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L’IMPro de Chilly Mazarin propose ainsi un accompagnement et un suivi complets des adolescents déficients visuels, totalement adaptés à leurs âges, leurs besoins et nécessité d’évolution. Les jeunes sont ainsi accompagnés dans leur quotidien, leur handicap et le lien avec la famille est assuré.

Le travail éducatif de l'internat

Principes théoriques et méthodologiques

Le sens de l'internat

Nous avons déjà évoqué dans cet écrit la spécificité de l’adolescence et les enjeux de cette période particulière de la vie, dans l’évolution du jeune vers une vie la plus autonome possible. La déficience visuelle du jeune imprime sur ce « passage » une marque particulière, tant au niveau du vécu du jeune que dans le lien aux parents et dans l’appréhension de l’autonomie.

C’est dans ce contexte que la question de l’internat prend toute sa place pour l’adolescent déficient visuel.

La réorganisation du fonctionnement psychique permet à l’adolescent d’investir d’autres liens que les liens intra-familiaux, et le groupe de pairs prend une place particulièrement importante à cet âge dans la maturation et le cheminement de l’adolescent pour s’approprier peu à peu quelque chose de sa future vie d’adulte.

Le jeune déficient visuel pourra ainsi, dans un groupe de pairs, être sollicité dans l’apprentissage des actes de la vie quotidienne, travailler et expérimenter son autonomie, et s’approprier, dans un espace personnel, les différentes techniques palliatives dont il aura besoin dans sa vie d’adulte. L’internat permet que ce travail éducatif se fasse en respectant le lien de parentalité. Cette appropriation de l’autonomie quotidienne, de l’espace et des déplacements n’est que l’aboutissement d’étapes successives qui n’ont pas pu se mettre en place simplement pour l’enfant déficient visuel qui a nécessité une attention et une protection spécifiques de la part de sa famille. L’adolescent déficient visuel confronte ses parents à une prise de risques plus inquiétante : peut-il accomplir seul les actes de la vie quotidienne ? Comment lui transmettre des gestes simples ou plus complexes que les autres jeunes apprennent par l’observation visuelle de leurs aînés ou de leur pairs ? Peut-il se déplacer seul ? Jusqu’où ? Pour quoi faire ? Saura-t-il se protéger ?

L’intégration en internat permet à l’adolescent déficient visuel de trouver une place dans un groupe de pairs avec lesquels il peut mettre en commun des expériences d’autonomie, accompagné par des professionnels compétents dans l’apprentissage des techniques palliatives. Les parents et leur jeune, soutenus par les professionnels de l’autonomie (AVJistes, instructeurs de locomotion…) peuvent ainsi se positionner dans un respect réciproque de l’autonomie physique et psychique de chacun.

Enfin, il est important de prendre en considération que la prise en charge de jeunes adolescents déficients visuels nécessite l’intervention de professionnels très spécialisés dans l’apprentissage de techniques palliatives tout à fait spécifiques. Cette spécificité entraîne le regroupement des compétences dans des établissements spécialisés qui sont souvent trop éloignés du domicile parental pour permettre une intégration en semi internat. La multiplication et la durée des temps de trajets ne pourraient qu’entraîner chez ces adolescents une fatigue entravant les processus d’apprentissage ; l’intégration et l’utilisation des techniques palliatives par la personne déficiente visuelle nécessitent une disponibilité physique et psychique qui n’est pas compatibles avec un état de fatigue.

Le travail éducatif : accompagnement et suivi individualisé

Le travail éducatif est assuré par les éducateurs spécialisés et les moniteurs éducateurs.

Il a pour objectif de permettre à l’adolescent de s’unifier autour de l’élaboration progressive d’un projet personnalisé.

Il s’articule autour de 3 axes :

  • la construction de l’individualité
  • l’autonomie
  • la socialisation

Le développement de l’aptitude des jeunes à élaborer un projet personnalisé appelle des orientations d’actions éducatives prenant en compte la déficience visuelle et le handicap associé visant à favoriser l’autonomie et la vie sociale.

