite de cette proximité.

A Lyon, on fabrique de la vaisselle de teinte brique, sigillée, terra sigillata c’est-à-dire décorée de sceaux  et du nom du potier.On retrouve cette vaisselle de table de couleur rouge avec des assiettes, des coupes, etc..

On voit un premier développement de la ville avec la création d’une zone artisanale et des maisons datant du règne d’Auguste. Elle sera suivie d’agrandissements dans la pente et là, on a des phases de constructions avec de nouveaux espaces d’habitats.

Les maisons révèlent un certain standing comme pouvant appartenir à des artisans et des commerçants.

Dans les remblais de démolition constitués de restes de murs en terre, on trouve des plaques conservées de peintures murales. Si la plupart de ces plaques révèlent des décors constitués de panneaux et de bandes de couleurs, 3 d'entre elles ont livré des décors figurés, en particulier un cavalier et un gladiateur.

L’occupation du site durera jusqu’au 5e siècle de notre ère.

La compréhension de l'organisation des bâtiments mis au jour est rendu complexe par le fait que le site a servi de carrière de pierres et dès lors on ne retrouve de ces murs qu'un fantôme, c'est-à-dire une tranchée de récupération.

Au IVe siècle, après les invasions germaniques des années 250-270, la ville se réfugie derrière une muraille. Celle-ci englobe une surface d'environ 7 hectares, entre le Plateau de la Baille et la rue Franche.

L'intérêt du site de la rue des Épinoches est que depuis la fin de l'Antiquité il n'avait pas connu d'aménagement important ; ainsi ont été conservées les traces d'occupation de ce quartier de Matisco en bordure du ruisseau des Rigolettes.

Des céramiques, des monnaies, des petits objets métalliques, 

Une amphorisque, petit vase en forme d'amphore utilisé pour contenir des produits pharmaceutiques de l'époque, des ossements d’animaux ont rempli une centaine de caisses. 

Un petit candélabre, un vase du 2e siècle de notre ère ont été trouvés dans un caniveau évacuant les eaux de pluie en direction du ruisseau des Rigolettes.

Ces découvertes font actuellement l’objet d’études par des spécialistes.

Les fouilles de la rue des Épinoches ont mobilisé 5 à 6 personnes.

 

Place Gardon

Un vestige du passé de Mâcon est ressorti de terre lors d’un chantier de démolition Place Gardon. Alors que les pelleteuses réduisent d’anciens immeubles en poussière à l’angle du rond-point de la Place Gardon, un vestige est apparu.

Un pont caché sous la chaussée depuis 1906. Pas de doute. Le pont est authentifié comme étant « le Pont des Juifs ». Il porte ce nom car il se trouve dans l’ancien quartier juif de Mâcon, assez méconnu. Un pont sur lequel la voie romaine d’Agrippa traversait le ruisseau des Rigolettes, ruisseau canalisé plus tard. Celui-ci passait sous le pont et la rue de Paris ; ses eaux se dirigeaient ensuite vers la Saône.

Au Moyen Age, une communauté juive vivait à Mâcon dans le quartier St-Antoine. Ils ont été chassés de la ville à partir du XIVe siècle. 

Au XIXe siècle, la ville s’étend en remblayant ce secteur. Un passage d’eau a été conservé.

Il n’y aura pas de diagnostic archéologique autour du Pont des Juifs. Cela est sans doute fort dommage. Ce travail aurait permis de mieux connaître une minorité meurtrie et trop souvent oubliée de notre histoire locale : la population juive médiévale.

 

La Manufacture Royale de Faïence

Toujours dans ce secteur, la construction d’une future résidence a révélé d’autres vestiges.

Des déchets industriels de l’ancienne faïencerie François Rey, Aujourd’hui, elle abrite la Banque de France, rue du 28-Juin.

Plusieurs centaines d’échantillons appelés  «tessonnières» ont été collectées par les archéologues du G.A.M. (Groupement Archéologique Mâconnais).

Ces tessonnières sont des « ratés de cuisson » jetés dans l’environnement de la faïencerie.

On trouve des fragments de poêles en faïence, de la vaisselle blanche et peinte, des « bols à oreilles », des moutardiers.

Dans les secteurs sensibles du point de vue archéologique, les projets d'aménagement sont visés par le Service Régional de l'Archéologie (service de la direction régionale des affaires culturelles).

Le S.R.A peut alors prescrire un diagnostic sur le terrain concerné afin d'en établir la sensibilité archéologique. Si le diagnostic s'avère positif, une fouille peut alors être prescrite. 

Si les diagnostics sont financés par une taxe appelée Redevance d'Archéologie Préventive (R.A.P) perçue sur tous les aménagements du territoire national, le coût des fouilles incombe à l'aménageur. Ce dernier, en cas d'opérations d'archéologie préventive, reçoit un cahier des charges scientifiques validées par la Commission Technique Régionale d'Archéologie. Charge à lui de trouver un opérateur d'archéologie préventive pour réaliser la fouille, opérateurs publics (comme l'INRAP) ou privé.

 

De nouveaux outils pour fouiller

La photogrammétrie en utilisant des drones. Son principe repose sur l'acquisition de multiples images d'un même objet ou zone sous différents angles, permettant ainsi de recréer un modèle. 

Le S.I.G. SIG signifie Système d’Information Géographique.
Il fait référence au traitement des informations liées à l'espace et au temps (spatio-temporelles) sur terre. 

Les systèmes radars permettant l’envoi d’ondes dans le sol, à plusieurs mètres de profondeur afin d'établir des relevés permettant de déceler la présence de structures archéologiques..

 

Une présentation passionnante sur l’histoire de notre ville. Un grand merci à Daniel Barthélémy.

 

Monique Mathy

Présidente du Comité A.V.H. Mâcon

 

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