Ce travail consiste au quotidien à

  • Accompagner le jeune dans l’élaboration de son projet. L’auteur du projet est le jeune lui-même. L’Educateur l’aide à le formuler progressivement, à en fixer les étapes et à se donner des objectifs à atteindre.
  • Contribuer à l’évolution personnelle de chaque jeune dans la construction de son autonomie quotidienne, de sa sexualité, de la prise en charge de ses loisirs, de son ouverture au monde, de sa vie de citoyen.
  • Assurer une relation régulière avec les familles afin d’établir un lien et de respecter une cohérence autour du jeune.
  • Aider le jeune à parler de sa vie d’adolescent et de son handicap, échanger autour de ses ressentis, ses questions et ses préoccupations.
  • Aider à compenser la déficience visuelle et le handicap associé dans les actes quotidiens. L’Éducateur cherche à apporter à chaque jeune une aide adaptée à ses difficultés et encourage leur demande dans les actes de la vie quotidienne.
  • Favoriser l’ouverture vers l’extérieur par la participation à la vie locale, l’utilisation des moyens de se déplacer, de se détendre, de se cultiver, de communiquer.
  • Proposer des activités éducatives en fonction de leurs besoins et de leurs souhaits. Elles visent à faire émerger des désirs et à favoriser la curiosité et l’envie de découvrir.

Le cadre de vie et son fonctionnement 

Le lieu de la relation éducative est le quotidien de la vie des adolescents.

L’Internat est constitué de 3 groupes et 4 appartements. Le passage aux appartements se fait à partir de 18 ans. Le fonctionnement de l’Internat s’inscrit dans l’idée d’un cheminement et d’une progression jusqu’à la sortie.

A leur arrivée, les jeunes sont accueillis sur le groupe des plus jeunes (Groupe 3). Ils cheminent progressivement vers les appartements en passant par les Groupes 1 ou 2.

Les apprentissages visent, dans un premier temps, la gestion du lever et du coucher, de l’hygiène, la gestion de sa chambre et de son linge.

La progression vers les appartements conduit les jeunes, dans un deuxième temps, à développer leur autonomie autour de la gestion des repas, des petits déjeuners et de l’entretien des espaces collectifs. Ils s’inscrivent alors dans un moment de « vie quotidienne », encadré par des éducateurs, le mercredi matin, permettant de coordonner leurs interventions concernant la prise en charge des appartements.

L’infrastructure permet à chaque jeune d’avoir sa chambre, renforçant ainsi leur individualité et rendant possible la mixité sur l’ensemble de l’Internat. Le choix de la mixité s’est fait dans le but de permettre aux jeunes de vivre dans une réalité sociale dans laquelle se jouent les relations entre filles et garçons. Ce cadre nous donne la possibilité d’observer la manière dont chaque jeune se situe et trouve sa place. Il offre un espace plus large aux questionnements relatifs à la sexualité et nous permet de travailler plus facilement sur des notions telles que l’intimité et l’appropriation de son corps, la pudeur, le respect de chacun, savoir se situer en tant qu’être sexué, s’approprier un comportement social et des limites.

Il est important de poser un cadre dans lequel des adolescents peuvent se confronter à la Loi, aux règles, et en particulier celles qui régissent la vie dans l’Établissement. L’Éducateur se fait garant du règlement et porteur du fonctionnement de l’Internat.

La progression dans l'autonomie

L'accompagnement éducatif vise à favoriser l’autonomie, la prise de responsabilités et d’initiatives des jeunes dans la vie quotidienne. Il s’inscrit à la fois dans un souci de progression, de respect du rythme et des difficultés de chacun.

Le travail éducatif sur les groupes se fait en lien avec le projet des appartements.

A leur arrivée, les jeunes sont accueillis sur les groupes et sont sollicités à se prendre progressivement en charge par rapport à leur hygiène et l’entretien de leur chambre. Ils ont la possibilité d’entretenir seul leur linge, de participer à l’élaboration de repas en petit groupe. Ils se partagent les services des repas du soir au réfectoire (mettre la table, servir les plats, débarrasser et nettoyer). Cet apprentissage leur permet de s’adapter plus facilement au fonctionnement des appartements où les jeunes prennent en charge individuellement et collectivement un certain nombre de tâches comme l’entretien des lieux, la gestion d’un budget, leurs courses, leurs repas du soir.

L’accompagnement éducatif dans la vie quotidienne se fait en lien avec l’AVJ, de manière à ce que les jeunes puissent mettre en pratique les techniques acquises.

La gestion des temps libre et des loisirs

La vie à l’Internat prend en compte des temps libres. Le travail éducatif vise à stimuler les demandes des jeunes et à favoriser l’émergence de désirs concernant les loisirs. Nous cherchons à établir un équilibre et une interaction entre leurs demandes et nos propositions afin qu’ils puissent découvrir de nouvelles activités sans être systématiquement dans l’attente de ce que nous mettons en place.

Des réunions mensuelles ont lieu avec l’ensemble des jeunes pour recueillir les demandes, les requêtes et transmettre des informations. Les temps des mercredis après-midi sont des moments où les jeunes ont la possibilité de s’inscrire dans des activités régulières ou des sorties ponctuelles proposées par l’équipe éducative. Nous les incitons à prendre en charge l’organisation des sorties qu’ils souhaitent réaliser.

Les temps de soirée sont principalement axés vers l’accompagnement et la gestion du quotidien (courses, repas, service, hygiène, …).

Un travail en partenariat avec les associations de la Ville a été mis en place dans l’objectif de favoriser au maximum la socialisation et l’intégration. Chaque année, nous encourageons les jeunes à utiliser les structures locales, à s’inscrire dans différents ateliers de la MJC, Maison des Ados et à utiliser les services de la Médiathèque.

Activités physiques adaptées et culturelles

Les activités physiques adaptées

Animées par une Éducatrice Spécialisée

La pratique sportive constitue, pour les jeunes de l’IMPro, une étape privilégiée de redécouverte.

Les APA

  • Permettent une prise de conscience de l’importance du corps dans une quête de revalorisation et de confiance en soi ;
  • Constituent un moyen d’apprentissage des règles, de montrer où se situe le permis et l’interdit ;
  • Font prendre conscience des ressources qu’il peut tirer de lui-même pour développer son potentiel propre, ses capacités d’initiatives ;
  • Permettent de développer ses relations aux autres, à construire son schéma corporel ;
  • Permettent de trouver des références, de se trouver, de s’opposer, de s’affirmer, de se construire.

Les pratiques sportives : 

  • Cecifoot
  • Escalade
  • Marche
  • Natation
  • Danse
  • Handball
  • Torball / Goalball
  • Athlétisme
  • Judo 
  • Equitation adaptée
  • Gymnastique adaptée
  • Karaté
  • Vélo tandem
  • Tennis de table
  • Musculation

L’enseignement des APA est dispensé sur trois niveaux

  • Les APA à visée pédagogique, inscrites sur l’emploi du temps du jeune à raison de 1 h 30 hebdomadaire : Torball, Equitation, Musculation, Danse, Natation, Judo ;
  • Les APA à visée éducative, inscrites sur un temps de loisirs : Tandem, VTT, Rollers, Football, Basket, Course, Salsa…
  • Les APA à visée intégrative, avec pour mission première l’intégration par l’immersion en club extérieur : Judo, Handball, Athlétisme, Natation, Equitation.

Quelle que soit la forme, la pratique sportive est un moyen privilégié de communication et d’apprentissage de la vie sociale. Elle constitue un excellent révélateur d’accès à l’autonomie. C’est un espace éducatif et d’épanouissement. Elle est au cœur du processus de pérennisation du développement multi-partenarial de l’Institut. Ces pratiques en intra et hors des murs ont une visée intégrative et favorisent les rencontres d’athlètes de haut niveau et de professionnels du secteur.

L'atelier artistique

Animé par une éducatrice spécialisée

Cet espace est un atelier de découverte et de créativité.

Les jeunes découvrent des matériaux (peinture, terre, pastels…), des outils (pinceaux, ciseaux, rouleaux…) et font des expériences (mélange de couleurs, pâte à sel, collages…).

Le travail part d’une proposition, d’une base commune avec quelques consignes à suivre, puis l’imagination de chacun se met en route, ou non !…

L’éducatrice est là pour accompagner, guider, aider à mettre en forme les idées et à oser développer la créativité.

Ses propositions sont une palette afin que chaque jeune puisse trouver sa propre liberté d’expression. Un temps est pris pour discuter des œuvres des uns et des autres sans porter de jugements, mais en donnant son avis, en posant des questions, on crée du lien.

Après chaque début de projet, chacun réfléchit à ce qu’il aimerait réaliser, avec quels matériaux, c’est le début du travail de création. Puis dans un travail plus personnel avec chacun, l’éducatrice les invite à donner un titre à leur oeuvre et, s’ils le souhaitent, à mettre en mots ce qu’ils ont voulu donner à voir.

Au cours de cet atelier, nous favorisons l’échange d’informations et de savoirs en partant de leurs connaissances, par exemple qu’est-ce qu’un masque, un portrait, un autoportrait, qu’est-ce que l’art ?… Des sorties (musées, expositions, évènements artistiques…) sont régulièrement organisées afin de découvrir des œuvres, de susciter la curiosité et de trouver une source d’inspiration.

Les réalisations terminées sont mises en valeur (cadre, support…), puis exposées dans l’établissement pour les autres jeunes, le personnel et les familles.

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